Lot n° 106

SAINT SAËNS (Camille).

Estimation : 300 - 400 EUROS
Adjudication : 350 €
Description
Lettre autographe signée, illustrée de quatre petits croquis [probablement adressée à son amie Caroline de Serres]. Hammam-Righa [Algérie], 10 janvier 1910. 4 pp. in-folio sur papier quadrillé. « Coucou ! Me voilà. Je suis venu dans ce coin délicieux, au milieu des montagnes et des bois hantés des bêtes fauves, pour y prendre des bains et du grand air ; cela m'a merveilleusement réussi... Me voilà sur pied et je retourne à ALGER où je n'avais fait que passer ; j'y Vais faire répéter mes œuVres que l'on se prépare à représenter, samson, henry VIII, phryne, et cætera. Mlle Charny [la cantatrice Lise Charny] vient de Paris pour chanter Dalila et Anne de Boleyn, ces personnes si vertueuses et si sympathiques... Ici, j'ai joui d'une tranquillité et d'un silence que je ne retrouverai pas de longtemps. Il y a eu quelques mauvais jours, il a fallu faire un peu de feu matin et soir. Mais quelle différence, néanmoins, avec nos climats ! quand je ne pouVais sortir, je traVaillais, non à de la musique, je n'en fais plus, mais à des articles que je prépare pour L'Écho de Paris qui m'en a demandés et à qui j'en ai promis un pour tous les quinze jours. Le premier a dû paraître dimanche dernier. Il traite de l'orgue. Le second racontera toutes les péripéties qui ont précédé, pendant dix années, l'apparition au théâtre du Timbre d'argent [opéra de Saint-Saëns composé en 1865 mais créé seulement en 1877] ; le troisième parlera de mme Viardot [la cantatrice et compositrice Pauline Viardot, épouse du critique et directeur de théâtre Louis Viardot]. J'en écrirai sur toutes sortes de sujets et il y en aura qui feront certainement sensation par les sujets traités. quant à faire de la musique, j'en ai assez fait, je n'ai plus qu'à me taire ; Déjanire sera ma dernière cartouche. Et comme je ne puis rester sans rien faire, je m'amuserai à bavarder la plume à la main, quand les affaires et la correspondance m'en laisseront le temps... Le tremblement de terre qui a secoué toute l'Algérie ne nous a pas épargnés ; mais je dormais et me suis éveillé quand c'était fini. Il paraît que c'était très effrayant... » Les croquis représentent 2 frises géométriques, un motif floral oriental, et une fleur en pot. Élève de Franz Liszt, la pianiste Caroline de Serres, née Montigny-Remaury, était la belle-sœur d'Ambroise Thomas et fut mariée deux fois, dont, en 1886, à Auguste de Serres-Wieczffinski. Elle est la dédicataire d'œuvres composées par Fauré, Lalo, Pierné, et Saint-Saëns, dont, par ce dernier une valse-caprice « Wedding cake » pour piano et cordes et « Six études pour la main gauche seule ». Joint, une photographie prise dans les années 1950, représentant l'hôtel thermal de Hammam-Righa.
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