Lot n° 107

Pierre de Riel, Marquis de BEURNONVILLE (1752-1821) Général et diplomate, Ministre de la Guerre en 1793, Maréchal de France. 4 L.A.S., Madrid 1803-1805, [à Charles-Maurice de TALLEYRAND] ; 17 pages in-fol. ou in-4.

Estimation : 800 / 1 000 €
Adjudication : Invendu
Description
► LETTRES CONFIDENTIELLES DE L’AMBASSADEUR DE FRANCE EN ESPAGNE.

♦ 2 messidor XI (21 juin 1803). Il annonce l’arrivée à Madrid du citoyen CAMPI, premier secrétaire du sénateur .Lucien BONAPARTE :
« ce Missionaire nouveau, n’est censé venir en Espagne où il n’a jamais parû, que pour ses affaires personnelles ; le sénateur le recommande par un billet à ma bienveillance ; […] il sera comblé de mes attentions pendant son séjour icy, et jusques à son depart, il aura deux yeux et deux oreilles à son derrière »…
Il a tâché de rassurer le Roi, la Reine et le Prince de la Paix [Manuel GODOY], effrayés du bruit de la prochaine arrivée du sénateur avec une mission extraordinaire ; il rend compte de leurs affaires commerciales, et conclut en faveur de « la neutralité espagnole, en tirant de cette puissance tous les moyens de faire la guerre »…

─ 2e complémentaire (19 septembre). Il commente l’éventuel remplacement du Chevalier d’AZARA, ambassadeur d’Espagne en France, par le Général O’FARILL, que le Prince de la Paix n’aime point, mais qui n’est pas un intrigant opposé aux vues de l’alliance. Il est certain que « d’Azara dénonça O’Farill au ministère espagnol comme jacobin », mais O’Farill a jugé cela « comme un acte de démence ou d’un humour deplacé »…
Le Premier consul est un héros pour lui, et s’il a des idées libérales, c’est « que c’est un homme instruit », etc.

─ 19 brumaire XII (11 novembre). La lettre confidentielle du Ministre ne l’a pas entièrement consolé des reproches officiels : il est affligé que le Ministre se soit « abandonné à un aventurier » qui a abusé de leurs bontés : la mission du citoyen German n’a servi « qu’à faire retomber sur moi tout l’odieux de la double négociation », embarrassant le gouvernement espagnol et retirant à Beurnonville son crédit.
« Vous ne m’avés point consideré comme negociateur, je n’ai reçu de vous que des ordres impératifs ; vos instructions m’ont obligé à tenir un langage ferme, à passer des notes sévères, à exiger des conditions impossibles »…
Il insiste sur tous les inconvénients de ce procédé, évoque des insinuations de GERVAS, et s’indigne qu’on lui ait fait savoir qu’il recevrait le cadeau « d’usage, comme si j’eusse fait le traité ».
Il a repoussé cette proposition, auprès du plénipotentiaire… « Je suppose que le premier consul n’a aucune connoissance de tout ce qui s’est passé de facheux et que les pretendus reproches qui m’ont été faits en son nom ne sont qu’un jargon de bureau, et dans ce cas il ne vous sera pas difficile de le decider à m’accorder un congé pendant lequel on pourroit s’occuper de mon remplacement »…

─ 28 vendémiaire XIV (20 octobre 1805). Compte rendu des affaires financières de l’Espagne, dans le contexte de la quasi-faillite de la Caisse de consolidation espagnole, chargée des dettes de l’État : retard créé par M. IZQUIERDO ; intervention de Beurnonville auprès du Prince de la Paix [GODOY], qui répondit que le directeur de la Consolidation avait ordre de remettre 11 millions de francs à OUVRARD ; valeurs incertaines et traites en piastres sur le Mexique, proposées par M. Espinosa à M. Ouvrard...
« La meilleure surveillance que l’on puisse exercer sur le zele infatiguable que met Mr Ouvrard à remuer ce gouvernement pourri, corrompu, ignorant et de mauvaise foy, c’est de le complimenter sur les victoires qu’il remportera et je prie personnellement V. Exe d’être bien convaincue, que malgré les dégouts dont nous sommes abreûvés, par la force d’inertie, par l’apathie, l’ignorance et la mauvaise volonté, je ne lacherai prise que lorsque Mr Ouvrard aura complettement assuré sa mission »…
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