Lot n° 84

Gustave FLAUBERT. 1821-1880. Écrivain. L.A.S. à Ernest FEYDEAU. Paris 8 août (1871). 2 pp. 1/2 in-8 sur papier bleu (petite déchirure restaurée et pli central renforcé par un onglet). ►Très intéressante lettre à son "cher vieux",...

Estimation : 4 000 / 4 500 €
Adjudication : Invendu
Description
écrite quelques jours après les élections municipales de Paris, évoquant le climat politique de la capitale après la guerre et la Commune, donnant des nouvelles du petit monde littéraire et de son travail sur La tentation de Saint Antoine. (…)

Que te dire ? La Bêtise française continue son petit bonhomme de chemin, les bons bourgeois ne vont plus voter et semblent par leur conduite vouloir faire revenir le gouvernement paternel de la Commune. Quant à une conspiration militaire, les uns affirment qu’elle est imminente, les autres en nient la possibilité. Pour moi, je n’y crois pas. On est, pour le moment, las de l’action. Mais j’ai peur, que dans 3 ou 4 ans un parti patriote ne pousse la France à une vengeance trop prompte. Alors MM. les Allemands nous prendront la Bourgogne et feront un petit royaume d’Austrasie ? Quant à la littérature, mon bon, Magnard et Gustave Lafargue fleurissent derechef et on monte une féerie de M. Clairville. On a renversé la colonne et brûlé Paris, mais Villemessant [directeur du Figaro] est indestructible et la sottise éternelle. Moi, mon bon vieux, comme si de rien n’était, je prends des notes pr mon Saint Antoine, - que je suis bien décidé à ne pas publier quand il sera fini, - ce qui fait que je travaille en toute liberté d’esprit.
Il pense aller à Versailles voir travailler le conseil de guerre [qui juge les Communards], puis passer quelques jours à Saint-Gratien [chez la princesse Mathilde] avant de regagner sa cabane. On va probablement retirer la subvention de l’Odéon, si bien que je ne sais pas quand Aïssé [la pièce de son ami Louis Bouilhet] sera jouée, ni où elle sera jouée !
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