George SAND (1804-1876)
Estimation :
2000 - 2500
Description
Lettre autographe signée adressée à Louis Blanc, exilé en Angleterre. Nohant, 24 septembre 1854. 6 pp. in-8. Réfugiée dans ma solitude, je me suis remise à vivre
dans le passé en écrivant mes mémoires
Belle lettre amicale, réflexions sur l’exil
George Sand se désole des conditions d’exil de son ami et de la censure imposée par le cabinet noir : « Non, vous ne croyez pas, mon ami, que je vous oublie, mais vous comprenez le découragement qui s’empare d’un cœur à la suite des lettres supprimées, et le dégoût qu’inspire la pensée d’être lue par la police et non par l’ami à qui l’on parle… On a intercepté jusqu’à des lettres d’affaires, des billets de la dernière insignifiance… Je me suis dit que vous ne pouviez pas m’écrire ou que le cabinet noir se jetait contre vous. J’ai pensé à vous, je vous ai relu, j’ai vécu avec vous…
La moitié de mes amis est dans l’exil, dans la tombe ou dans le découragement qui s’empare des positions perdues, des existences brisées. Ceux qui restent debout sont des artistes sur qui les crises sociales n’agissent pas d’une manière immédiate et dont les préoccupations dominantes ne sont pas les mêmes… Réfugiée dans ma solitude, je me suis remise à vivre dans le passé en écrivant mes mémoires. Le monde des morts et des absents me revient et m’entoure, et je m’aperçois que les vrais absents sont parfois ceux qui vivent à notre porte…
J’ai eu l’âme bien malade, mon ami, depuis les affreuses journées de juin, je ne m’en suis pas relevée intérieurement… Je sens que nous valons mieux par certaines souffrances acceptées que par certaines illusions frivoles… »
Puis sur les conditions d’exil en Angleterre : « J’ai beaucoup parlé avec mon excellent ami Muller… Tout ce qu’il m’a dit de l’Angleterre m’a fait désirer d’y être avec ma famille. Je vois bien qu’à défaut de notre idéal qui n’y serait guère compris, on jouit au moins dans ce pays-là de la liberté individuelle sous la protection de cette tolérance pour la pensée, ces respects pour la personne, conditions élémentaires de la vie sociale que l’on ne connaît plus chez nous… »
Contraint à l’exil après avoir été tenu responsable des émeutes du 15 mai 1848, Louis Blanc (1811-1882) restera à Londres jusqu’en 1871 avant de siéger à l’Assemblée nationale.
dans le passé en écrivant mes mémoires
Belle lettre amicale, réflexions sur l’exil
George Sand se désole des conditions d’exil de son ami et de la censure imposée par le cabinet noir : « Non, vous ne croyez pas, mon ami, que je vous oublie, mais vous comprenez le découragement qui s’empare d’un cœur à la suite des lettres supprimées, et le dégoût qu’inspire la pensée d’être lue par la police et non par l’ami à qui l’on parle… On a intercepté jusqu’à des lettres d’affaires, des billets de la dernière insignifiance… Je me suis dit que vous ne pouviez pas m’écrire ou que le cabinet noir se jetait contre vous. J’ai pensé à vous, je vous ai relu, j’ai vécu avec vous…
La moitié de mes amis est dans l’exil, dans la tombe ou dans le découragement qui s’empare des positions perdues, des existences brisées. Ceux qui restent debout sont des artistes sur qui les crises sociales n’agissent pas d’une manière immédiate et dont les préoccupations dominantes ne sont pas les mêmes… Réfugiée dans ma solitude, je me suis remise à vivre dans le passé en écrivant mes mémoires. Le monde des morts et des absents me revient et m’entoure, et je m’aperçois que les vrais absents sont parfois ceux qui vivent à notre porte…
J’ai eu l’âme bien malade, mon ami, depuis les affreuses journées de juin, je ne m’en suis pas relevée intérieurement… Je sens que nous valons mieux par certaines souffrances acceptées que par certaines illusions frivoles… »
Puis sur les conditions d’exil en Angleterre : « J’ai beaucoup parlé avec mon excellent ami Muller… Tout ce qu’il m’a dit de l’Angleterre m’a fait désirer d’y être avec ma famille. Je vois bien qu’à défaut de notre idéal qui n’y serait guère compris, on jouit au moins dans ce pays-là de la liberté individuelle sous la protection de cette tolérance pour la pensée, ces respects pour la personne, conditions élémentaires de la vie sociale que l’on ne connaît plus chez nous… »
Contraint à l’exil après avoir été tenu responsable des émeutes du 15 mai 1848, Louis Blanc (1811-1882) restera à Londres jusqu’en 1871 avant de siéger à l’Assemblée nationale.
