Lot n° 78
Sélection Bibliorare

COMARMOND Nicolas Hilaire (1737 Lyon 1792 Isle de France)

Estimation : 3 000 - 5 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
[Traite] Mémoire sur le commerce de la côte orientale d'affrique et du Golfe Persique. 1788
MANUSCRIT signé Comarmond, Au Port (de Saint-Louis Isle de France), le 30 aoust 1788 in-folio de 8 pages non chiffrées à l'encre brune (sur papier vergé filigrané) reliées par un ruban bleu.
Le ministre ayant l'intention de favoriser et d'étendre le commerce national à la côte orientale d'affrique et dans le Golfe Persique a expédié en 1785 la frégate la Vénus; Mr Le Comte de Rosily qui la commande s'est concerté avec MM. les administrateurs de l'Isle de France sur sa mission. Leur premier soin a été de trouver un négociant capable des opérations à entreprendre à la suite de la frégate du Roi. Leur choix est tombé sur le sieur Comarmond qui depuis plusieurs années s'occupait déjà de ce commerce. Le détail des expéditions qu'il a faites en conséquence sera la matière d'un mémoire particulier. Celui- ci comprendra les éclaircissements que son expérience l'autorise à présenter pour seconder les vues bienfaisantes du gouvernement. Ce n'est que d'une manière bien précaire que les françois font jusqu'à présent la traite des noirs sur la cote d'affrique où ils n'ont aucun établissement. Les noirs qui se rendent aux endroits qu'ils fréquentent sont le rebut des possessions Portugaises qui filent le long de la côte, même jusqu'au Golfe persique pour y terminer leur vente, quand ils ne rencontrent aucun de nos vaisseaux dans les différents parages où nous abbordons. Tantôt tolérés, tantôt contrariés et repoussés, soit par les Portugais, soit par les arabes répandus à cette côte, ils sont souvent dans la crainte de manquer leurs voyages, et toujours exposés à des retards et difficultés, des contributions et des incertitudes infinies. Pour prévenir cet inconvénient, tirer un parti plus avantageux de cette nouvelle branche de commerce et lui donner toute l'étendue qu'elle présente, il est à tout égard convenable de faire un Etablissement national à la côte d'affrique. Prés du cap d'elgada où se terminent les possessions portugaises est la baye de Mongalo [...]à peu de distance de Mongalo,vis-à-vis de la baye de l'Indie se trouve l'Isle Cabassere qui seroit très propre à un établissement provisoire [...]Dans ces positions,les françois se trouveroient plus au centre que les portugais. Ils pourraient par conséquent se flatter d'y attirer de préférence les traites des noirs, les denrées et tout le commerce d'échanges dont cette partie est susceptible, se procurer les esclaves de la première main,les avoir à meilleur compte que de ces établissements Portugais,et être à même de les choisir et de pouvoir en traiter une quantité suffisante pour fournir nos colonies françaises,soit de l'Amérique ou de l'Inde Orientale Mascatte par la commodité de son port par sa situation avantageuse entre le Golfe Persique et la mer rouge, est l'entrepôt naturel des denrées et riches productions de l'Arabie heureuse et des pays qui l'environnent.Ce commerce y est déjà considérable et peut le devenir bien d'avantage étant dirigé par un établissement Européen qui lui donnerait plus d'activité et tout le ressort dont il a besoin. Jusqu'à présent aucun Européen n'a encore obtenu la liberté de se fixer à Mascatte et les dispositions de l'Iman sont tellement favorables aux françois qu'ils peuvent se flatter d'y être reçu de préférence à toute autre nation, surtout lorsque ce Prince aura reçu les satisfactions que la Cour a ordonnée à l'occasion de la prise d'un de ses bâtiments richement chargé, surpris dans la dernière guerre par un corsaire Européen qui n'en profita pas. En profitant de la bonne volonté de l'Iman on pourrait établir un agent à Mascatte qui s'occuperait essentiellement à y faire rassembler des différents endroits toutes les drogueries, teinture et autres productions de ces contrées.
Si le Roi ne jugeait point à propos d'en faire la dépense, elle serait supportée par les négociants qui profiteraient de ce commerce. L'on trouve à Mascate, les gommes, les parfums divers en toutes quantités.
Noix de galles, coques du levant, noix vomiques, laques en feuilles et en grains, essences diverses, souphre, salpêtre, fleur de souphre, alun, cauris, ânes, chevaux,morphil, ambres, fruits secs, [...]Les arabes sont les seuls qui se soient jusqu'à présent occupés de ce commerce,ces productions leurs sont rapportées par de petits bateaux de tout le Golfe Persique, détroit de Babelmandel,Socotora et de toute cote d'Ethyopie et une partie de celle d'Affrique Majeure.
Partie de ces objets y sont vendus et échangés par les Banians à des caboteurs qui les transportent au Coromandel, au Gange, à Suratte, Bombay, Cochin et autres endroits de la Côte Malabarre [...]
Vis-à-vis des Mascattes,sur l'autre bord en remontant le Golfe Persique est le fleuve d'Indus où l'on peut principalement se procurer le riz et les autres grains que le Royaume de Syndy produit en grande quantité.
Depuis l'Isle Kismir et jusqu'à Bassora, la rive droite est bordée par différents ports où le commerce est en activité. Notre pavillon est pour ainsi dire oublié à cette cote et les anglois y ont une petite loge à
Bendrik Boucherre qui a pour principal objet la communication prompte des Indes Orientales avec leur métropole par la caravane qui passe à Bagdad et à Alexandrie[...]Bassora a considérablement perdu de son commerce depuis nombre d'années par la difficulté d'y aborder avec de grands vaisseaux,les bancs qui se forment journellement de l'Euphrate à l'embouchure de la rivière de Bassora, n'en permettent l'entrée qu'à de petits bâtiments.Nous pourrions y aller chercher de la première main,en côtoyant le Golfe les mêmes objets en droguerie et bois de teinture etc...pour alimenter l'entrepôt de
Mascatte. L'on y trouverait du bled en abondance et au meilleur prix possible [...]Ce dernier lieu devient donc un entrepot indispensable à la restauration du commerce de Bassora qui se trouve presque réduit à sa consommation particulière,et reprendrait son ancienne splendeur par les soins d'un agent actif et vigilant [...]on leur porterait en échange du feu et acier en barre, cuivre jaune et rouge en planches,draps et lainages, plomb, toutenague,étain, cochenille, muse de chine, vif argent, canons, boulets, fusils de maitre et des munitions, espingoles et aubuzier, pistolet, balles, pierres à fusils [....]dont on se procurerait partie en France et partie à l'Isle de France et les ventes et échanges s'en feront toujours avec bénéfice[...]Les armateurs de l'Isle de France trouveraient dans ces différentes branches de commerce des moyens d'une grande activité. La traite sur la côte d'affrique fournirait par an plus de dix mille noirs dont la plus grande partie après avoir été rafraichis et aclymatés, seroient envoyés à St Domingue [...]
COMARMOND Nicolas Hilaire (1737-1792)
Ce négociant lyonnais semble avoir été l'un des premiers à s'établir à l'Isle de France. Il s'est principalement occupé d'armement pour la traite sur les côtes d'Afrique orientale et de négoce avec son associé Pierre Lelubois.
Comarmond arme pour son compte au moins huit navires entre 1781 et 1786
En juin 1780, il propose au ministère de la marine de créer en partie à ses frais un comptoir de traite à Mongalo sur la côte de Zanzibar, le projet n'aboutit pas. Comarmond dont les affaires commerciales faiblissent dépose son bilan en mars 1790.Il se replie dans une ‘habitation' qu'il possède aux Pamplemousses où il meurt en septembre 1792.
(Bibl. G. Buti Dictionnaire des Corsaires et Pirates)
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