Lot n° 95
Sélection Bibliorare

GIDE (André). Ensemble de 5 lettres et une carte, autographes signées. — À un « bien cher maître et …

Estimation : 800 - 1 000 EUR
Adjudication : 1 000 €
Description
Ensemble de 5 lettres et une carte, autographes signées. — À un « bien cher maître et ami ». [Probablement Florence, janvier 1896]. Concernant l'envoi d'une photographie de lui, d'un souvenir de Florence ; il évoque aussi son épouse Madeleine et la sœur de celle-ci Jeanne.
— À Édouard Ducoté. La Roque-Baignard [entre Lisieux et Caen dans le Calvados], « 13 juillet » [1899]. « Ô oui ! tachez de venir pas trop loin de nous cet été ! – Votre lettre me fait si confus que je ne peux vous en remercier qu'en vous disant le plaisir que j'aurais de vous voir. La nature normande me paraît plus belle cette année. venez y voir. On y est très particulièrement bien pour parler de l'Italie ; on y travaille délicieusement ; vous verrez. Ghéon [Henri Ghéon, ami de Gide et cofondateur de la Nrf] m'annonce un poème de vous dans le prochain Ermitage [probablement « Le Maître », paru dans L'Ermitage en 1899] ; je me réjouis de le connaître... Au moment que j'allais lui écrire, Signoret [le poète Emmanuel Signoret] prend les devants pour m'annoncer son "prochain" tombeau de Mallarmé [paru dans L'Ermitage en 1899]. 200 vers, dit-il. – Je lui ai écrit quand même pour le presser ; il prétend l'envoyer dans moins d'un mois. – Et moi, que vous enverrai‑je ? que pourrai-je vous envoyer ? – Je m'empêtre pour le moment dans les difficultés de mon nouveau drame [Le roi Candaule] ; il n'y a que moi qui saurai combien j'écris difficilement. Mais le grand truc pour écrire vite c'est de ne pas composer. Les Ermites se piquent de mieux... » Directeur de la revue L'Ermitage, Édouard Ducoté (1870-1929) a publié des ouvrages en vers et en prose. C'est surtout comme directeur de cette revue littéraire symboliste qu'il reste important dans l'histoire littéraire. Fondée en 1890 par Henri Mazel, elle défend l'art pur, se distingue par son attitude éclectique et son caractère apolitique, et correspond aux conceptions personnelles de Gide qui y collabora dès 1893. Édouard Ducoté, devenu directeur en 1895, fit appel à Gide pour l'assister à la rédaction et constituer une équipe homogène, dans laquelle celui-ci fit venir plusieurs de ses amis dont Henri Ghéon. Mais la revue ne rencontra pas un succès suffisant, même après que Ducoté eut fait venir Remy de Gourmont (qui se heurta d'ailleurs à Gide), et elle cessa de paraître en 1906. L'Ermitage de Ducoté et de Gide est le principal précurseur de la Nrf. —  [À Eugène Rouart]. S.l., « lundi matin » [vers la mi-mars 1902]. « Je vais prendre connaissance de ton manuscrit [article de Rouart qui allait paraître dans L'Ermitage en mai 1902 sous le titre « L'Artiste et la société »]. Tu fais bien de m'en parler car Des Gachons ni Ducoté ne m'avaient avisé de rien [Édouard Ducoté et Jacques Des Gachons, respectivement directeur et secrétaire administrateur de la revue L'Ermitage]... Le tourment de l'unité ou l'unité du tourment. Ça manque un peu de femmes ; mais les prêtres aiment beaucoup ça. Moi je suis protestant. [Commentaire sur l'ouvrage d'Adrien Mithouard, directeur de la revue L'Occident, intitulé Le Tourment de l'unité, paru en 1901, dans lequel celui-ci exprime sa vision chrétienne du monde]. Oui, très intéressant, Barrès. Blanche le voit et m'en parle beaucoup [le peintre Jacques-Émile Blanche]. Il prétend (dit Blanche) que la vraie raison qui le fait se retirer de la politique, c'est que, traditionaliste convaincu, il ne peut pas ne pas approuver un ministère qui a déjà duré deux ans. En désaccord complet sur ce point avec Coppée et Lemaître, il se retire. C'est du moins ce que dit Blanche – en l'approuvant... » De la célèbre famille d'artistes, Eugène Rouart mena une carrière d'exploitant agricole et d'homme politique. Il fut un ami proche d'André Gide avec qui il entretint une importante correspondance.
— À Eugène [Rouart]. Rome, 24 janvier 1904. « ... Nous avons passé quatre jours à Naples, quatre jours pluvieux, hélas, et n'avons retrouvé qu'à Rome le soleil, et bien intermittent encore ; nous ne l'avons plus vu depuis Tunis. À Trapani, à Palerme, à Messine, une pluie presqu'indiscontinue. C'est en juin que je voudrais voir ces pays, ou en septembre avec l'ivresse des vendanges. Ici je sors très peu, n'entre dans presque aucune église, aucun musée ; l'air de Rome, et de m'y savoir, suffit à m'entretenir dans une exaltation saine, calme et très profitable ; je vais bien – et je dirais même très bien, si je ne souffrais du cœur depuis quelques jours. Nous avons trouvé déjà installés ici les Jean Schlumberger ; puis successivement les Fontaine, les Denis, les Mithouard sont venus nous rejoindre [l'écrivain Jean Schumberger, cofondateur de la Nrf, le peintre Maurice Denis, le poète et essayiste Adrien Mithouard, 1864-1919, fondateur de la revue L'Occident]. Mithouard trouve un peu trop que Rome manque de peupliers, mais sinon tout va bien ; d'ailleurs nous ne nous voyons pas souvent. J'ai terriblement vieilli depuis 6 mois – du visage tout au moins. Je ne me reconnais plus dans les glaces. »
— À Louis Fabulet. Cuverville (Seine-Maritime), 27 septembre 1910. « ... Depuis deux mois, j'ai vécu en Wilhelm Meister [personnage de Johann Wolfgang von Goethe], fatiguant à l'excès mon corps sous prétexte de reposer mon esprit, que j'avais probablement surmené au printemps et que je me propose de surmener à neuf cet automne. Oui, si vous nous deviez sortir un Kipling de derrière les fagots, peut-être ne serait-il pas de refus à la N.R.F. Mais son rôle est plutôt de donner ce que l'on ne peut trouver ailleurs. (Et vous savez par saint François que la pierre de rebut est appelée à devenir la principale pierre d'angle !)... Où êtes vous à présent ?... À Rouen ? En Bretagne ? À Assise ?... Volontiers je vous vois là-bas. Si vous y rencontrez Paul Sabattier [le théologien Paul Sabatier, fondateur à Assise en 1902 de la Société internationale des études franciscaines], saluez-le bien bas de ma part. J'ai gardé un inaltérable souvenir des huit jours que j'ai passés près de lui sur le flanc sacré de cette belle montagne... » Le traducteur Louis Fabulet (1862-1933) a travaillé sur les œuvres d'auteurs tes que Byron, Thoreau ou Whitman, mais c'est surtout Kipling qui l'occupa : il en traduisit plus d'une douzaine de volumes, la plupart en collaboration avec Robert d'Humières.
— À Louis Fabulet. [Paris, 31 mars 1914, d'après le cachet postal]. Au recto, la reproduction d'un manuscrit peint de l'Antiquité tardive représentant Virgile. « Mon cher ami, me voici forcé de partir demain pour Cuverville ! Vais-je du moins vous épargner une course à Auteuil. Écrivez-moi... Quels sont vos projets – et si je peux vous voir à Rouen, au passage à mon retour – par exemple. Bien cordialement... »
— Aux éditions Larousse. Roquebrune, 1er mars 1921. « ... J'autorise la maison Larousse à éditer à Vienne, en langue française, mon livre La Porte étroite. »
Partager