Lot n° 16

Jean COCTEAU. Manuscrit autographe signe, Monstres Sacrés, [octobre 1953] ; 6 pages in-8, quelques ratures et corrections.

Estimation : 800 - 1 000 €
Adjudication : 1 030 €
Description
♦ Beau texte pour VOGUE, sur les grands acteurs de théâtre, ou grandes figures de sa jeunesse, pour lesquels Cocteau a inventé l'expression Montres sacrés.

«Il ne saurait s'agir de mauvais ni de bon goût chez ces fauves. Ils vivaient entourés de fourrures qui ne sont autres que leur propre crinière et de gestes devenus objets».

Ils dévoraient tout ce qui s'offrait à eux, pêle-mêle :

«Racine, Shakespeare ou n'importe quel melodrame de Sardou. Vous le comprendrez en observant les cages dont ils ne sortaient et ou ils ne rentraient que pour suivre la route de leur théâtre.
Sarah Bernhardt et son salut de palais de Venise, Mounet-Sully et l'espèce de pied de nez sublime dont il soulignait un rugissement mélodieux, de Max et ses innombrables profils, Loti pareil aux enfants qui se déguisent, Réjane épinglant à sa toque sa voilette et son sourire, voilà des choses qui embrasaient ma jeunesse et l'ombre des petits hotels particuliers ou ces Princes se ruinaient en faux meubles anciens, en cierges et en rétables. [...]

C'est qu'ils firent un avec le théâtre et que leurs fantômes hantent les couloirs et les loges des temples ou ils officiaient, des cirques ou ils furent ensemble le dompteur, le tigre et la lionne. Notre époque exige plus de finesse et que le verbe devienne actif.

Peut-être a-t-elle perdu le bénéfice de ces excès dont les photographies ci-jointes témoignent, de cette fougue aveugle ou, sur les planches, le verbe se faisait chair».

Au dos du dernier feuillet, il demande d'envoyer les épreuves à son adresse rue de Montpensier...
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