Lot n° 37
Sélection Bibliorare

THOMAS D’AQUIN (Saint).—De veritate catholicæ fidei contra errores gentiles.— Venise : Franz Renner, Nicolas de Francfort, [1476]. — In-4 et petit in-folio, 229 x 160 : (285 ff. sur 286, mq le dernier blanc) ; car. goth., deux col....

Estimation : 4000 - 6000
Adjudication : 10000 €
Description
de 42 lignes. — Peau de truie taupe, filet à froid en bordure des plats, dos à nerfs, tranches rouges (reliure du XXe siècle).
Hain, *1386. - Goff, T-192. - BMC, V, p. 193. - Pellechet, 987.

Troisième édition incunable, la première vénitienne, de la Summa contra gentile, ou Livre sur la vérité de la foi catholique contre les erreurs des infidèles, de Saint Thomas d’Aquin (1225?-1274).

Maître en théologie, Thomas d’Aquin a eu une haute conscience de sa vocation de docteur, au service de la vérité. Il s’était rendu compte de la révolution intellectuelle qui s’accomplissait en Occident depuis le début du siècle, sous l’influence de la philosophie païenne et en particulier de l’aristotélisme. Il élabora une philosophie authentique pour les besoins de la chrétienté de son temps et pour repenser tous les problèmes théologiques. En cela la philosophie de Thomas d’Aquin était une philosophie nouvelle, synthèse originale de l’aristotélisme et du néoplatonisme qu’il faut voir comme la première philosophie digne de ce nom que la civilisation chrétienne ait produite.

Il écrivit plusieurs traités en ce sens dont celui-ci qu’il composa durant son premier séjour à Paris dans les années 1250 pour combattre les adversaires des mendiants. Il s’agit du second traité de théologie de l’auteur, faisant suite à son Commentaire des Sentences, constituant une large synthèse chrétienne de la pensée philosophique aristotélicienne. Il se divise en deux grandes parties, la première comprenant 3 livres et la seconde un livre, dans lesquelles le philosophe entreprend de réfuter les erreurs des philosophes païens de l’Antiquité et des religions non chrétiennes.

L’édition princeps de ce texte parut à Strasbourg dans les premières années de 1470, avant 1474. Celle-ci en est la troisième, après celle de Strasbourg précédemment mentionnée et celle de Rome sortie des presses d’Arnold Pannartz le 20 septembre 1475. Elle est imprimée en caractères gothiques, sans signatures ni réclames. Il est à noter que les cahiers sont soit in-4 soit in-folio.

Bon exemplaire complet, excepté du dernier feuillet blanc, entièrement rubriqué en rouge, dans une reliure signée, mais dont la signature est difficile à identifier.

♦ EXEMPLAIRE COMPRENANT UNE RARE SENTENCE ECCLÉSIASTIQUE MANUSCRITE DE L’ÉPOQUE.

Il comporte effectivement sur le premier feuillet une rare et très intéressante sentence ecclésiastique manuscrite de l’époque qui a fait l’objet d’une étude et d’une publication par Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu dans la revue bruxelloise Graphica le 15 mai 1947, sous le titre : Une curieuse sentence ecclésiastique.

Colbert de Beaulieu lui-même a fait rajouter en regard de la sentence originale sa transcription et sa traduction. Cette sentence, émanant du couvent de l’ordre de Saint Benoit à Eugubio, est datée du 12 octobre 1479 ; en voici la traduction faite par M. Colbert de Beaulieu :

« Avis à tous ceux que les présentes verront : Le couvent de notre monastère de (l’ordre de) S. Benoît à Eugubio s’étant plaint à nous de ce que le frère François Broscus, anciennement prieur dudit monastère, n’ai pas causé un préjudice minime au dit monastère en vendant un cheval avec son manteau, appartenant audit monastère (de l’ordre) de S. Benoît à Eugebio, ce cheval et ce manteau ayant été vendus sans l’agrément dudit couvent, et comme nous sommes tenus par devoir de justice de rendre à chacun son bien, nous, frère Jacques de Carpo, abbé général de l’ordre de Monte Oliveto, et Jérôme Benoît, visiteur dudit ordre, décidons ce qui suit : En compensation dudit dommage, la propriété de ce livre reviendra à ce monastère (de l’ordre) de S. Benoît susindiqué, sans que d’aucune manière ledit frère François puisse réclamer ledit livre qui au contraire sera réservé à l’usage perpétuel des frères destinés à séjourner en ce monastère. En foi de quoi, moi frère Jérôme susdit, en vertu du mandat de révérend père abbé général, consigne la présente mention de ma propre main, en l’an du Seigneur 1479, le 12 octobre ».

Eugubio désigne la ville de Gubbio en Italie, qui faisait partie de l’ancien duché d’Urbino.

Sous la sentence se trouve une mention manuscrite d’une autre main, ainsi identifiée par Colbert de Beaulieu : « Ex monast(erio) S(ancti) Petri de Eugubio ». On peut avoir une interrogation sur le dernier mot « Eugubio » qui ne semble pas être le mot inscrit. Sous cette mention figure le cachet répété indiquant « D(ominus) Petrus Paulus Petri Battatius abbas S. Petri » pour « Dom Pierre Paul Battati abbé de Saint Pierre ». Ces cachets sont postérieurs aux notes.

On trouve enfin dans la marge basse au verso du feuillet 236 une note en italien du XVIe siècle relatant une erreur de placement de feuillets au moment de la reliure. Cette erreur a semble-t-il été réparée lorsque l’exemplaire fut de nouveau relié au XXe siècle.

Quelques frottements d’usage au dos, usures à la coiffe de tête, petite fente à un mors, coins légèrement émoussés. Traces de mouillures sans gravité dans quelques marges.

─ Provenance :
- Monastère de l’ordre de Saint Benoît à Eugubio.
- Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, avec ex-libris.
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