Lot n° 656

Charles II Duc de CRÉQUY (1623-1687) Maréchal de France et Ambassadeur. L.A.S., Lyon 22 avril 1664, à Jacques de SOUVRÉ, Ambassadeur de l’Ordre de Malte ; 3 pages et quart in-4.

Estimation : 300 / 400 €
Adjudication : 375 €
Description
♦ IMPORTANTE LETTRE SUR LE SCANDALEUX ATTENTAT DE LA GARDE PONTIFICALE CORSE D’ALEXANDRE VII CONTRE CRÉQUY, SA FEMME ET L’AMBASSADE DE FRANCE À ROME, EN AOÛT 1662.

[Le pape n’ayant pas réagi à la satisfaction du roi, Louis XIV rappela son ambassadeur, fit éloigner de Paris le nonce apostolique, et laissa faire le Parlement d’Aix, qui annexa Avignon au royaume.
La présente lettre se situe entre la conclusion du Traité de Pise, le 12 février 1664, prévoyant des explications du gouverneur de Rome, la dissolution de la garde corse, l’édification d’un monument commémoratif sur les lieux de l’attentat, et les excuses publiques enfin présentées au Roi par le légat pontifical, le 29 juillet 1664.]
Ce soir en arrivant à Lyon, l’archevêque lui remit un paquet dans lequel il trouva la lettre de M. d’ELBENNE à Souvré :
« elle ne ma surpris en façon du monde et je me suis si bien attandeu a une partie des choses quil vous mande quavant mon despart je me precautionnay assez bien la dessus aupres de mon maistre »...
Il n’aurait pas mieux parlé de cette matière, s’il avait eu connaissance de la lettre avant de parler au Roi. Depuis qu’il connaît d’Elbenne, il le trouve « homme tres facille a estre persuadé ; et sans nulle reflection il crut comme article de foy tout ce que le pape lui dit »...
Depuis le temps pourtant il devrait savoir que les personnes auxquelles il a affaire à Rome « ne font quasi jamais ce qu’ils disent et que le plus souvent le contraire » :
d’Elbenne se trompe en l’assurant des bonnes grâces du pape tout comme Créquy s’était trompé en 62.
On sait ce qui arriva :
« Nous feusmes veritablement assassines ma femme et moy »… Au reste, Créquy est rempli de bonnes intentions à l’égard du pape :
« Il fauderoit estre fol pour luy manquer de respect en quoy que ce fust. Je ne lay jamais faict sur le passe a lavenir je ne useray pas dautre manière »…
Il n’oublie pas ce qu’il doit à son maître, ni « ce que je dois a la conservation de la bonne intelligence qui vient destre restablie », et à lui-même… « Mais à vous en parler sincerement les gens a qui on a affaire ne mentent pas tous les jours. Je vous suis sepandant infiniment oblige de mavoir encore cette lettre que je vous renvoie […]
Il mest de la derniere importance de faire voir a M. de LIONNE [secrétaire d’État aux Affaires étrangères] la lettre que M. d’Elbenne vous a escrit de sa propre main et que vous voulies bien y joindre la responce que je vous fais »…

▬ Ancienne collection du Président Robert SCHUMANN (avec notes de a main, 2-3 décembre 1965, n° 55).
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