Lot n° 46

[ÉMIGRATION – ARMÉE des PRINCES]. (Thomas-Charles Ogier). L.A. à son oncle, Ogier d’Ivry, Grand audiencier de France, au château de Passay par Bonnestable. Au Camp d’Obertingen, 17 août (1794). 3 pp. ¼ bi-feuillet petit in-4, adresse au...

Estimation : 180 €
Description
verso, cachet de cire rouge armorié, cachet de l’Armée d’Allemagne.

→ Belle lettre d’un officier émigré, probablement Thomas-Charles Ogier (†1799), connu comme officier des Gardes du Corps de la compagnie de Villeroy, qui a servi à l’armée du Centre puis de Condé dans le régiment noble de Cavalerie, décédé à Forczin en Russie en avril 1799. Il est en Suisse bloqué par le mauvais temps qui contrarie le Maréchal pour la marche de son armée forte de 150 mille hommes ; (…) la supériorité des forces devient à chaque instant inutile vis-à-vis d’un ennemi savant qui trouve partout des postes admirables, en occupant des gorges et des mamelons. Je prie ma tante de ne se pas scandaliser de ces deux noms, ils sont à la mode dans le païs, et ne présentent à l’esprit aucune idée dangereuse. Si l’on donne ailleurs beaucoup d’argent pour en avoir de jolies à discretion, j’en donnerais beaucoup pour abandonner ceux-ci à toujours. Je vois que les victoires sont rares et qu’elles s’achètent par bien du temps, des peines et de l’ennui. Chacun s’avise en même temps de juger son général au tribunal d’une raison souvent fort bornée et injuste plus souvent encore (…).
Le mécontentement et les murmures dont ils sont accompagnés, sont le comble de la déplaisance (…).
Il fait part de l’échec de l’armée des Princes qui leur a fait quitter Cassel ; Il n’y a que nos grenadiers et fusiliers qui aient véritablement vu le feu. Nous n’avons eu que quelques canonades à essuyer. Si l’armée est plus tranquille depuis que nous sommes ici, le particulier ne l’est que des plus, on y est excédé de service (…). Aussi toute l’armée estelle plongée dans la mélancolie (…).
Je ne vois que Mrs de la Gendarmerie qui trouvent le moien de s’amuser autour d’un tapis vert (…).
Il se plaint des privations, du manque d’approvisionnement pour les bêtes, devant faire plusieurs lieues pour trouver du fourrage ; il reproche encore le manque de rigueur des troupes, mais garde son estime pour M. de Broglie, etc. Il a appris la mort de Rosambo [ancien président à mortier du Parlement de Paris, guillotiné en avril 1794] qu’il regrette beaucoup.
Partager