Lot n° 142

Honoré Gabriel RIQUETTI, Comte de MIRABEAU. 1749-1791. Écrivain, homme politique, grand orateur des débuts de la Révolution. L.A.S. "Mirabeau fils", au lieutenant de police Jean-Charles-Pierre Lenoir. Au donjon de Vincennes onze mai 1778. 1...

Estimation : 4 000 / 5 000 €
Adjudication : Invendu
Description
page in-4.

►Superbe lettre de prison réclamant des nouvelles de son amie, Sophie Monnier. (…)
Je crois vous l’avoir déjà dit, je n’ai jamais vu qu’on persuadât lorsqu’on était obligé de prouver ce qui est évident. On ne veut pas que j’ai raison : je n’aurai pas raison ; on peut l’étouffer sans risque : on m’étouffera sans risque, et l’on se gardera bien de me mettre à même de faire partager le danger. Il sait que ses réclamations, inutiles et monotones, ne viendront pas à bout de l’injustice dont il est victime de la part des grands défenseurs de la justice par essence, de la loi naturelle, de l’ordre, de la propriété, etc. et autres grands et petits mots qu’il arrangent ensemble le plus gigantesquement qu’ils peuvent. Croyant en la bonté de Lenoir, il le supplie de faire en sorte que Sophie et lui puissent à nouveau échanger des lettres. Je vous en conjure par vos bienfaits passés que vous ne voudrez pas démentir ou rendre inutiles. Si mes inquiétudes et mes affections ne vous eussent point paru justes et honnêtes, elles ne vous auroient point touché. Elles n’ont point changé de nature et n’en sauroient changer (…).
C’est donc au nom de vous-même que je vous adresse mes supplications nouvelles. Elles ne sont pas seulement le fruit du désir continuel de l’amour toujours avide ; elles sont en ce moment l’effet d’une inquiétude trop bien fondée. Quelque part où soit mon amie, dont je n’ai pas entendu parler de plus près de deux mois, je vous demande donc un mot d’elle datté et signé et je bénis d’avance mon bienfaiteur (…).
Quelques semaines après cette supplication, Mirabeau reçut effectivement des nouvelles de Sophie et y répondit le 24 juin par une longue déclaration d’amour décrivant un mois de mai pesant et le bonheur de pouvoir enfin lire une lettre délicieuse qui donne "vie à son cœur affamé d’amour"…
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