Lot n° 112

Edmond ROSTAND. 1868-1918. Écrivain dramaturge, célèbre auteur de Cyrano de Bergerac. •6 Dessins, Cambo 1902 & •L.A.S. à Pierre Mortier, & •Manuscrit signé de son monogramme, avec apostille autographe signée. (1903). 32 pp. in-4,...

Estimation : 10 000 / 12 000 €
Adjudication : Invendu
Description
reliées en un vol. in-4, maroquin brun janséniste, dos à nerfs, doublure de soie tissée, large encadrement intérieur de même maroquin à filets dorés et motif floral mosaïqué à chaque angle, doubles gardes de soie et de papier marbré, sous étui-cigare (Reliure Marius Michel).

►Bel ensemble dont un poème et son Discours de réception à l’Académie française, réunies dans une reliure doublée de Marius Michel.
Comprend :-
• 6 croquis, à l’encre noire, sur un feuillet signé et daté "Pluie. Cambo. 1902 !". Rostand a représenté sous une "pluie" de fines hachures, sa maison, le jardin, un cocher, des fermiers et des cheveux et lui-même, vêtu d’une pelisse et tenant un grand parapluie ouvert.-

• L.A.S. sous forme de sonnet, au journaliste Pierre Mortier (2 pp. in-8), lui donnant des nouvelles de son emploi du temps au pays Basque, par temps pluvieux :
Ce que je fais, Monsieur ? des courses dans les bois
A travers des ronciers qui me griffent les manches ;
Le tour de mon jardin sous des arceaux de branches ;
Le tour de ma maison sur un balcon de bois. (…)
S’il pleut, je tambourine à mes vitres des charges ;
je lis, en crayonnant des choses dans les marges ;
je rêve, ou je travaille.

C’est en 1900 que Rostand découvrit le pays Basque, ayant loué la villa Etchegorria à Cambo-les-Bains pour raisons de santé.
Il acheta par la suite un terrain où il fit bâtir à partir de 1903 une maison, la villa Arnaga, où il séjourna régulièrement jusqu’à sa mort en 1918.

• DISCOURS DE RÉCEPTION À L’ACADÉMIE FRANÇAISE. Élu au fauteuil de Henri de Bornier en 1901, Rostand prononça son discours sous la Coupole le 4 juin 1903. Il y fit l’éloge de son prédécesseur, dramaturge et poète comme lui, "vieux petit gentilhomme de roman, original, vif et bon", successeur de Nodier à la Bibliothèque de l’Arsenal, qui connut le succès avec La Fille de Roland. Rostand, dans ces lignes pleines de verve et d’humour, place donc le théâtre à la première place, lieu mystérieux où les âmes, côte à côte, peuvent se sentir les ailes. […]
Le véritable esprit est celui qui donne des ailes à l’enthousiasme. L’éclat de rire est une gamme montante. Ce qui est léger, c’est l’âme. Et voilà pourquoi il faut un théâtre où, exaltant avec du lyrisme, moralisant avec de la beauté, consolant avec de la grâce, les poètes, sans le faire exprès, donnent des leçons d’âme ! Voilà pourquoi il faut un théâtre poétique, et même héroïque ! Sur le premier feuillet, Rostand a ajouté une note d’envoi de ce manuscrit un peu sali par les doigts de typos ; je vous l’offre de tout cœur puisque ces choses vous intéressent : il est tout entier de la main de ma femme [la poétesse Rosemonde Gérard].

C’est Eugène-Melchior de Vogüé qui répondit à ce discours, vantant la sensibilité et la fantaisie de son jeune confrère, Rostand ayant élu l’Académie à l’âge de 33 ans.
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