Lot n° 270

GAUGUIN PAUL (1848-1903) — Lettre autographe signée adressée à son épouse METTE Lutèce, le « 20 Fructidor an 91 » [7 septembre 1883], 2 pages in-12 à l'encre. — (Traces de pliure).

Estimation : 7 000 - 8 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
« Chère Madame,
Il est important que vous sachiez si le 7 septembre est un jour de fête; peut-être l'avez-vous oublié [...] ».
A cette date, les relations entre Gauguin et sa femme Mette, née Sophie Gad (1850- 1920), sont en effet particulièrement tendues. Ils se rencontrent en 1872, alors que Gauguin s'engage dans une carrière d'agent de change à la Bourse de Paris. La confortable vie bourgeoise qu'ils partagent tout d'abord s'effondre en 1882, lorsque Paul annonce à Mette qu'il abandonne son emploi pour se consacrer à la peinture. La famille tombe rapidement dans la pauvreté, amenant les époux à se réfugier au Danemark chez les parents de Mette, puis à se séparer en 1885.

« [...] Vos enfants sont les jeunes pousses qu'un rayon de soleil ranime et fortifie, vous avez une année de moins mais un enfant de plus [...] ».
En septembre 1883, lorsque Gauguin rédige cette lettre, Mette est enceinte de Paul Rollon, dit Pola Gauguin, qui naît trois mois plus tard, le 6 décembre. Pola est le cinquième enfant du couple, après Émile, Alice, Clovis et Jean René.

« [...] Je le connais votre chenapan de mari, il n'ose vous dire aujourd'hui que le 17 sept. lui rappelle une fameuse naissance [...] ».
La lettre témoigne des sentiments délicats que Gauguin conservera très longtemps à sa femme.
« Si la vie a quelquefois ses revers à côté de ce grognon de Paul en revanche le bonheur est là où on aime; chez l'époux il y a la sévérité, interrogez son coeur il vous répondra (I elske) [j'aime, en langue danoise] ».
Le ton de cette lettre dans laquelle Gauguin parle de lui à la troisième personne est assez inhabituel.
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