Lot n° 17
Sélection Bibliorare

LIVRE D'HEURES (À L'USAGE DE ROME). — latin et en français, manuscrit enluminé sur parchemin. — France, Paris et Rouen, vers 1495-1500. — Avec 56 miniatures dont 13 grandes miniatures et 43 petites miniatures par des artistes rouennais...

Estimation : 120 000 - 150 000 €
Adjudication : Invendu
Description
(Robert Boyvin et Jean Serpin) et deux artistes parisiens le Maître de Robert Gaguin (actif à Paris dans le dernier quart du XVe siècle jusque vers 1500) et le Maître des entrées parisiennes (actif à Paris de 1500 à 1520) [à noter que deux petites miniatures sont sans doute peintes par le Maître d'Etienne Poncher]. — 116 ff., précédés et suivis d'un feuillet de garde de parchemin, sans miniature prévue pour complies des Heures de la Vierge [collation : i6, ii6, iii8, iv8, v8, vi8, vii8, viii8, ix6, x8, xi8, xii8, xiii9 (8+1, feuillet inséré entre ff. 82 et 83 ; réclame perceptible), xiv7 (8-1, manque un feuillet entre ff. 98-99), xv11 (12-1, manque i, sans doute un feuillet blanc annulé : ce cahier est copié par une main différente), xvi7 (8-1, manque viii, certainement un feuillet blanc)], quelques réclames horizontales, écriture bâtarde calligraphique (deux modules, une écriture plus petite), seconde main pour un cahier (ff. 99-109v), texte sur une colonne, jusque 20 lignes par page, réglure à l'encre rouge pâle (justification : 70 x 95 mm), certains passages soulignés en rouge, rubriques rouge foncé, bout-de-lignes en rouge foncé avec décor à l'or liquide, initiales en rouge foncé (quelques-unes sur fond bleu) avec décor à l'or liquide (1- à 2-lignes de hauteur), quelques initiales peintes en bleu ou mauve avec rehauts blancs sur fonds d'or avec motifs floraux (2- à 3-lignes de hauteur), bordures droites compartimentées à toutes les pages, avec décor de feuilles d'acanthe bicolores, fleurs, fruits et petit points dorés, ces mêmes bordures sur quatre côtés sur les pages avec miniatures à l'exception des feuillets 22 et 67 avec les miniatures inscrites dans des encadrements architecturés dorés avec sculptures en pied dans des niches, et à l'exception des feuillets 38 et 80 qui présentent des bordures plus abouties (Jean Serpin) avec des fleurs au naturel, des animaux et grotesques sur fonds d'or, avec 13 GRANDES MINIATURES (deux compositions (ff. 22 et 67) contiennent en bas de page des scènes auxiliaires, ce qui explique le décompte erroné de 45 petites miniatures inscrit au verso de la première garde) et 43 PETITES MINIATURES (dont 24 au calendrier). ─ Ce manuscrit de facture rouennaise est achevé ou continué par trois artistes parisiens. Un examen appliqué de la mise-en-page révèle que si le manuscrit fut effectivement peint en Normandie, il reçoit de manière quasi contemporaine des ajouts par des artistes parisiens. ─ Reliure de parchemin rigide (XIXe siècle), dos lisse, ornée de fleurons dorés et filets, triple encadrement sur les plats de filets dorés avec fer central doré, tranches dorées. Bon état général : signalons quelques taches au parchemin mais seulement dans les marges. Miniatures en très bel état de conservation. Quelques frottements à la reliure, tache sur le plat inférieur. ─ Dimensions : 120 x 165 mm. ─ Manuscrit avec un cycle important de 56 miniatures, oeuvre de collaboration entre Rouen et Paris, témoignage des échanges entre les deux villes à la fin du XVe siècle. Ce manuscrit est une oeuvre de collaboration, entre artistes de deux villes à savoir Rouen et Paris : il apparait que le manuscrit fut commencé à Rouen, puis «terminé» ou «achevé» de manière quasi-contemporaine à Paris. L'essentiel du manuscrit est peint par un artiste rouennais, dont l'identité nous est connue, Robert Boyvin (actif à Rouen de 1486 à circa 1520 (ou plus tard dans les années 1530 ?)). On remarque aussi la main d'un second artiste, «vignetteur» c'est-à-dire spécialisé dans la décoration des bordures, Jean Serpin (actif aussi à Rouen vers 1500-1520). Ces artistes normands ont donc assuré l'essentiel des présentes Heures, notamment toutes les grandes miniatures pour le péricope évangélique selon Saint Jean, les Heures de la Vierge, les Psaumes de la Pénitence et l'Office des morts (à l'exception du Songe du chanoine Arnoul (fol. 110) et la grande Trinité (fol. 99v) au commencement des Suffrages. Il faut replacer ce livre d'heures, fort original, dans le cadre des relations entre les villes de Rouen et de Paris, avec d'un côté les enlumineurs au service du Cardinal d'Amboise - notamment Robert Boyvin et Jean Serpin et de l'autre les artistes parisiens dans la lignée du Maître de Robert Gaguin, héritier du Maître de Jacques de Besançon, et le Maître des entrées parisiennes en association avec le Maître d'Etienne Poncher. → Robert Boyvin est un artiste - dit «historieur» dans les comptes - dont la personnalité et l'importance pour l'histoire des manuscrits enluminés ont récemment été remis en lumière (E. Adam, «Retour sur l'oeuvre de Robert Boyvin, enlumineur à Rouen vers 1500», dans Peindre à Rouen au XVIe siècle, dir. F. Elsig, 2017, pp. 101-119 ; voir aussi les travaux pionniers d'Isabelle Delaunay). → Robert Boyvin est formé à Rouen, et semble avoir été inspiré des modèles et compositions d'artistes rouennais antérieurs, notamment le Maître de l'Echevinage de Rouen. Installé «à la quatrième échoppe du côté de l'archevêché au portail des libraires », enlumineur prolifique et fécond, on conserve au dernier recensement quelquesquatre-vingts manuscrits de sa main, dont plusieurs sont dits « livres d’étal » vendus dans son échoppe mais dont d’autres sont des « livres de commande » personnalisés pour un commanditaire (voir Adam,, 2017, p. 104). Elliot Adam, dans sonétude récente, rend bien compte de l’importance de Boyvin pour l’art de l’enluminure sous Louis XII : « Pourtant, lesuccès rapide que connut la facture traditionnelle de Robert Boyvin dans les années 1490 et son adaptation difficile aucontexte des années 1510, marquées par l’adoption croissante du goût à l’antique, font de lui un témoin privilégié de la période hybride que constitue le règne de Louis XII pour les arts de la couleur en France » (Adam, 2017, p. 101). Plusieurs grandes miniatures sont comprises dans des encadrements architecturés dorés figurant des sculptures en pied qu’affectionnait particulièrement Robert Boyvin, avec parfois deux registres permettant une seconde scénette en bas depage (notre manuscrit fol. 38 et fol. 80). Ces compositions et mise-en-pages se retrouvent dans d’autres manuscrits attribués à Boyvin, par exemple dans les Heures de Jean Ier Louvel à l’usage de Rouen, vers 1490-1500 (Cherbourg, Bibliothèque municipale, ms. 5) : ce manuscrit est intéressant car comme dans les présentes Heures (Echelle de Jacob (fol. 22), l’Office de la Vierge s’ouvre par un sujet rare vétéro-testamentaire (Moïse et le Buisson Ardent, voir Adam, 2017, fig. 65). Cette mise-en-page à deux niveaux avec des encadrements architecturés dorés se retrouve aussi dans des Heures à l’usage de Rouen, de l’ancienne collection Servier (Paris, Vente Drouot, 18 novembre 2015, lot 15). → Robert Boyvin collabore dans notre manuscrit avec Jean Serpin, autre personnalité rouennaise intéressante, enlumineur« vigneteur » dont on reconnait la main dans plusieurs ouvrages, le plus célèbre étant le Sénèque, Epistolae commandité par le Cardinal d’Amboise pour sa bibliothèque de Gaillon : les deux enlumineurs Robert Boyvin et Jean Serpin s’associent en 1503 pour la décoration du manuscrit de Sénèque inspiré des manuscrits humanistiques italiens (Paris, BnF, latin 8551 ; voir Avril et Reynaud, 1993, no. 235 ; la collaboration de Boyvin et Serpin se retrouve dans d’autres manuscrits, par exemple le Bréviaire de Charles de Neufchâtel, un temps administrateur du diocèse de Bayeux (Besançon, BM, MS 69), voir Adam, 2017, p. 103). Dans le présent manuscrit, les bordures de la Nativité et de Job sur le fumier sont attribuablesà Jean Serpin : on relèvera les riches décors de fleurs naturalistes sur fonds d’or peuplés d’un bestiaire divers et d’hybrides zoomorphes (Sur ces deux artistes normands, voir I. Delaunay, « Le manuscrit enluminé à Rouen au temps du cardinal Georges d’Amboise : l’œuvre de Robert Boyvin et de Jean Serpin », Annales de Normandie 45e année, n°3, septembre 1995, pp. 211-244). Les deux artistes ont aussi collaboré dans plusieurs livres d’heures, par exemple des Heures à l’usage de Sarum et Poitiers (Besançon, BM, MS 136). D’autres manuscrits contenant des bordures de Jean Serpin sont recensés, par exemple des Heures à l’usage de Rouen avec des bordures de Serpin, et des miniatures d’un autre peintre rouennais àsavoir le Maitre d’Ambroise le Veneur (Providence, RISD Museum, 2011.30).
Ce manuscrit de facture rouennaise est achevé ou continué par trois artistes parisiens. Un examen appliqué de la mise-en-page révèle que si le manuscrit fut effectivement peint en Normandie, il reçoit de manière quasi contemporaine des ajoutspar des artistes parisiens.
Le commanditaire des Heures a peut-être ressenti le besoin de faire illustrer le calendrier et de rajouter deux cahiers de suffrages et le très original « Songe du chanoine Arnoul ». Ou alternativement, le manuscrit aquitté la Normandie pour être vendu à Paris et complété par un second commanditaire. Autant de questions que l’on peut se poser, car il est clair que les miniatures du calendrier ont été rajoutées dans les marges inférieures et que les artistes ont également prévu de faire les « raccords » de bordures enluminées dans le même style que les bordures droites de la première campagne d’enluminure. On confie au Maître des entrées parisiennes (actif de 1500 à 1520) la tache d’illustrer le calendrier, et les péricopes évangéliques. Cet artiste, contemporain de Jean Pichore, est ainsi nommé en raison des livrets de circonstance exécutés en série relatant les entrées à Paris des reines Marie Tudor épouse de Louis XII et Claude de France épouse de François Ier. Il serait identifié à « Jean Coene IV », en raison d'une signature laissée sur une de ses œuvres(voir les travaux de E. König et I. Delaunay). Par ailleurs, on reconnait dans le présent manuscrit également la main duMaître d’Etienne Poncher (actif de circa 1490 à 1510) dans deux petites miniatures rajoutées pour illustrer les prières mariales avant l’Office de la Vierge (fol. 16v : Vierge au voile bleu et fol. 19 : Pietà) [sur cet artiste voir n° 15 supra].
Rappelons que les deux artistes, le Maître des entrées parisiennes et le Maître d’Etienne Poncher ont collaboré dans certains manuscrits : citons par exemple Les Gestes des Comtes de Dammartin (Angers, BM, MS 2320) (voir I. Delaunay « La productionen série dans les livres d’heures parisiens vers 1480-1500 », Revista d’Arte. Mélanges offerts à F. Joubert, Seria quinta vol. VII,2017, pp. 283-287 ; sur le Maître des entrées parisiennes, voir Orth, 2015, vol. 2, cat. 19-22).

Un cahier entier (ff. 99-109) et le début du cahier qui suit (fol. 110) sont peints par un second artiste parisien, plus rare et appliqué, le Maître de Robert Gaguin (actif à Paris dans les années 1480 et 1490, et certainement jusqu’aux premièresannées du XVIe siècle). → Le Maître de Robert Gaguin peint les petites miniatures des suffrages aux saints et signe la très belle et intéressante miniature du « Songe du chanoine Arnoul » (fol. 110) qui suit immédiatement les suffrages : la Vierge,d’une grande douceur, se tient debout au pied de la couche du chanoine Arnoul, endormi, au visage finement modelé. LaVierge lui porte une missive cachetée : au sol un tabouret avec un bougeoir. La rubrique indique en français : — Ceste oraison doit on dire chacun samedi en l’onneur de Nostre Dame. Ung homme devost religieu et chanoyne estoit qui eut nom Arnoul. Lequel estoit bien aymé de Dieu et de sa bonne mère car nuit et iour les servoit.—
Le Maître de Robert Gaguin est un artiste nommé par Nicole Reynaud d’après un exemplaire de la traduction françaisedes Commentaires de Jules César commanditée par Robert Gaguin, général des Trinitaires, puis offerts à Charles VIII en1488 (Antiquariat Tenschert ; Avril et Reynaud, 1993, p. 262).
Ce Maître était un jeune collaborateur et disciple du Maîtrede Jacques de Besançon, artiste parisien : il travaille pour l’imprimeur Antoine Vérard et semble avoir été le plus souventchargé d'enluminer des manuscrits et incunables profanes. Néanmoins, quelques livres d'heures lui sont aussi attribués :Yale, Beinecke Library, MS 411 ; Philadelphie, Free Library, ms Lewis 113 ou encore le manuscrit vendu très récemmentprovenant de la collection Rosenberg, dit Heures de « A et L » (Christie’s, 23 avril 2021, lot13) dans lequel on reconnaitla main du Maître de Robert Gaguin et celle de deux autres artistes parisiens à savoir le Maître de Martainville et un émuledu Maître de la Chronique scandaleuse (Sur le Maître de Robert Gaguin, voir Avril et Reynaud, 1993, cat. 141, 141 bis,142).
Le présent livre d’heures témoigne des relations artistiques et d’échanges entre Rouen et Paris, dont le plus célèbre exempledemeure les commandes faites par le Cardinal d’Amboise auprès d’artistes normands (Robert Boyvin, Jean Serpin) et parisiens (Jean Pichore, Maître des Triomphes de Pétrarque) :
« Pour autant, on ne saurait nier l’intensité des échanges artistiquesqu’entretenaient Paris et Rouen vers 1500 en raison aussi bien de la circulation avérée des manuscrits et des imprimés, des artisteset des commanditaires que de l’empreinte durable laissée par Jean Pichore et le Maître des Triomphes de Pétrarque sur le milieurouennais du début du siècle et dont témoigne ici l’œuvre de Robert Boyvin » (Adam, 2017, p. 112).

─ Provenance
•1 - Manuscrit copié entre Paris et Rouen pour un usage liturgique « universel » à savoir celui de Rome. L’analyse stylistiquepermet de conclure à une œuvre de collaboration entre artistes rouennais et artistes parisiens. Le relevé des saints au calendrier et dans les litanies suggère effectivement une région d’origine dans le nord et en Nomandie (voir relevé dessaints ci-dessous). On relèvera aux Suffrages l’inclusion de Saint Adrien (aussi au Calendrier) et de Saint Claude (aussidans les litanies).
• - France, collection particulière.

─ Texte
ff. 1-12v, Calendrier, en français, à l’encre bleue, rouge et or, à l’usage non identifiable ou du moins présentant des saints honorés généralement dans le nord (Picardie, Artois) et en Normandie ; en lettres d’or, la Circoncision, l’Épiphanie et la Chandeleur, un ensemble autour de la Nativité (Noël, saints Étienne, Jean, Innocent et Thomas Becket), et seulement deux autres saints : Catherine d’Alexandrie (25 novembre) et Thomas l’apôtre (21 décembre) ; parmi les autres saints, relevons : Amand (6 février), Faron (trois fois, 11 janvier, 3 mars, 29 octobre), Adrien (4 mars), Quentin (2 fois, 30 mars et 31octobre), Fremin (Firmin) (2 fois, 13 janvier et 19 avril), Gertrude (17 mars), Bertin (2 fois, 16 juillet et 23 décembre),Vaast (15 juillet), Arnoul (en bleu, 18 juillet) ; Ferioul (2 fois, 16 juin et 18 septembre), Fare (7 décembre), Fuscien (11décembre), Nicaise (14 décembre), Eloi (28 juin) ; particulièrement honorés en Normandie, les saints suivants : Mellon(en bleu, 22 octobre) ; Romain (en rouge, 23 octobre) ; Maclou (en rouge, 7 septembre ; en rouge, 15 novembre) ; Aignan(en rouge, 17 novembre) ; Geneviève (en bleu, 26 novembre) ; notons également des saints anglo-saxons tels Edmond (2fois, 16 mars et 16 novembre) et Bede le Vénérable (30 mai) liés aux régions en France occupées par les Anglais. A noterque certains saints sont honorés sur deux jours, par exemple Saint Venant (10 et 11 octobre) ou encore Sainte Euphémie(16 et 17 septembre) ; signalons aussi l’inclusion de Saint Dominique (5 juillet) : on retrouve Saint Dominique également dans les litanies (fol. 76v).
ff. 13-16v, Péricopes évangéliques ;
ff. 16v-19, Obsecro te (désinence masculine, « ...mihi famulo tuo... » (fol. 18)) ;
ff. 19-21v, O intemerata ;
ff. 21v-56v, Heures de la Vierge selon l’usage de Rome, rubrique, Sequuntur hore beate marie virginis secundum usumromanum ; avec matines (ff. 22-28v) ; laudes (ff. 29-36) ; matines de la Croix (ff. 36v-37v) ; matines des Heures du Saint-Esprit [sans miniature : elle n’était pas prévue] (f. 37v) ; prime (ff. 38-41), avec antienne, Assumpta es et capitule, Que estista ; tierce (ff. 41v-44) ; sexte (ff. 44v-46v) ; none (ff. 47-49v), avec rubrique annonçant à tort « Ad vesperas » ; vêpres (ff. 50-53) ; complies (ff. 53v-56v ; sans miniature, section annoncée au bas du fol. 53 par une rubrique) ;
ff. 56v-66v, Heures des jours de la semaine ;
ff. 67-79v, Psaumes de la Pénitence et litanies (ff. 75-77v) ; parmi les saints à relever dans les litanies, citons : Nicaise, Nicolas, Claude, Dominique, Hilaire, Radegonde, Geneviève, Opportune.
ff. 80-99, Office des morts (usage de Rome), avec neuf leçons et les répons suivants : (1) Credo quod ; (2) Qui Lazarum ; (3) Domine quando ; (4) Memento mei ; (5) Heu michi ; (6) Ne recorderis ; (7) Peccantem me ; (8) Domine secundum ; (9) Libera me ;
ff. 99v-109v, Suffrages aux saints, dont Trinité ; Michel ; Jean-Baptiste ; Jean l’Evangéliste ; Christophe ; Sébastien ;Adrien ; Nicolas ; Antoine ; Claude ; Anne ; Marie Madeleine ; Catherine ; Barbe ; Marguerite ; Geneviève ; TousSaint ;
ff. 109v-115v, Prière liée à la Légende du chanoine Arnoul, rubrique (fol. 109v), Ceste oraison doit on dire chascun samedien l’onneur de nostre dame. Un homme devost religieu et chanoyne estoit qui eut non Arnoul. Lequel estoit bien aymé de dieu et de sa bonne mere car nuit et jour les servoit ; incipit, « Missus est Gabriel angelus ad mariam virginem... » ; suivi de prières.

Cette légende se trouve que dans trois des quelques trois cents livres d’heures manuscrits de la Bibliothèque nationale de France décrits par Leroquais (Latin 1168, Heures à l’usage de Châlons-sur-Marne ; Latin 1411, Heures à l’usage de Rouen ; Latin 13285, Heures à l’usage de Salisbury ; voir Leroquais, Les livres d’Heures manuscrits de la Bibliothèque nationale, Paris, 1927, I, p. 95 et 250, II, pp. 28-29). La Vierge apparaît au chanoine Arnoul pendant son sommeil et lui remet une oraison, promettant à tous ceux qui la diront tous les samedis en son honneur, qu’elle leur apparaîtra cinq fois au moment de leur mort pour leur apporter aide et réconfort. Elle est illustrée aussi dans deux autres manuscrits, notamment dans des Heures à l’usage de Paris, conservé sous la cote Paris, BnF, latin 18017, fol. 153 (peint par le Maître d’Etienne Poncher ; voir Delaunay, 2000, pp. 291-294, fig. 378) ; un autre exemple de la remise de la lettre au chanoine Arnoul par la Viergese trouve dans un livre d’heures à l’usage de Chartres : Paris, BnF, latin 1376-1387 (datable après 1497)). ff. 116-116v, feuillet blanc réglé.

─ Illustration
Ce manuscrit contient 43 petites miniatures (dont 24 au Calendrier) et 13 grandes miniatures :
f. 1, mois de janvier, travaux des mois : Ripailles (un homme au coin du feu, mange et boit ; un serviteur lui porte dupain) ;
f. 1v, mois de janvier, signe du zodiaque : Verseau ;
f. 2, mois de février, travaux des mois : Couple se chauffant au feu ; f. 2v, mois de février, signe du zodiaque : Poissons ;
f. 3, mois de mars, travaux des mois : Taille de la vigne ;
f. 3v, mois de juin, signe du zodiaque : Bélier ;
f. 4, mois d’avril, travaux des mois : Jeunes filles tressant des couronnes ;
f. 4v, mois de juin, signe du zodiaque : Taureau ;
f. 5, mois de mai, travaux des mois : Cavalier ;
f. 5v, mois de juin, signe du zodiaque : Gémeaux ;
f. 6, mois de juin, travaux des mois : Fenaison ;
f. 6v, mois de juin, signe du zodiaque : Cancer ;
f. 7, mois de juillet, travaux des mois : Moissons ;
f. 7v, mois de juillet, signe du zodiaque : Lion ;
f. 8, mois d’août, travaux des mois : Vannage ;
f. 8v, mois d’août, signe du zodiaque : Vierge ;
f. 9, mois de septembre, travaux des mois : Foulage du raisin ;
f. 9v, mois de septembre, signe du zodiaque : Balance ;
f. 10, mois d’octobre, travaux des mois : Semailles ;
f. 10v, mois d’octobre, signe du zodiaque : Scorpion ;
f. 11, mois de novembre, travaux des mois : Glandée ;
f. 11v, mois de novembre, signe du zodiaque : Sagittaire ;
f. 12, mois de décembre, travaux des mois : Boulanger ;
f. 12v, mois de décembre, signe du zodiaque : Capricorne ;
f. 13, Saint Jean sur l’île de Patmos (grande miniature, dimensions : 92 x 65 mm) [enlumineur : Robert Boyvin] ;
f. 14v, Saint Luc et son symbole (petite miniature, dimensions : 34 x 45 mm) [Maître des entrées parisiennes] ;
f. 15, Saint Mathieu et son symbole (petite miniature, dimensions : 33 x 50 mm) [Maître des entrées parisiennes] ;
f. 16, Saint Marc et son symbole (petite miniature, dimensions : 33 x 50 mm) [Maître des entrées parisiennes] ;
f. 16v, Vierge en prière (petite miniature, dimensions : 34 x 50 mm) [Maître d’Etienne Poncher] ; La Vierge au voile bleu dérive d'un modèle de Jean Bourdichon acquis par le musée de Cluny (Paris, Musée de national du MoyenAge, Inv. Cl. 23798 ; voir Exposition Tours 1500. Capitale des arts (Paris, 2012) : Vierge en Prière. Jean Bourdichon, no. 37 ; voir aussi le chapitre intitulé : P. Charron et P.-G. Girault, « Les images du Christ bénissant et de la Vierge en oraison : études sur la genèse d’un motif », pp. 154-159) et dont on connaît huit prototypes parisiens.
f. 19, Pietà (petite miniature, dimensions : 30 x 60 mm) [Maître d’Etienne Poncher].
Les miniatures du calendrier, des péricopes évangéliques et des premières prières mariales sont attribuables au Maître des entrées parisiennes (actif à Paris de 1500 à 1520).
f. 22, Echelle de Jacob et dans la partie inférieure en bas de page, Scène d’Annonciation (Heures de la Vierge, matines ; grandeminiature et petite miniature, dimensions avec encadrement architecturé : 153 x 102 mm) [enlumineur : Robert Boyvin] ; Jacob fait un rêve où il voit une échelle entre ciel et terre, d’où les anges descendent et montent. Dieu se révèle à lui et renouvellel’alliance contractée avec ses pères : « Alors il vit en songe une échelle, dont le pied était appuyé sur la terre, et le haut touchait leciel, et des anges de Dieu montaient et descendaient cette échelle » (Genèse 28, 11-13).
f. 29, Visitation (Heures de la Vierge, laudes ; grande miniature, dimensions : 95 x 65 mm) [enlumineur : Robert Boyvin] ;
f. 36, Crucifixion (Heures de la Croix ; grande miniature, dimensions : 95 x 65 mm) ;
f. 38, Nativité (Heures de la Vierge, prime ; grande miniature, dimensions : 95 x 65 mm) [enlumineur : Robert Boyvin ; bordure enluminée de Jean Serpin] ; f. 41v, Annonce aux bergers (Heures de la Vierge, tierce ; grande miniature, dimensions : 97 x 65 mm) [enlumineur : RobertBoyvin] ;
f. 44v, Adoration des mages (Heures de la Vierge, sexte ; grande miniature, dimensions : 96 x 65 mm) [enlumineur : Robert Boyvin] ;
f. 47, Circoncision (Heures de la Vierge, none ; grande miniature, dimensions : 95 x 65 mm) [enlumineur : Robert Boyvin] ;
f. 50, Fuite en Egypte (Heures de la Vierge, vêpres ; grande miniature, dimensions : 95 x 65 mm) [enlumineur : Robert Boyvin] ;Il n’y a pas de miniature pour complies des Heures de la Vierge, mais celle-ci ne manque pas non plus : le texte suit etcomplies est annoncé par une rubrique fol. 53.
f. 67, Nathan et David [2 Sam 12, 1-15 (Les reproches du prophète Nathan)] et dans la partie inférieure, Bethsabée au bainsous le regard de David (Psaumes de la pénitence ; grande miniature et petite miniature, dimensions avec encadrement architecturé : 148 x 107 mm) [enlumineur : Robert Boyvin] ;
f. 80, Job sur son fumier, raillé par ses amis (Office des morts ; grande miniature, dimensions : 100 x 65 mm) [enlumineur : Robert Boyvin ; bordure enluminée de Jean Serpin] ; f. 99v, Trinité (Début des Suffrages ; grande miniature, dimensions : 84 x 65 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 100, Saint Michel et le dragon (petite miniature, dimensions : 32 x 35 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 100v, Saint Jean-Baptiste et l’Agnus Dei (petite miniature, dimensions : 38 x 32 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 101, Saint Jean l’Evangéliste et la coupe empoisonnée (petite miniature, dimensions : 32 x 35 mm) [Maître de RobertGaguin] ;
f. 101v, Saint Christophe portant l’Enfant Jésus (petite miniature, dimensions : 32 x 30 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 102v, Martyre de Saint Sébastien (petite miniature, dimensions : 32 x 35 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 103, Saint Adrien (petite miniature, dimensions : 33 x 33 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 104, Saint Nicolas et le miracle des trois enfants (petite miniature, dimensions : 38 x 36 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 104v, Saint Claude (petite miniature, dimensions : 38 x 35 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 106, Sainte Anne apprenant à lire à Marie (petite miniature, dimensions : 37 x 30 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 106v, Sainte Marie-Madeleine (petite miniature, dimensions : 38 x 35 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 107, Sainte Catherine (petite miniature, dimensions : 38 x 35 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 107v, Sainte Barbe (petite miniature, dimensions : 42 x 36 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 108, Sainte Marguerite et le dragon (petite miniature, dimensions : 36 x 36 mm) [Maître de Robert Gaguin] ;
f. 109, Sainte Geneviève (petite miniature, dimensions : 37 x 37 mm) [Maître de Robert Gaguin] ; f. 110, Songe du chanoine Arnoul [Apparition de la Vierge Marie au chanoine Arnoul endormi, lui confiant une oraison](grande miniature, dimensions : 90 x 64 mm) [Maître de Robert Gaguin].

─ Bibliographie
•Adam, E. « Retour sur l’œuvre de Robert Boyvin, enlumineur à Rouen vers 1500 », dans Peindre à Rouen au XVIe siècle,dir. F. Elsig, 2017, pp. 101-119. Avril, F. et N. Reynaud. Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, Paris, 1993.
• Delaunay, I. Échanges artistiques entre livres d'heures manuscrits et imprimés produits à Paris (1480-1500), thèse dedoctorat, Université de Paris IV-Sorbonne, 2000, t. I-III.
• Delaunay, I. « Œuvres et commanditaires d’un artiste de la fin du Moyen Age. Le Maître du Cardinal de Bourbon aliasGuérard Louf », À ses bons commandements : la commande artistique en France au XVe siècle. Actes du colloque, Université de Lausanne. Andreas Braem et Pierre Alain Mariaux, éd., Neuchâtel, 2014, pp. 215-241.
•Delaunay, I. « Le manuscrit enluminé à Rouen au temps du Cardinal Georges d’Amboise : l’œuvre de Robert Boyvin et deJean Serpin », Annales de Normandie 45e année, n°3, septembre 1995, pp. 211-244.[Exposition]. France 1500. Entre Moyen Age et Renaissance. Paris, 2010, p. 204, no. 88. Orth, M. Dickman. Renaissance Manuscripts : the Sixteenth Century, London, Harvey Miller, 2015, vol. 2, cat. 19-22.Ritter, G. et J. Lafond, Manuscrits à peintures de l’école de Rouen.Livres d’heures normands, Rouen-Paris, 1913.
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