Lot n° 104

Paul ÉLUARD. 1895-1952. Écrivain poète. 4 L.A.S. à René Gaffe. Paris, 20 décembre 1930– 6 octobre 1932.

Estimation : 12000 / 15000
Description
8 pages in-4 ou in-8.

Éluard, collectionneur d’art tribal, de tableaux et de livres surréalistes, fait appel à son mécène et intervient également en faveur d’André Breton, réellement désespéré. En raison de ses difficultés financières et de ses problèmes de santé, Eluard propose de céder à Gaffé certaines pièces de sa collection. Il lui transmet tout d’abord l’origine d’un crâne Pahouin et d’une tête du Cameroun puis lui propose un choix de livres : La vente seule de Littérature ne m’arrangerait pas et voici ce que je peux vous proposer :

Soit la Révolution la nuit de Max Ernst et Littérature pour 20.000 frs français. Soit La tête au nez quart de brie de Picasso et Littérature pour 15.000 frs francs. Puis il est question d’une œuvre de Picasso :

Vous avez vu le Picasso chez moi à votre dernier passage et m’en avez déjà demandé le prix. Il a 27 cms sur 35 cms. Il est d’une série très rare et très belle. Je n’en ai pas de photo. Vous pouvez me donner 10 000 frs maintenant et 5 000 en janvier. Pour les livres, je crois vraiment qu’il faudra que nous choisissions ensemble quand vous viendrez à Paris. Il m’est très pénible de vous les offrir au petit bonheur. C’est un acte négatif auquel j’ai beaucoup de mal à me résoudre et qu’il faut remplacer par l’acte positif de votre choix. A l’automne 1932, il est très inquiet pour son ami André qui se trouve dans une situation épouvantable : Trop de dettes, aucune ressource en perspective lui font comprendre qu’il ne réalisera jamais ce qui, dans la société où nous vivons, ne saurait, pour nous, être conciliable avec l’absence de dignité. La nécessité dans laquelle il se trouve lui a paru empêcher complètement l’extériorisation de ses sentiments, de ses désirs. Il est d’ailleurs facile de se persuader que tout ce qu’il y a de plus pur au monde est combattu – et vaincu – par la réalité la plus impure : le manque des moyens les plus élémentaires de vivre, le manque d’argent, et de s’enfoncer dans un fatalisme mortel.

Éluard doute du bienfondé de la proposition de Gaffé pour participer au « sauvetage » de Breton : Je crois que ce qui s’est avéré possible pour des littérateurs comme Fargue ou Valéry ne saurait l’être pour André, qui a toujours repoussé avec horreur l’idée de faire servir ce qu’il aime, ce qu’il défend, ce qu’il crée à une "carrière", quelle qu’elle soit. Lui et moi, nous avons donc cherché, parmi ses objets les plus précieux, ceux qui nous paraissent le plus susceptible de vous intéresser. Permettez-moi de vous en proposer ce choix (…).

Eluard fait lui dresse alors une liste détaillée avec Chirico, un manuscrit d’Apollinaire comportant de nombreux passages entièrement inédits, Lautréamont avec l’exemplaire original des Chants de Maldoror (…) en parfait état, un manuscrit d’Aragon avec deux photographies de Man Ray, de divers poèmes inédits qu’Eluard énumère. Il poursuit :

Au cas où vous ne seriez pas disposé à acquérir le tableau, il pourrait être remplacé dans cet ensemble par les deux pièces suivantes : Jacques Vaché : Manuscrit des Lettres de guerre, comprenant la totalité des lettres publiées avec leurs enveloppes.

Ces lettres sont pour la plupart illustrées de dessins inédits. On a relié à la suite le manuscrit du Sanglant Symbole, nouvelle. Photographies de l’auteur.

Reliure plein parchemin mordoré (Gonon).Et Maintenant, les 5 n° parus, photo de l’auteur. Reliure de Bonet (…).
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