Description
compositeurs Charles de Sivry et Emmanuel Chabrier jouant du piano à quatre mains.
Il s'agit sans doute d'une scène inspirée des amusements qui avaient cours rue Chaptal dans le salon de Nina de Villars (Anne-Marie Gaillard), dont Emmanuel Chabrier et Charles de Sivry étaient les habitués. Dans Souvenirs sans regrets (1897-1898), Sivry parle d'ailleurs du «terrible quadrille» qui, un soir, se termina en convocation au commissariat. Mathilde Mauté, la femme de Verlaine et demi-soeur de Sivry (qui fréquenta également le salon de Nina de Callias), évoque précisément la présente caricature dans Mémoires de ma vie (1935) :
«J'ai aussi de [Verlaine] un amusant dessin représentant Chabrier et Sivry au piano». Ami de Verlaine, le compositeur Emmanuel Chabrier (1841-1894) rencontra le poète en 1864 dans les cercles parnassiens qu'il fréquentait lui-même en passionné d'art et de littérature. Assidu comme Verlaine chez Nina de Villars, il y faisait merveille par sa drôlerie. Lui que Vincent d'Indy surnomma «l'ange du cocasse», et que Debussy reconnu «merveilleusement doué par la muse du comique», conçut avec Verlaine deux opérettes laissées inachevées en 1864, Fisch-Ton-Kan, et la parodie de Napoléon III Vaucochard et fils Ier. Verlaine lui consacra un poème dans Amour en 1888, repris dans Dédicaces en 1890 :
«A Emmanuel Chabrier» «[...] Votre génie improvisait au piano, Et c'était tout autour comme un brûlant anneau De sympathie et d'aise aimable qui rayonne [...]». Beau-frère et grand ami de Verlaine, le musicien Charles de Sivry (1848-1900) était le fils d'une pianiste qui compta Debussy parmi ses élèves. Il devint lui-même professeur de piano, chef d'orchestre au bal Robert puis au théâtre des Délassements, et servit d'accompagnateur au cabaret du Chat noir puis à celui des Quat'z Arts. Il a laissé une abondante oeuvre composée, comprenant opérettes, ballets, oratorio, etc. Il noua vers 1860 une solide amitié avec le jeune Verlaine qui épousa sa demi-soeur Mathilde Mauté en 1870. Ils fréquentèrent tous deux les mêmes salons, chez Nina de Callias, chez madame Bertaux où Verlaine tint en 1868 un rôle dans la pochade musicale de Sivry et Edmond Lepelletier Le Rhinocéros en mal d'enfant. Verlaine et Sivry conçurent un projet commun d'oeuvre lyrique, La Tentation de Saint-Antoine (1878), resté inabouti. Verlaine consacra deux poèmes «À Charles de Sivry», dans Amour, en 1888, («Mon Charles, autrefois mon frère, et pardieu bien !»), et, dans Dédicaces en 1890 : «[...] Artiste, toi, jusqu'au fantastique, Poète, moi, jusqu'à la bêtise. Nous voila, la barbe à moitié grise, Moi fou de vers et toi de musique».
♦ Superbe document.
Four-legged quadrille with self-portrait. Original drawing, signed with his initials, with handwritten caption "Quadrille à quatre pattes". [Circa 1869]. Ink and pen, 20.5 x 26.4 cm. Portrait of the composers Charles de Sivry and Emmanuel Chabrier playing the piano with four hands. This scene was no doubt inspired by the amusements that took place on rue Chaptal in the salon of Nina de Villars (Anne-Marie Gaillard), to which Emmanuel Chabrier and Charles de Sivry were accustomed. In Souvenirs sans regrets (1897-1898), Sivry speaks of the "terrible quadrille" which one evening ended in a summons to the police station. Mathilde Mauté, Verlaine's wife and Sivry's half-sister (who also frequented the salon of Nina de Callias), evokes precisely the present caricature in Mémoires de ma vie (1935): "I also have from [Verlaine] an amusing drawing representing Chabrier and Sivry at the piano". A friend of Verlaine, the composer Emmanuel Chabrier (1841-1894) met the poet in 1864 in the Parnassian circles he himself frequented as a lover of art and literature. Like Verlaine at Nina de Villars', he was a marvel at his comicality. He whom Vincent d'Indy nicknamed "the angel of comedy", and whom Debussy recognised as "wonderfully gifted by the muse of comedy", conceived with Verlaine two operettas left unfinished in 1864, Fisch-Ton-Kan, and the parody of Napoleon III Vaucochard et fils Ier. Verlaine dedicated a poem to him in Amour in 1888, which was reprinted in Dédicaces in 1890: "A Emmanuel Chabrier" "[...] Your genius was improvising at the piano, and it was all around like a burning ring of sympathy and friendly ease that radiates [...]". Brother-in-law and great friend of Verlaine, the musician Charles de Sivry (1848-1900) was the son of a pianist who counted Debussy among her students. He himself became a piano teacher, conductor at the Bal Robert and then at the Théâtre des Délassements, and served as an accompanist at the Chat Noir cabaret and then at the Quat'z Arts. He left an abundant body of work, including operettas, ballets, oratorio, etc. Around 1860 he formed a solid friendship with the young Verlaine who married his half-sister Mathilde Mauté in 1870. They both frequented the same salons, at Nina de Callias' and Madame Bertaux', where Verlaine played a role in 1868 in the musical pochade by Sivry and Edmond Lepelletier Le Rhinocéros en mal d'enfant. Verlaine and Sivry conceived a joint project for a lyric work, La Tentation de Saint-Antoine (1878), which remained unfinished. Verlaine devoted two poems "À Charles de Sivry", in Amour, in 1888, ("My Charles, formerly my brother, and forgive me well!"), and, in Dédicaces in 1890: "[...] Artist, you, to the fantastic, Poet, me, to stupidity. Here we are, half grey beard, Me mad with verse and you with music". Great document.
