Lot n° 124

Henry de MONTHERLANT (1896-1972). — Manuscrits autographes pour La Gloire du collège, [1916 ?] ; — 93 pages in-fol. ou in-4.

Estimation : 1 500 - 2 000 €
Adjudication : 1 920 €
Description
Intéressant manuscrit de jeunesse, version primitive de La Gloire du collège.

[La Gloire du collège fut recueillie dans La Relève du matin, premier livre de Montherlant, publié à compte d’auteur en 1920 par la Société littéraire de France. Ce texte, un des tout premiers de Montherlant, daté « Août 1916 » dans l’édition, est à la fois une nouvelle, une évocation des années de collégien à Sainte-Croix de Neuilly, et une méditation, dont Montherlant reprendra plus tard bien des éléments dans son roman Les Garçons.]

Le manuscrit se présente comme une mise au net soignée, probablement destinée à une dactylographie ; de la première écriture appliquée de Montherlant, il apparaît comme une version intermédiaire, parfois retravaillée, qui présente un texte très différent de l’édition. Il se compose de séquences parfois incomplètes, certaines paginées, d’autres non, qui, réunies, forment un texte à peu près cohérent, sans la « Conclusion » qui a été ajoutée dans l’édition.

Une première séquence, paginée 1-29, donne les chapitres I à III (ce dernier incomplet de la fin) :
« La petite chambre était au faîte du collège. Par la fenêtre ouverte, André regarda »…
– 5 pages donnent la fin du chap. III (Pléiade p. 75-78) : « Il déboucha. Dans leur mignonne cour, enclavée comme un petit lac alpestre au milieu des buissonnets prévenants, les cinquième jouaient »…
– III. Le Chemin des écoliers (paginé 1-19, incomplet), seul élément titré du dossier, composé de papiers différents et plus raturé que les autres chapitres, constitue une digression à partir d’une réplique du pion : « Ne dis pas que ce sera dur. Ce sera terrible. »
Les réflexions qui suivent, sur les inadaptés produits par la Guerre, l’enfance, la comparaison de l’âme de l’enfant à celle du soldat, l’homme et l’humanité etc., seront écartées de la version finale. « Ce chemin des écoliers, si c’était au pied de la lettre le chemin des écoliers ? Vers la Jérusalem de l’âme, si les Hosannas sortaient des mêmes bouches »…
– La fin du texte, chapitres IV à VII, se présente en six séquences à pagination discontinue dont le découpage ne correspond pas à celui des chapitres : pag. 1-11 (Pléiade, p. 79-84), 1-6 (Pl. 84-87), 1-6 (Pl. 86-89), 1-7 (Pl. 89-90, texte ici plus développé),1-3 (Pl. 91-92), 1-9 (Pl. 92-93).

La présente version de la Gloire comporte moins de dialogues que celle publiée, et de nombreux développements qui disparaîtront avant publication. Elle est aussi marquée par une plus grande religiosité.

À titre d’exemple de ces différences, ces lignes sans rature, mais inédites, de la fin du deuxième paragraphe, consacré à la vue depuis une chambre de l’internat : « Mais pas plus qu’aucun regard ne pouvait discerner le mouvement sous les arbres, aucun cœur n’en pouvait savoir le cœur. Seul l’Esprit de Dieu, volant au dessus de tout cela comme il volait au-dessus des eaux, savait la fièvre inépuisable qui battait sous la règle impassible comme une phalène sous la paume refermée » (p. 2)…

Ou encore, l’impression que produit sur le narrateur la vue d’un élève :
« Dieu transparaissait doucement à travers son visage comme une lampe au travers d’un abat-jour » (p. 8). Citons aussi la chute de la section I, qui consiste en une référence à Barrès, plus brève, et plus brutale dans le manuscrit : Barrès constate « le même fait dont témoigne ma petite jouissance à ces Ave, celui que déjà je vous ai fait entendre sous le mythe de l’enfant qui-fait-entrevoir-des-possibilités : à savoir que ce collège possède une “jouissance excitatrice de vie.” » (p. 16-17).

─ On joint :
• deux fragments d’un autre manuscrit de jeunesse relatif à l’enfance (9 pages in-4 sur papier ligné, paginés 5-7 et 9-14) : mise au net présentant des ratures, corrections et additions.
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