Lot n° 663

WAGNER, Richard. Tannhäuser und Der Sängerkrieg auf Wartburg (…) Vollständiger Partitur. Dresden, C.F. Meser, s.d. [1860]. In-folio (360 x 280 mm) de IV pp. (titre lithographié, dédicace à "Madame Camille Erard", liste des rôles et des...

Estimation : 15 000 / 20 000 €
Adjudication : 31 330 €
Description
instruments), pp. 3-327 pour la musique gravée, planche n° 670 : broché, couverture sur papier gris fort lithographiée en noir, non rogné ; conservé dans un emboîtage moderne demi-maroquin bordeaux, pièce de titre noire.

►Édition originale de la deuxième version, dédicacée à Charles Gounod.

►L’envoi de Richard Wagner, à l’encre noire, est inscrit en haut du titre :

A mon cher ami Gounod
Paris, 18 mars 1861
L’auteur
RW

La date de l’envoi est celle de la deuxième représentation de Tannhäuser, l'une des trois soirées tolérées par un public parisien encore hostile à la "musique de l'avenir".
Les trois représentations de l’opéra eurent lieu à Paris les 13, 18 et 24 mars 1861 : elles donnèrent lieu, comme on sait, à une débâcle sans précédent dans les annales de l'histoire de la musique, et à deux articles de Charles Baudelaire qui révolutionnèrent la critique musicale et esthétique.

En 1861, Wagner séjournait à Paris et travaillait à la deuxième mouture de l’un de ses premiers grands opéras, Tannhäuser, dont la première représentation avait été donnée à Dresde en 1845.
La composition et la publication de cet ouvrage furent tourmentées : c’est sans doute l’œuvre de Wagner dont la genèse a été la plus complexe, au point que le compositeur songea à en donner une version révisée à la fin de sa vie.
L’édition ici décrite fut publiée à Dresde, en allemand, juste avant le départ de Wagner pour Paris, où devait avoir lieu la première représentation de la nouvelle version de l’opéra.

►Gounod fut l'un des rares à reconnaître d'emblée la valeur de Tannhäuser.

Pendant son séjour, Wagner rencontra le tout Paris littéraire et artistique, et notamment Charles Gounod. Dans son autobiographie, Wagner évoque le compositeur français et rapporte les fréquentes rencontres amicales qu'il eut avec lui.
Gounod essaya même de dissuader Wagner de faire représenter Tannhäuser. Après l'échec, leurs relations changèrent : Wagner se moquera à plusieurs reprises de Faust et de l'Ave Maria, qu'il trouvait sentimental, et la représentation de Roméo et Juliette, en 1875, éveilla chez lui un "véritable malaise". Gounod, de son côté, conserva son admiration pour la musique de Wagner.

L'histoire de la chute parisienne de Tannhäuser est trop célèbre pour qu'on en donne ici un compte-rendu exhaustif. Rappelons simplement que l'opéra tomba à la troisième représentation, le 24 mars 1861, sous les effets conjugués d'une cabale de journalistes, de l'hostilité du Jockey Club et peut-être de la propagande anti-bonapartiste (on sait que Mme de Metternich avait poussé Napoléon III à ordonner la mise en répétition de l'œuvre dès la fin de l'année 1860), sans oublier l'incompatibilité de l'opéra avec les goûts du public français. Moins d'une semaine après la catastrophe, Baudelaire – qui avait déjà formé le projet d'une étude sur Wagner avant l'affaire Tannhäuser – volait au secours du compositeur…

Quelques rousseurs, sans conséquence ; couverture un peu usée et restaurée, petits manques de papier au dos ; le premier cahier est détaché.

Provenance :
•Charles GOUNOD (1818-1893). – David Wolman (collectionneur américain).

Deathridge, Geck & Voss, Wagner Thematisches Werkverzeichnis, XXIV/1
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