Lot n° 87

SADE Donatien-Alphonse, Marquis de (1740-1814) — Lettre autographe signée adressée à Gaspard-François- Xavier GAUFRIDY — [Paris, 20 février 1796 «ce vingt pluviose»]. — 3 pages ½ in-8 à l'encre sur papier (quelques taches et traces de...

Estimation : 4000 - 5000
Adjudication : 4 550 €
Description
cire rouge).
Lettre comportant une esquisse d'un baril d'huile au milieu de la deuxième page. Lettre évoquant les efforts déployés par Sade pour venir en aide au fils de Gaufridy, ses goûts en matière de confiture et son besoin d'argent. Longue et belle missive adressée à son homme d'affaires et ami Gaspar-François-Xavier Gaufridy, d'Apt.

«... Gardant ma chambre depuis 6 semaines pour une terrible ébulition de sang et un accès de goute, il m'a ete impossible dagir par moi-meme; mais l'eusse je pu je ne l'aurais pas fait connaisant la maniere infiniment plus adroite et plus chaude dont les emissaires feminins, et surtout le mien se conduisent en pareil cas...».
Son «emissaire» [sa maîtresse, Marie-Constance Quesnet] a fait parvenir à un ministre et à son «chef des bureaux» un mémoire relatif à l'incorporation par la conscription de François Gaufridy. Ces derniers s'accordent sur le fait que «... la loi [est] contre le jeune homme...», mais qu'il serait possible d'obtenir un congé. Sade enjoint Gaufridy à se presser de répondre et de fournir les pièces demandées, précisant qu'il a «... une autre corde à [son] arc, qu[?il] va employer pendant ce temps là...». Il accuse réception de «... trois ballots contenant... huit pots de confitures de differentes sortes... neuf livres de bougies, deux boites de confitures seches et deux barils dhuile...» ; il dessine la coupe d'un de ces barils et le phénomène curieux qui s'est produit à l'intérieur, l'huile s'étant figée et s'étant réduite à deux tiers; il se plaint des confitures: «... les confitures sont excellentes mais pourquoi point de chinois que jaime a la folie, et pourquoi tant dacide et de confitures rouges qui me sont positivement defendues par mon medecin...» ; par contre un pot d'anchois (dont Sade fait une obsession depuis plusieurs mois) est absent. Il conclut en évoquant six points précis concernant ses finances, parmi lesquels la vente du château de Mazan et la vente «des debris» [du château de La Coste]; il a surtout besoin de6000 livres pour payer l'emprunt forcé. Durant la Révolution de 1789, le château de La Coste avait été pillé à maintes reprises par les insurgés et les villageois, et les matériaux qui le composait revendus pour d'autres constructions.
En 1796, les «debris» de cette demeure, ainsi que ses terres, furent vendus par le marquis de Sade au député du Vaucluse Rovère, natif de Bonnieux, qui, victime du coup d'Etat du 18 fructidor, sera déporté en Guyane où il mourra en 1798.

Signed autograph letter addressed to Gaspard-François- Xavier GAUFRIDY [Paris, February 20, 1796 "ce vingt pluviose"]. 3 pages ½ in-8 in ink on paper (some stains and traces of red wax). Letter with a sketch of an oil barrel in the middle of the second page. Letter mentioning Sade's efforts to help Gaufridy's son, his taste in jam and his need for money. Long and beautiful letter addressed to his businessman and friend Gaspar-François-Xavier Gaufridy, from Apt. "«... Keeping my room for 6 weeks for a terrible boil of blood and a fit of gout, it was impossible for me to act on my own; but if I had, I would not have made him aware of the infinitely more skillful and warmer way in which female emissaries, and especially my own, behave in such cases...". His "emissary" [his mistress, Marie-Constance Quesnet] sent to a minister and his "head of offices" a memorandum concerning the incorporation by conscription of François Gaufridy. They agreed that "... the law is against the young man...", but that leave could be obtained. Sade urged Gaufridy to hurry to answer and provide the documents requested, stating that he "... has another string to his bow, which he will use in the meantime...". He acknowledges receipt of "... three bundles containing... eight jars of jams of different kinds... nine pounds of candles, two tins of dry jams and two barrels of oil..."; he draws the cup of one of these barrels and the curious phenomenon that occurred inside, the oil having frozen and reduced to two thirds; he complains about the jams: "... the oil has frozen and reduced to two thirds...".... the jams are excellent but why no Chinese that I love madly, and why so much acid and red jams that my doctor positively defends me ..."; on the other hand a jar of anchovies (which Sade has been obsessed with for several months) is missing. He concludes with six specific points about his finances, including the sale of the Château de Mazan and the sale of the "debris" [of the Château de La Coste]; above all, he needs 6,000 livres to pay the forced loan. During the 1789 Revolution, the Château de La Coste had been looted many times by insurgents and villagers, and the materials it consisted of were sold for other constructions. In 1796, the "debris" of this residence, as well as its land, were sold by the Marquis de Sade to the deputy of Vaucluse Rovère, a native of Bonnieux, who, victim of the coup d'état of 18 fructidor, was deported to French Guiana where he died in 1798.
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