Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1860. In-12, demi-maroquin ocre avec coins, filets à froid, dos orné de même, tête dorée, non rogné, couverture et dos (Lobstein-Laurenchet).
Édition originale. Elle a été tirée à 1500 exemplaires.
Exemplaire de première émission, avec la couverture à la bonne date, relié avec le catalogue de l’éditeur.
Exceptionnel envoi autographe signé de Baudelaire à Narcisse Ancelle, son tuteur et conseiller judiciaire :
à N. Ancelle
C. Baudelaire
C’est le 21 septembre 1844 que la tutelle financière du notaire Narcisse Ancelle (1801-1888) fut assignée à Baudelaire par sa mère pour l’empêcher de dilapider son patrimoine, initiant une ingérence dans la vie du poète dont on sait qu’elle l’exaspéra et l’humilia durablement.
« Parfait fléau », le notaire lui est immédiatement insupportable ; bien qu’il s’acquitte de sa tâche avec humanité, Baudelaire voit en lui « le type du jocrisse, du lambin, de l’hurluberlu, et de l’homme de désordre », bref, « l’horrible plaie de [sa] vie ». Toutefois, Ancelle – qui « se connaît en littérature comme les éléphants à danser le boléro », dit Baudelaire – s'intéressa sincèrement à l'œuvre de son pupille et l'aida de son mieux.
« En l’homme qui, vingt-trois ans durant, devait l’empêcher de se ruiner, Baudelaire vit souvent un persécuteur, parfois un protecteur. De fait, le rôle de Narcisse Ancelle, notaire, puis maire de Neuilly-sur-Seine, confident et soutien de Mme Aupick, excéda largement celui de mentor financier. Il fut l’un des hommes qui ont le mieux connu Baudelaire, le seul à qui aucun aléa de cette dure existence de déclassé n’échappa, le seul témoin du mélange de répulsion et d’intense amour que le poète vouait à sa mère. Attentif, zélé, il ne négligea rien pour adoucir les derniers mois de Baudelaire aphasique, hémiplégique. » (Catherine Delons).
Héritier de Mme Aupick avec Félicité Baudelaire, belle-sœur du poète, et Louis Emon, ami des Aupick, Narcisse Ancelle communiqua aux baudelairiens des archives essentielles.
Maire de Neuilly-sur-Seine de 1851 à 1868, il est mort en son château de Bazemont le 25 mai 1888.
Cet envoi lapidaire adressé à son conseiller judiciaire est des plus piquants sur Les Paradis artificiels, dans lequel Baudelaire relate en particulier ses souvenirs de jeunesse au fameux « Club des haschischins ».
Bel exemplaire. Petites réfections à la couverture ; bande terne sur le faux-titre portant l'envoi. Sans le feuillet blanc final.
Vicaire, I, 345 – Carteret, I, 126 – Clouzot, 44 – Oberlé, Poulet-Malassis, n°228 – C. Delons, Narcisse Ancelle : persécuteur ou protecteur de Baudelaire, Tusson, Du Lérot, 2002.