Lot n° 115

George SAND. 1804-1876. Femme de lettres. Manuscrit autographe. S.l.n.d. (circa 1872). 6 ff. 1/4 in-8 broché en cahier ; mention aut. sur le coins sup. "inédit" ; texte qui semble inachevé, avec des ratures et corrections. ►Réflexions de...

Estimation : 2 000 / 2 500 €
Adjudication : Invendu
Description
Sand sur la lecture et sur Victor Hugo. Je lis très peu d'ouvrages nouveaux, m'étant toujours dit qu'il fallait commencer par lire les anciens. Or il est arrivé que la liberté des circonstances et celle de l'esprit m'ayant toujours manqué, je n'ai lu ni les uns, ni les autres. Sexagénaire, je m'étais dit qu'il était grandement tems de commencer mon éducation si je voulais savoir quelque chose avant de mourir. Je ne tarderai pas à être septuagénaire et je n'ai encore rien appris par les livres (…). Mon esprit est une bête indisciplinée, il m'emporte où il veut, et ma volonté, à moi, a beau courir après lui, il se moque d'elle et s'envole à travers champs. La rêverie tue l'attention. Ce vagabondage de la pensée augmente avec l'âge. Mais dernièrement elle a lu, comme on doit lire, un fragment de Victor Hugo :

Toujours au premier rang, toujours le poète immense et la forme souveraine. On le raille, on le blâme, on proclame sa déchéance intellectuelle, c'est lui qui le dit, on se moque de son képi, on y attache des grelots, qu'importe ? Arrivé à une certaine hauteur l'oiseau de haut vol n'entend plus le cri des passereaux. Il plane (…) il ne dévie pas de sa route. Il monte toujours. Il trouve là-haut dans la région des nuages des voix qui le consolent et le vengent, la voix haute qui répond magnifiquement à la voix sage. Il montera encore et, dans la région tout à fait pure et lumineuse, il entendra la voix juste dont un faible écho arrive jusqu’à nous, mais qu’à lui seul appartient de traduire dans la langue impérissable des poètes.
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