Lot n° 30
Sélection Bibliorare

[CUBISME]. ROSENBERG, Léonce (1879-1947), galeriste et marchand d'art ; il fut avec Kahnweiler le premier marchand et défenseur du cubisme. 2 lettres dactylographiées (l'une signée, les deux avec additions et corrections autographes). Paris, 21 août 1933. 4 pp. ½ in-4.

Estimation : 600 - 800 EUR
Description
[CUBISME]. ROSENBERG, Léonce (1879-1947), galeriste et marchand d'art ; il fut avec Kahnweiler le premier marchand et défenseur du cubisme. 2 lettres dactylographiées (l'une signée, les deux avec additions et corrections autographes). Paris, 21 août 1933. 4 pp. ½ in-4.
Très importante et passionnante lettre entièrement consacrée aux débuts du cubisme, réhabilitant Clovis Sagot - et non Kahnweiler - comme le premier galeriste à s'intéresser au cubisme. " Le marchand qui, le premier, exposa des tableaux cubistes - Picasso, Gris, Metzinger, Herbin, Gleizes, etc. - fut un marchand français : Clovis Sagot, malheureusement décédé depuis près de vingt ans. Comme il est mort et ne peut par conséquent revendiquer sa part d'initiative, ceux qui l'ont suivi peuvent impunément s'attribuer part entière. Le portrait de Clovis Sagot par Picasso - période prismatique - de la collection du Dr Reber est antérieur de deux ans à celui du marchand Kahnweiler. J'ai vu, au début de 1911, des oeuvres " prismatiques " de Picasso chez Uhde et Vollard. Parmi les professionnels, les premiers qui s'intéressèrent à Picasso, entre autres, furent dans l'ordre chronologique, le père Tanguy, Clovis Sagot, Berthe Weill, Heidelberg, Vollard et Kahnweiler. Comme vers 1910-1911 le public ne " mordait " pas encore et que de ce fait les affaires des peintres cubistes étaient plutôt mauvaises, Apollinaire et Max Jacob eurent l'idée de recommander, successivement, Picasso, Braque, Gris et Léger à Kahnweiler, fraichement venu s'installer à Paris et qui, à ce moment s'occupait de peintures " à la mode " []. Je ne suis intervenu professionnellement en faveur du Cubisme, sur les vives instances de Picasso et de divers artistes, qu'au début de la guerre. Si j'ai accepté la bataille, c'est parce que j'étais convaincu que la cause en valait la peine et que je me rendais parfaitement compte que, vu l'indifférence générale du public et l'hostilité violente des gens installés, le Cubisme, à ce moment, sans appui moral ni matériel, aurait vécu. Kahnweiler, le jour de la mobilisation, s'était réfugié en Suisse, abandonnant purement et simplement ses peintres à leur triste sort. Jusqu'en 1917 toutes les galeries étaient fermées et n'achetaient rien []. Sans chercher à me tresser des couronnes, je puis vous certifier qu'il fut autrement plus dur de tenir pendant toute la guerre, envers et contre tous, l'art abstrait tout entier, que de défendre, pendant la période paisible et prospère de 1910-1914, trois à quatre peintres cubistes. J'ajoute que de 1914 à 1917 j'étais le seul acheteur de tableaux de Matisse []. Le peintre cubiste que, tant comme amateur que comme professionnel, j'adoptais en dernier - seulement en 1917 (la partie de cartes) - fut Léger. Formé à l'art synthétique et constructif des hautes époques, j'étais un peu réfractaire à son fauvisme d'avant-guerre [] ". Plus tard dans la journée il dicte une seconde lettre pour apporter des précisions à la première, en 6 points (l'opposition Braque/Picasso du début, sa première visite chez Kahnweiler, le véritable moment de l'apparition du cubisme, etc.).
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