Lot n° 77

SEGALEN (Victor) — Odes. Paris, Les Arts et le livre, 1926.

Estimation : 800 - 1000 €
Description
Volume grand in-8 étroit plié à la chinoise (286 x 143 mm), feuilles de différentes tailles imprimées sur une seule face, jointes et pliées en portefeuille régulier formant 42 pp. dont les 2 premières blanches, papier gris-brun appliqué en couverture, pièce de titre imprimée collée sur la première couverture ; le tout placé entre deux ais de bois, titre gravé et rehaussé de vert sur le premier plat ; liettes de soie mordorée ; papier de couverture cassant avec infimes manques marginaux et petites fentes (reliure de l'éditeur). Édition originale tirée à 350 exemplaires numérotés, un des 320 sur grand vergé de Montval. Quelques fragments avaient préalablement paru dans La Revue européenne du 1er octobre 1925. Important ouvrage formant pendant aux autres textes majeurs de Segalen inspirés par la Chine, Stèles (1912) et Peintures (1916). Cette publication posthume est exactement fidèle à la maquette originale de Victor Segalen, et s'inscrit dans le prolongement des éditions chinoises qu'il inaugura en 1912. Odes : poèmes courts conçus sur des rythmes chinois entourés de commentaires en prose. Victor Segalen avait explicité son projet littéraire à son maître Jules de Gaultier dans une lettre du 26 janvier 1913 : « Le mot "odes" est classiquement chinois, la forme en sera un poème court, conçu sur des rythmes chinois : 5 + 7, en rejoignant après tout pour la longueur du souffle, notre alexandrin. Mais voici ma tentative : je ne crois pas qu'on puisse traduire vraiment une poésie chinoise sans l'entourer de ce qui l'entoure vraiment à la Chine, son commentaire. Ces poèmes seront donc constitués de strophes, suivies d'une prose qui les expliquera. Forme nouvelle, où j'échouerai sans remède, ou bien que j'imposerai. Et la Chine, alors, sera bien loin de mon souci. » Dans sa préface, Victor Segalen souligne encore la spécificité de cet effort poétique, en le distinguant de ses travaux antérieurs, poèmes lapidaires de Stèles ou images proférées de Peintures : « Ce sont des chants [...]. Ce sont des élans temporaires et périssables. Des gonflements impétueux qui d'abord, suffisant, ne s'expriment point. Le cœur est ému et bat. La parole n'ose interrompre... et soudain, les mots d'eux-mêmes surgissent [...] Ce lieu supérieur est rempli par quelque chose de différent de tout – qui participe à tout, – que jamais on ne pourra connaître : quelque chose d'infiniment Autre. »
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