Lot n° 284

Albertine SARRAZIN (1937-1967). 7 L.A.S., 1 L.S. et une lettre dactylographiée non signée, décembre 1965-mars 1967, à Éric W. Mercier ; 20 pages formats divers, la plupart portant son cachet encre.. Belle et rare correspondance de la...

Estimation : 1 000 / 1 500
Adjudication : Invendu
Description
romancière. . Éric Mercier, qui travaille dans l’édition, l’a contactée alors qu’elle est en plein succès et elle lui répond avec plaisir (28/12/1965) : elle n’est pas « en mal de correspondants, les dingues, les béats, les tapeurs, les cons et les affectueux, je dois donc, pour sacrifier à mon vice – l’écritoire – trier tous ces gens avec le plus grand sérieux » ; elle a choisi de lui répondre pour plusieurs raisons, notamment « parce que vous semblez aimer Pauvert qui est, après Zizi [son mari], le grand amour en tout bien de ma vie ». Le ton devient vite amical. 18 janvier 1966 : longue lettre à l’encre verte, où elle dit son plaisir d’écrire et d’emprunter des expressions à ses correspondants (« J’ai adoré votre “j’écris comme je me lave”) et à son mari, et elle s’amuse de son succès : elle vient de passer trois jours « à faire la girafe devant la caméra pour les besoins d’une certaine émission appelée DIM DAM DOM […] Tous – oui – tous les journaux jusqu’à Témoignage chrétien et la Revue des Chirurgiens-dentistes ont publié avec un implacable acharnement tous ce que j’avais ou non bavassé dans leurs blocs ou leurs magnétos tout ce que j’étais et surtout ce qu’ils pensaient que j’étais, m’ont collé avec fureur l’étiquette du succès, m’ont photographiée de face, de profil et de dos, au réveil, à midi et aux bougies »… . Elle le rencontre en mars : elle a reçu le Prix des Quatre Jurys (pour La Cavale) et l’a fêté avec lui : «  Je connais votre épistole et votre façon de manger, deux facettes essentielles à mon avis » ; elle lui conseille de lire Candide : « Vous y retrouverez à quelques mots près ce que je vous ai narré au retour de Tunis, mais en imprimé-illustré, ça vous a un petit air vif, émerveillé, attendri et poétique, tout à fait de l’albertinage comme on aime ». En avril, elle lui annonce l’achat d’une maison : « j’ai ma baraque, ma tanière, mon oratoire, mon mazet, mon silence » ; il faut des travaux : « je vous abreuverai de la pluie recueillie dans la cuve à picrate, préalablement désintoxiquée – la cuve, mais moi… il est évident que je picole trop pour aimer jamais la seule rosée » ; elle lézarde et confie : « Je suis – dans la mesure où je vis mes Héroïnes – devenue une petite garce esseulée, une sorte de mauvais parasite sans cœur ni entrailles absolument répugnant. Bah ! Ça les changera de la courageuse Albertine, vierge de par son zodiaque et martyre de par casus & fatum »…Elle a été reçue au Sénat et attend le feu vert de Pauvert pour pouvoir répondre à son questionnaire : «  Je vous tortille ça dans l’insolite et le mordant encore que mes canines soient passablement ébréchées depuis quelques jours. J’affûte, j’affûte, je veux mordre encore »… Début 1967, elle est opérée et dans le plâtre jusqu’à fin avril ; en février (dactylographie n.s.), elle raconte la sortie de La Traversière « encore inachevée et à l’état de chiffon à la mi-octobre », qui fut un véritable marathon. Dans sa dernière lettre (3 mars 1967 [elle meurt le 10 juillet]), dactylographiée, Albertine évoque La Traversière : « combien je suis heureuse de votre appréciation ! M’aider à franchir la précieuse passerelle au-delà de laquelle, prétend-on, tout est permis…» ; malgré son plâtre, elle conclut : « Étant ambidextre, je puis tout de même, inclus dans cette Albertine, vous gribouiller une alerte quoique non toro-ma-chic cantina alegria ». . On joint une L.A.S. de « Zizi » (son mari Julien), après la mort d’Albertine (15-9-1967), remerciant Mercier de son amitié pour « la môme ».
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