Lot n° 625

LE ROY Jean-Baptiste (1720-1800) géomètre et physicien. — 3 L.A.S. « Jean Le Roy », Paris août-novembre 1749, au comte de TRESSAN ; 16 pages in-4 (légères mouillures et taches).

Estimation : 500 - 600
Adjudication : 1 560 €
Description
Intéressante correspondance sur son projet d’électromètre, avec une lettre de Gowin Knight.

— 28 août. Il le félicite « pour le noble courage que vous avez de cultiver la Philosophie dans un pays où une personne de votre rang est obligée d’être savante incognito. Il semble que parmi le grand monde, il ne soit encore permis qu’aux femmes de se mêler de Physique publiquement, apparemment que l’indulgence que l’on a pour le beau sexe fait qu’on leur passe ce travers ; car c’en est un dans ce pays que de vouloir savoir des choses que le vulgaire ignore »… à propos du mémoire et des dessins qu’il lui a fait parvenir sur son électromètre : « Je ne doute pas que vous n’entendiez parfaitement la nature de notre instrument ». Il aurait aimé qu’il contienne davantage de choses, mais étant destiné à être lu en séance publique, il a préféré n’exposer que quelques expériences parlantes, sur l’attraction des corps électriques, et la conséquence de l’augmentation de leur masse… Puis, à propos de l’importante découverte du Dr KNIGHT sur le magnétisme, les phénomènes d’attraction et de répulsion : « J’ai une très grande impatience d’être au fait de toutes les découvertes de ce grand homme »… Il ne partage son avis sur M. de RIVA « le valaisien », que Tressan, comme beaucoup d’autres, soupçonne de charlatanisme :

« On ne peut disconvenir que ce ne soit un très habile homme, qui entend très bien l’horlogerie, et beaucoup de physique, et de mathématiques ; […] une personne qui a trouvé les longitudes, qui a découvert un agent dans la nature inconnu à tous les Physiciens »…

— 29 septembre. « Nous nous flattons que ce que vous marquez au sujet de l’électromètre n’est point un compliment et que nous pouvons nous livrer au plaisir de voir que le mémoire et le dessin nous ont confirmé dans la bonne opinion que vous en aviez déjà conçue ». Il le prie de bien vouloir lui transmettre ses remarques sur son appareil et sur son mémoire. « Nous ne doutons plus que l’attraction des corps électriques ne soit comme les surfaces, et non comme les masses, depuis que nous vous avons gagné à notre opinion. Votre remarque est très juste au sujet des étincelles que l’on tire d’une grosse barre de fer, et d’un fil d’archal. Mais si vous voulez bien faire attention, que leurs surfaces sont très différentes ; vous verrez que cela ne détruit pas ce que nous avançons. […] Quant aux barres magnétiques du Dr KNIGHT il se peut faire qu’étant d’acier trempé, les étincelles que l’on en tire soient plus vives ou d’une autre nature que celles que l’on tire d’une barre de fer ordinaire ; car il est très vraisemblable que ces étincelles varient selon la nature du corps, d’où elles partent, et qu’il ne nous manque des moyens pour nous apercevoir de ces variétés. Votre expérience sur les étincelles, dont l’intensité augmente à mesure que l’on approche de la partie supérieure d’un corps est fort curieuse. [...] La conséquence que vous en tirez, que le feu tend toujours à s’élever, paroit assez naturelle ; quant à celle qui vous fait penser que le feu qui a perdu son mouvement de projectile, gravite vers le Soleil […], il est vrai […] qu’en regardant la terre comme élastique, et le feu comme le fluide électrique il pourroit être regardé comme l’atmosphère de la terre qui s’en éloigneroit toujours par la répulsion. […] On avait bien déjà pensé que l’Électricité pouvait être l’agent universel ou la cause qui retient les Planètes dans leur orbite »…

— Paris 5 novembre 1743. Il s’inquiète de la chute de Tressan : « Si cette vilaine attraction fait tant de bien dans la nature elle y fait aussi bien des maux »... Il le félicite pour son nouveau commandement en Lorraine : « il y a longtems que je sais Monsieur que la Reine prend soin de votre fortune, on peut dire que c’est une princesse qui a le cœur excellent ». Le Roi STANISLAS doit également se réjouir de « pareille acquisition »… Diminué par une fièvre, il ne perd pas de vue le mémoire sur son électromètre…

─ On joint
• une L.A.S. de Gowin KNIGHT (1713-1772, physicien anglais, inventeur d’un procédé pour magnétiser l’acier, et fabricant de boussoles), 4 décembre 1749, au Comte de Tressan (2 p. in-4), annonçant qu’il a retardé son envoi de bars et de terrellas, pour Tressan et pour le Duc d’Orléans, car de nouvelles épreuves ont entretemps donné des résultats.
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