Lot n° 122

VAN DONGEN (Kees). Lettre autographe signée à Élie Faure. Paris, 25 novembre 1913. 3 pp. in-12, enveloppe.

Estimation : 800 / 1000
Adjudication : Invendu
Description
♦ Le « père la pudeur » fait censurer Van Dongen au Salon d'automne.
Depuis plusieurs années, le sénateur René Bérenger, surnommé « le père la pudeur » dans la presse satirique, menait un combat actif contre « la licence des rues et la pornographie ».

En 1913, le Salon d'automne lui donna l'occasion de dénoncer deux tableaux, l'un de Ferdinand Hodler et l'autre de Kees Van Dongen, un nu en maison close.

L'œuvre de Van Dongen fut confisquée par la police sur ordre du sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts Léon Bérard. La presse conservatrice approuva, comme Le Matin, mais L'Intransigeant et L'Humanité prirent la défense du peintre, en publiant des lettres ouvertes d'artistes ou de critiques d'art comme Élie Faure – dont la protestation parut dans L'Humanité le 16 novembre 1913.

« Je suis très content de la lettre que vous avez bien voulu adresser à L'Humanité en ma faveur. Vous avez pu lire et entendre que je suis traîné dans la boue par des malades qui forment la majorité de notre société. J'ai cru qu'il était tout de même nécessaire de me défendre bien qu'écœuré par la vue de tant de misères. C'est pour cela que j'ai adressé une lettre au comité du Salon d'automne. J'avais aussi demandé à un écrivain qui me connaît depuis une quinzaine d'années, de publier sur moi, non pas sur le peintre car il ne comprend rien à la peinture [biffé : « et aussi parce que c'est l'homme qu'on attaque pour essayer de supprimer le peintre qui devient trop influent »], un article où il raconterait ce qu'il sait sur ma vie. Mais cet ami n'ose pas écrire librement et pensait qu'un banquet s'impose. J'ai trouvé cela du dernier ridicule mais comme en ce moment toutes les armes sont bonnes à la défense, j'avais accepté à la condition qu'il obtiendrait de Frantz Jourdain de présider cette chose. J'en aurais alors profité pour dire au président du Salon d'A[utomne], en plein banquet, quelques mots [l'architecte et homme de lettres Frantz Jourdain présidait le Salon d'automne]. J'avais donc accepté par ruse, mais comme Saint-Georges de Bouhélier m'écrit que les choses ne vont pas facilement et me demande d'aller vous parler, je vous écris que je ne veux pas de banquet mais que je serais heureux de déjeuner un jour avec vous. Avec vous tout seul sans préparatifs spéciaux et sans publicité... »

▬ Joint : Saint-Georges de Bouhélier (Stéphane Georges Lepelletier de Bouhélier, dit).
•Lettre autographe signée à Élie Faure. [Paris], 20 novembre 1913 :
« Je suis passé hier... j'aurais aimé causer avec vous de notre ami Van Dongen que je venais de quitter et qui m'a paru très désagréablement surpris de l'agressive campagne dont il est l'objet. Mon avis serait d'organiser un déjeuner de camarades pour protester contre des attaques injustes qui menacent d'atteindre tout l'art indépendant. Je dois vous dire que Van Dongen ne semble pas devoir accepter cette idée.
Je vous la soumets néanmoins car il ne serait pas difficile, si vous étiez d'accord avec moi, de l'y faire venir... »
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