Lot n° 313

[ANONYME] Mémoire sur l’installation d’un établissement commercial français dans le port de Mascate, Sultanat d’Oman. [Traite]

Estimation : 1200 / 1500
Adjudication : 13 398 €
Description
Manuscrit in-folio de 4 pages non chiffrées. Sans lieu ni date, c.1780
Copie manuscrite à l’encre brune sur papier vergé d’un projet (non abouti)
,il s’agit vraisemblablement d’un plaidoyer de Nicolas Hilaire Comarmond en
faveur de la colonisation du port de Mascate dans lequel il expose les avantages
économiques et politiques dus à sa situation géographique parmi lesquels le
commerce de la traite des noirs avec l’Afrique
«Mascate est un port très intéressant pour les Iles de France et de Bourbon, parle
commerce que l’on peut y faire dans presque toutes les saisons de l’année. La
fréquentation de ce port peut conduire à découvrir quelques nouvelles branches
de commerce dans le Golfe Persique, donc il peut être regardé comme la clé.
Les hollandais portent ordinairement à Mascate, chaque année deux cargaisons
de sucre tiré en sucre candi, le sucre tiré s’y vend année commune de 8 à 9 fois la
livre monnaye -forte. Si l’Ile de France réussit un jour à fabriquer du sucre, quel
avantage sa position ne lui donnera-t-elle pas sur Batavia ? [...] Les vaisseaux de
l’Ile de France n’ont point à craindre, à telle distance qu’ils jugent à propos, ni
en allant ni en revenant de Mascate, les pirates de la côte Malabar. Ils peuvent
s’éloigner de cette côte et faire leur voyage avec sécurité [...] Les cargaisons à
porter à Mascate de l’Ile de France ,indépendamment du sucre, et qui peuvent
s’y vendre consistent dans les articles ci après fer plat , acier en barres longues,
plomb, étain, azur, petits canons, pierreries [...] D’après cela ,on peut regarder
le commerce avec Mascate comme avantageux à l’ile de France, dont la position
va devenir critique et bien resserrée, par l’obtention du privilège de la nouvelle
Compagnie des Indes. L’on ne peut mettre en doute que l’Iman de Mascate
ne soit flatté des démarches que notre Monarque va faire faire auprès de lui,
et qu’il n’accueille avec satisfaction notre alliance et nos liaisons de commerce.
[...] Dans ce cas Monsieur leVicomte de Souillac le père et le protecteur de ces colonies,qui a donné tant de preuves de son désir de les voir s’accroitre ,pourrait donner une nouvelle preuve de sa bonté pour le commerce de ces Iles, en demandant à l’Iman une chose qui parait avantageuse ;ce serait la liberté de commercer aux iles Zanzibar, Montbaze, Pate et autres lieux de la dépendance de l’Iman à la côte d’affrique. Cette permission ne pourrait se demander que sous le nom générique de commerce, l’on ne pourrait demander à y traiter des noirs, parce qu’il ne pourrait pas l’accorder; mais ce serait néanmoins le but du commerce des Iles et on le ferait facilement si on pouvait compter sur la bonne foi des Gouverneurs et gens en place de ces endroits là. Cela serait d’autant plus avantageux 1° En ce que les Portugais qui nous recevaient autrefois à Mozambique du Quérimbe en nous imposant de fortes contributions, ne veulent plus le faire ayant reçu des ordres rigoureux de la Cour du Portugal qui le leur défendent.2° En ce qu’il ne nous reste plus que Quiloa pour la traite des noirs mais comme ce petit endroit ne pourra pas suffire à fournir 12 ou 15 cargaisons de noirs chaque année, et que le prix de ces mêmes noirs viennent d’y augmenter cette année de 15 piastres par tête à l’arrivée du vaisseau de France nommé Madame , expédié de Nantes pour se rendre de là à l’Amérique ;il devient indispensable que nous étudions et cherchions ailleurs qu’à Quiloa, la traite de noirs qui devient absolument nécessaire pour la culture de ces iles. Zanzibar, Montbaze et les lieux voisins peuvent donc être regardés comme une ressource pour ce commerce, mais il faut faire en sorte d’obtenir de l’Iman un ordre pour ses gouverneurs pour que nous puissions y traiter librement et avec sécurité [...] »
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