Lot n° 1093
Sélection Bibliorare

BEETHOVEN Ludwig van (1770-1827). — L.A.S. « Ludwig van Beethowen », [Vienne] 11 juin 1811, au comte Ferdinand PÁLFFY VON ERDÖD ; 4 pages in-4 (légères brunissures et traces de montage) ; en allemand.

Estimation : 50 000 - 60 000 €
Adjudication : 62 400 €
Description
Au sujet de son projet d’opéra sur Les Ruines de Babylone.

[Le Comte Ferdinand PÁLFFY von Erdöd (1774-1840) était administrateur du Burgtheater et un des directeurs de l’Opéra Impérial. Les Ruines de Babylone, ou Giafar et Zaïda, « mélodrame historique » de PIXERÉCOURT, avait été créé au théâtre de la Gaîté le 30 octobre 1810, avec une musique de Gérardin-Lacour.]
Beethoven apprend que l’acteur Leopold SCHOLZ veut bientôt représenter à son bénéfice au Theater auf der Wieden le mélodrame Les Ruines de Babylone, que Beethoven voulait composer en opéra, comme il en avait informé le Comte. Il ne comprend rien à cette trame d’intrigues. Ce mélodrame donné sur la scène du Wieden fera salle comble tout au plus cinq ou six fois.
La musique en est mauvaise, elle ne vaut rien. Mais comme opéra, c’est une musique qui restera et qui certainement sera sans comparaison plus avantageuse pour le théâtre de l’Opéra, notamment du point de vue commercial. Il est très difficile de trouver un bon livret d’opéra ; depuis un an, Beethoven en a refusé pas moins de douze ou davantage. Il a dû payer de son escarcelle sans recevoir rien d’utilisable. Et c’est maintenant, à l’occasion du bénéfice d’un acteur, qu’il en devrait et pour lui et pour le théâtre du comte résulter un maléfice ? Beethoven espère qu’après mûr examen le comte interdira à l’acteur de représenter ce mélodrame, puisque Beethoven lui a fait part de son intention de le composer en opéra. Il était si content d’avoir trouvé ce sujet qu’il en a même parlé même à l’Archiduc et aussi à d’autres intellectuels, et chacun a trouvé l’idée excellente. Il a même adressé une notice à la presse étrangère pour éviter qu’il soit quelque part ailleurs exploité comme opéra, et il devrait maintenant se dédire, et pour des motifs si futiles ! Il attend du comte une réponse rapide et satisfaisante…

« Ihro Excellenz!
Wie ich Höre, will der Schauspieler Scholz das Melodram „les ruines de Babilone» welches ich als oper schreiben wollte, und ihnen schon angekündigt habe, zu seinem Bènefice im T[heater] a[n der] W[ien] in einiger Zeit geben, ich bin nicht im stande dieses gewebe zu durchschauen, ich vermuthe sie wissen wohl nichts davon, wie es immer sey, so können sie überzeugt seyn, daß als Melodram auf der Wieden gegeben, das Hauß höchstens 5 auch 6 mal voll seyn werde, Die Musik dazu ist schlecht, elend, als oper wird es ein bleibendes Werck werden, und gewiß ohne Vergleich selbst Merkantilisch Vortheilhaftere Wirkungen für ihr Theater hervorbringen, Es ist so schwer ein gutes Buch zu finden für eine oper, ich habe seit vorigem Jahr nicht mehr als 12 d.g. zurück gegeben, ich habe selbst aus meinem Sack bezahlt, und konnte doch nichts brauchbares erhalten, und nun soll wegen einem Benefice eines schauspielers für mich und ich behaupte keck für ihr Theater ein Malefice entstehen? – ich hoffe von ihrer beßeren Einsicht, daß sie dem Schauspieler S. verbieten werden, dieses Melodram zu geben, indem ich ihnen meinen Vorsaz es als oper zu schreiben schon früher mitgetheilt habe, ich war so froh dieses Sujet gefunden zu haben, daß ich es selbst dem ErzHerzog mitgetheilt habe und auch andern Menschen von Geist, und jeder hat es vortreflich gefunden, ich habe selbst schon in ausländische Zeitungen geschrieben, Es einrücken zu laßen, damit es anderwo nicht zur oper bearbeitet werde, und nun soli ich’s widerrufen, und das aus so nichtigen Gründen?
Ich erwarte und bitte sie um eine schnelle gefällige Antwort, damit ich wisse, woran ich bin, indem sonst zu viel Zeit verloren geht »…
Beethoven Briefwechsel (Brandenburg n° 504) ; Anderson n° 312.
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