Lot n° 410
Sélection Bibliorare

MERMOZ (Jean) — Discours après sa première traversée de l'Atlantique sud. — [Rio de Janeiro, 26 mai 1930]. — 3 p. sur 2 ff. in-4 (26,9 x 20,9 cm) de papier à en-tête gravé du Palace Hôtel de Rio de Janeiro, encre noire.

Estimation : 10 000 - 15 000 €
Adjudication : 9 500 €
Description
Manuscrit de travail autographe du beau discours plein de lyrisme prononcé par Mermoz après sa première traversée de l'Atlantique sud. Mermoz effectua la traversée les 12 et 13 mai 1930, de Saint-Louis-du-Sénégal à Natal, à bord de l'hydravion Latécoère 28-3, Comte de la Vaulx. « Je suis un peu ému et ma modestie ce soir est mise à une singulière épreuve. De plus mes talents oratoires inexistants me laissent tout à fait confus de ne pouvoir répondre comme je le désirerais aux affectueux compliments qu'a bien voulu m'adresser M. [l']A[mbassadeur] de F[rance] et M. B[ouilloux] L[afont]. Ce que nous avons fait Dabry, Gimié et moi, d'autres le feront bientôt ». Il fait part de son émotion au moment où ils touchèrent Natal :
« Nous avons réussi et notre plus belle récompense fut la minute où déjà en vue de Natal, nous pensâmes en véritable équipage aéropostal que nous sommes, que le courrier de France était arrivé de Paris en deux jours et presque à l'horaire fixé… au but ». Il minimise modestement la performance réalisée :
« Maintenant, ce que je dois dire avant tout, c'est que nous n'avons fait vraiment que parcourir une des étapes de la ligne qui unit Paris à B[uenos-]Aires. Une étape peut être un peu plus longue que les autres, mais jamais pour ma part, je n'ai eu l'impression de faire plus que lorsque j'effectuais un courrier sur B[uenos-]Aires -Rio de jour et de nuit par tous les temps. […]. Le pilote aéropostal a le rôle le moins effacé, peut-être, mais le plus ardu qu'il soit et si on lui demande un effort physique exceptionnel, on n'a pas besoin d'exiger de lui l'esprit nécessaire qu'il faut pour faire arriver le courrier au but fixé dans le minimum de temps. Il l'a… il est en lui… ce mot magique le 'courrier' suffit pour lui donner une volonté tenace, une énergie résolue, un esprit de sacrifice, qualités nécessaires pour renverser les multiples obstacles que l'on ne peut manquer de rencontrer sur les treize mille kilomètres qui séparent Paris de Santiago du Chili. […] Et puisque plus particulièrement ce soir vous voulez bien fêter un pilote de l'Aéropostale, je désirerais que tous mes camarades le soient : Étienne qui fut mon vieux compagnon des bons et mauvais jours, pionnier de la ligne Sud-Américaine, qui avec près de 4000 heures de vol aéropostal mérite les plus belles récompenses ; Reine et Ville, pilotes presque légendaires de la ligne de Casablanca-Dakar, venus en Amérique pour être de nouveau sur la brèche ; Guillaumet qui fait le bond hebdomadaire de la Cordillère des Andes et qui en est à sa quatre vingtième traversée… et tant d'autres. Il faudrait que je les nomme tous parce que nous sommes tous unis par cette même camaraderie de l'air dont Monsieur Bouilloux-Lafont a bien voulu faire l'apologie hier soir. [… ] ».

Le manuscrit est largement corrigé, avec des ajours et repentirs.

─ On joint :
2 transcriptions dactylographiées du discours sur papier pelure (ens. 6 ff. in-4).

─ Provenance :
Vente, Paris, le 11 octobre 2008, lot M45.

Bibliographie :
J. Mermoz, Défricheur du ciel : correspondance, 1923-1936, 2001, p. 319-322.

Quelques légères pliures et petites taches.
Partager