Lot n° 106
Sélection Bibliorare

Louis ARAGON. Une vague de rêves. Paris, [1924].

Estimation : 40 000 - 50 000 €
Adjudication : 93 518 €
Description

In-4, demi-maroquin noir à bandes, plats recouverts chacun d'une photographie originale argentique figurant une main, grand décor doré et mosaïqué de pièces de veau jaune, émeraude, noir, bordeaux et rouge figurant des entrelacs terminés par des visages (quatre sur le premier plat, un sur le second), doublures et gardes de papier noir, non rogné, tête dorée, couverture conservée, chemise, étui (Paul Bonet, 1938).

Rare édition originale : tiré à part à petit nombre du numéro 2 de la revue Commerce.
Aragon donne ici au Surréalisme son premier manifeste, peu de temps avant la publication du Manifeste d'André Breton.

Son texte se termine par l'appel emblématique: “Faites entrer l'infini.” (Vlasie in Dictionnaire Aragon, II, 2019, p. 976: “Publié dans la revue Commerce à l'automne 1924, ce texte marque la naissance officielle du mouvement surréaliste, à l'instar du Manifeste du Surréalisme de Breton [...]. Écrits parallèles, ils sont d'ailleurs issus d'un projet commun entre Soupault, Breton et Aragon qui devait se nommer Lettre à l'Aurore, mais qui ne s'est jamais réalisé. Tous deux publiés en octobre de la même année, la rédaction d'Une vague de rêves semble toutefois terminée plus rapidement [...]. En ce sens, si cet ouvrage paraît délaissé ou minimisé par la critique en comparaison avec le manifeste de Breton, son importance reste majeure dans la fondation du Surréalisme.”)

Envoi autographe signé : À Pierre Mac Orlan cordialement Louis Aragon

Dans les années 1920, la réputation littéraire de Pierre Mac Orlan était à son apogée: ses romans faisaient les délices d'Artaud, de Breton, de Crevel... Comme éditeur, il avait publié en 1922 le premier roman de Joseph Delteil, Sur le fleuve Amour, salué par Aragon et Breton.
Il rédigeait également des critiques littéraires pour La Petite Gironde et, le 23 mai 1923, il publia un article élogieux consacré à Anicet ou le Panorama, concluant par ces mots: “Il faut suivre attentivement la production de Louis Aragon.”Splendide reliure photographique de Paul Bonet.
Paul Bonet (1889-1971) compte parmi les trois ou quatre relieurs les plus créatifs de son siècle. Dans les années 1930, il parvint a? affirmer son originalité en se libérant de l'influence conjuguée de Legrain et du style Art déco.

Sa rencontre décisive avec le bibliophile René Gaffé, comme les commandes des écrivains comme André Breton, Paul Éluard ou René Char (qui lui confia en 1934 quatre éditions originales, dont Le Manifeste du Surréalisme sur grand papier), lui avaient permis d'aborder les rivages du Surréalisme qui lui inspira une conception novatrice du décor. Deux décennies durant, il devint alors l'interprète quasi attitre? des poètes surréalistes.

En 1934, celui qu'André Breton a qualifié de “premier relieur surréaliste” imagina un type nouveau de décor, usant de grands tirages photographiques (généralement de Chevojon) couvrant les plats qu'il ornait d'un décor doré et mosaïqué de couleurs vives.

Seules quinze reliures photographiques sont répertoriées dans les Carnets de Bonet : neuf en 1934 (dont la première série des huit exposées au Salon d'automne réalisées pour lui-même et recouvrant des textes surréalistes, puis une copie pour René Gaffé de la reliure de L'Immaculée Conception), une en 1935 (curieusement sur Le Livre blanc de Jean Cocteau), une en 1938 (Une vague de rêves ici décrite), deux en 1939, une en 1942 et, enfin, une copie réalisée en 1962.

(Bonet, Carnets, nº 359, à propos d'Une vague de rêves: “Très bonne reliure surréaliste.”)

Partager