Lot n° 7
Sélection Bibliorare

HEURES CLERMONTOISES : « HEURES PASCAL » — LIVRE D’HEURES (À L’USAGE DE CLERMONT-FERRAND). — EN LATIN ET EN FRANÇAIS, MANUSCRIT ENLUMINÉ SUR PEAU DE VÉLIN. — FRANCE, PARIS (?) ET AUVERGNE (CLERMONT-FERRAND ?), VERS 1450-1460. — AVEC...

Estimation : 160 000 - 180 000 €
Adjudication : 150 000 €
Description

18 GRANDES MINIATURES ATTRIBUABLES À UN ARTISTE (PARISIEN ?), SOUS L’INFLUENCE DE MODÈLES PARISIENS (MAÎTRE DE JEAN ROLIN II (ACTIF C. 1445-C. 1465) ET MAÎTRE FRANÇOIS (ACTIF C. 1460-C. 1480)) ET DES BORDURES ORNÉES ET HISTORIÉES PEINTES LOCALEMENT EN AUVERGNE. — BEAU MANUSCRIT AUX MINIATURES CHATOYANTES ASSOCIANT UNE ESTHÉTIQUE PARISIENNE ET DES BORDURES PEINTES TRÈS CERTAINEMENT LOCALEMENT DANS UN ATELIER AUVERGNAT. — HEURES AUX ARMES D’UNE FAMILLE PASCAL, IMPLANTÉE EN AUVERGNE : CES ARMOIRIES SERONT CELLES ADOPTÉES PAR BLAISE PASCAL, GRAVÉES NOTAMMENT SUR SA CÉLÈBRE « PASCALINE » MACHINE ARITHMÉTIQUE, PREMIÈRE CALCULATRICE MÉCANIQUE (VOIR CELLE CONSERVÉE AU CNAM). LES ARMOIRIES DE CES HEURES AVAIENT ÉTÉ À TORT ATTRIBUÉES À LA FAMILLE SÉGUIER : ELLES SONT MAINTENANT RENDUES À LA FAMILLE PASCAL. LE DÉCOR DE CE MANUSCRIT REPREND DES MODÈLES PARISIENS COMPLÉTÉS DE BORDURES ORNÉES ET HISTORIÉES D’UNE GRANDE ORIGINALITÉ CERTAINEMENT PEINTES LOCALEMENT EN AUVERGNE : ON SAIT PEU DE CHOSE SUR LES ATELIERS D’ENLUMINURE EN AUVERGNE AU XVE SIÈCLE.
▬ ANCIENNE COLLECTION WILLIAM WALDORF ASTOR.

214 ff., précédés et suivis d’une contregarde collée et d’une garde de papier marbré moderne et de 3 ff. de parchemin modernes, manuscrit complet (collation : i8, ii8, iii8, iv6, v-xxvii8), écriture gothique, réclames en fin de cahiers à l’exception des cahiers 3, 4, 18 et 27, réglure à l’encre mauve, texte copié sur 14 lignes (justification : 95 x 65mm), rubriques en rouge et quelques-unes en or, capitales rehaussées de rouge et de jaune, bouts-de-ligne or, rose et bleu avec rehauts blancs, initiales de 1 à 3 lignes de hauteur en or sur fonds bleu ou rose avec rehauts blancs, grandes initiales en bleu avec rehauts blancs sur fonds d’or avec motifs de feuilles de vigne ou motifs floraux de couleur, introduisant les grandes divisions textuelles (signalons deux grandes initiales à fleur de lys (ff. 96v et 113v)), bordures au verso de tous les feuillets (marge extérieure, y compris le calendrier) composées de rinceaux et feuilles d’acanthe dorées, roses et bleues sur fonds réservé, parfois peuplées de fleurs ou de fruits et de personnages ou oiseaux (e.g. femme nue aux ff. 120v, 130v, 150v et 182v ; grotesque, f. 118v ; oiseau, ff. 102v, 184v), avec 18 grandes miniatures cintrées, inscrites dans des bordures enluminées sur fonds réservés, avec décor de rinceaux et de feuilles d’acanthe colorées, motifs de fruits et de fleurs et peuplés d’éléments de bestiaire, de grotesques, de personnages et scénettes : relevons par exemple une fontaine de jouvence (fol. 78) ; une femme face à une licorne (f. 85) ; un enfant nu assis sur un cheval-bâton et tenant en main un bâton en T (fol. 91v) ; la mort dirigeant une lance vers une femme (fol. 143), l’encadrement au feuillet 31 (matines des Heures de la Vierge) est d’une palette et facture (plutôt provinciale) qui rappelle celles des bordures simples des feuillets de texte, avec un grotesque musicien, une femme jouant de la mandoline, un paon etc. ; armoiries peintes dans l’initiale D (fol. 31) [un peu frottées] et dans les bordures inférieures des ff. suivants : 67, 105v, 116, 135v, 178v, 183) ; au verso de la première garde, traces d’une notice descriptive du manuscrit en français ; au f.1, parafe (notarial ?) du XVIIe ou XVIIIe siècle ; au recto de la dernière garde papier : notes de collation à la mine de plomb en anglais.

Reliure du XIXe siècle en veau blond glacé à décor doré (reliure anglaise), deux grands losanges entrecroisés au centre des plats ornés d’un décor floral et encadrements de filets dorés et décor aux petits fers, dos à 5 nerfs, caissons dorés, tranches dorées, roulette intérieure dorée, roulette sur les coupes. Quelques éléments de dorure écaillés ; quelques trous de vers aux premiers feuillets, encre plus pâle par endroits. Boîte articulée de conservation moderne, dos en maroquin brun avec titre doré. Dimensions des feuillets : 195 x 138 mm ; dimensions de la reliure 205 x 145 mm.

Les livres d’heures à l’usage liturgique de Clermont-Ferrand sont peu courants : le Chanoine Leroquais n’en recense aucun à la BnF (voir Leroquais, Les livres d’heures manuscrits de la Bibliothèque nationale, 1927 ; à l’exception de Leroquais, I, 43 avec un Calendrier à l’usage de Clermont) et nos recherches ont permis d’en localiser moins d’une dizaine, le plus souvent non illustrés. Ce manuscrit présente clairement également un calendrier auvergnat avec des saints liés aux villes de Clermont mais aussi à des cités proches telles Ennezat (près de Riom) ou Cournon d’Auvergne.

Ce livre d’heures bénéficie d’une provenance intéressante, liée à la famille de Blaise Pascal (1623-1662), établie en Auvergne dès le XVe siècle (Etienne Pascal est marchand d’Ambert ; Jean Pascal est curé d’Ambert, tous deux vivant dans les années 1460). Les armoiries du présent manuscrit sont celles d’une famille Pascal, et avec des variantes, sont celles reprises par Blaise Pascal au XVIIe siècle, gravées sur sa célèbre machine arithmétique dite « pascaline ».

Le manuscrit a figuré dans la prestigieuse collection du Vicomte William Waldorf Astor, philanthrope et collectionneur américano-britannique, héritier de la fortune de John Jacob III Astor (cote Astor : A.16). La collection de William Waldorf Astor fut un temps en dépôt à Oxford, Bodleian Library, puis fut dispersée par Sotheby’s : notre manuscrit côtoyait dans cette collection d’autres importants manuscrits enluminés (citons par exemple les célèbres Grandes Heures de Galeazzo Maria Sforza (cote Astor : A 6) ou les Heures d’Albrecht de Brandenburg (A 24/2) ; voir C. de Hamel, The Astor Collection of Illuminated Manuscripts, London, Sotheby’s, 1988).

Ce livre d’heures contient 18 grandes peintures, très fraiches, de facture sans doute parisienne ou du moins sous l’influence d’artistes tels le Maître de Jean Rolin II ou Maître François, ces deux artistes étaient membres de la triade d’enlumineurs (Maître de Jean Rolin II ; Maître François ; Maître de Jacques de Besançon [François Barbier ?]) qui dominaient la production parisienne dans la seconde moitié du XVe siècle (voir les travaux récents, notamment
M. Deldicque, "L'enluminure à Paris à la fin du XVe siècle : Maître François, le Maître de Jacques de Besançon et Jacques de Besançon identifiés ?", in Revue de l'art, 183 (2014), pp. 9-18). Les miniatures sont inscrites dans des encadrements enluminés dont certains sont réalisés localement en Auvergne, notamment celles de l’Annonciation (f. 31) et les bordures enluminées des feuillets de texte, toutes au verso de chaque feuillet. Cela pose le problème de la division du travail, avec un manuscrit copié et enluminé peut-être à Paris, sur commande, puis achevé localement par un atelier auvergnat ?

Provenance
1. Ce manuscrit est à l’usage liturgique, peu courant, de Clermont-Ferrand (deux traditions liturgiques existaient en Auvergne : Clermont et Le Puy). Ceci est confirmé par l’usage des Heures de la Vierge (voir relevé ci-dessous) et de l’Office des morts (voir relevé également ci-dessous). De plus, le calendrier est clairement auvergnat (voir le relevé
ci-dessous), avec un grand nombre d’évêques clermontois et des saints honorés localement. Mis en exergue, saint Victor et Couronne, patrons de la collégiale d’Ennezat (arrondissement de Riom) fondée au XIe siècle par le Comte de Poitiers. Saint Victor figure également aux litanies (fol. 132). On relève l’importance de saint Martin avec deux entrées (translation et fête) : signalons à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), terre d’origine de la famille Pascal, située non loin de Clermont-Ferrand, une église dédiée à saint Martin.

Armoiries peintes à sept reprises (dans la panse de l’initiale, f. 31 ; puis dans les marges inférieures aux ff. 67 ; 105v ; 116 ; 135v ; 178v ; 183) : D’azur à l’agneau pascal passant d’argent tenant un guidon, accompagné de deux étoiles d’or, l’une à dextre, l’autre en pointe. Ces armoiries ne sont pas des rajouts XVIe siècle : la présence des armes dans le corps de l’initiale D au feuillet 31 suggère que ces armoiries ont été prévues par le premier commanditaire.

Une notice de catalogue de vente de libraire (catalogue à prix marqués), rédigée en anglais et contrecollée au recto de la première garde de papier marbré, propose une identification erronée des armoiries : « This manuscript was written for a member of the Séguier family whose arms are to be found at the foot of six of the miniatures. The border of the eighth miniature depicts a fifteenth century hobby horse… ». Les armoiries ne sont pas celles de la famille Séguier, qui se blasonnent comme suit : « D’azur au chevron d’or accompagné de deux étoiles de même en chef, et un mouton tranquille d’argent en pointe ».

Pour l’heure, en l’état de nos recherches, il nous apparait que les armoiries présentes dans les bordures de ces Heures à l’usage de Clermont-Ferrand sont celles d’un membre d’une famille Pascal, implantées en Auvergne. La famille Pascal de Mons porte les armoiries suivantes : D’azur à l’agneau pascal d’argent à la banderole chargée d’une croisette de gueules (voir Jourda de Vaux, 1927, p. 169). Les armes des Pascal de Mons ont été adoptées par les Pascal de Cournon, et ce sont celles que Blaise Pascal a fait figurer sur sa machine arithmétique (voir J. Payen, « Les exemplaires conservés de la machine de Pascal », in Revue d’histoire des sciences, 1963 (16 (2)), pp. 161-173 : https://www.persee.fr/doc/rhs_0048-7996_1963_num_16_2_4448).

Par ailleurs, la documentation suggère que les armoiries de Blaise Pascal se blasonnent comme suit : D’azur à l’agneau pascal d’argent portant bannière du même avec une croisette de gueules, accompagné en chef à dextre d’une étoile d’or. On notera que l’étoile d’or ne figure pas dans la armoiries gravées sur la machine arithmétique.

Les grands-parents paternels de Blaise Pascal sont Martin Pascal, de Cournon, Trésorier de France à Riom (fils de Jean Pascal et Lucque Debort) mort vers 1610, et Marguerite Pascal de Mons (Mons, près de Randan), fille de François Pascal et Anne Pradal. Les Pascal ont donc des racines en pays d’Ambert (Livradois) par la branche Pascal de Mons (Etienne et Jean Pascal sont cités dans les années 1460 dans un terrier de la seigneurie d’Ambert en dépôt aux Archives départementales du Puy-de-Dôme [microfilm aux Archives Départementales sous la cote I.MI.166]) et en terre vellave (Le Velay) par une autre branche de la famille Pascal installée par la suite à Clermont et à Cournon d’Auvergne.

Il est admis que la famille de Blaise Pascal a pour berceau Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), petit bourg à proximité de l’Allier et à égale distance de Clermont-Ferrand et de Pont-du-Château. Cette origine est prouvée par des terriers, où nous voyons les Pascal figurer comme censitaires du Chapitre cathédral de Clermont et de celui de Saint-Martin-de-Cournon pendant près de trois siècles (voir Remacle, 1923, p. 11).

On consultera avec profit : Albert de Remacle, « Les Pascal en Basse Auvergne », dans Blaise Pascal, quelques souvenirs sur lui et les siens, Clermont-Ferrand, 1923 ; G. Jourda de Vaux, Le nobiliaire du Velay et de l’ancien diocèse du Puy : Noms Féodaux, t. IV, Le Puy,1927, p. 169 ; M. Juge-Chapsal, « Tableau généalogique des Pascal », in Pascal, sa ville et son temps, Clermont-Ferrand, 1962 ; T. Goyet, « On recherche la famille… de Blaise Pascal », Courrier du Centre international Blaise Pascal, 3 (1981), pp. 14-15 voir : https://journals.openedition.org/ccibp/403?lang=en.

2. Sur le premier feuillet de garde parcheminée, une inscription d’une main moderne a été en partie effacée : « 1er mai (1869?) Ex bibliotheca M (…) F (…) », et, non effacée : « 18 grandes miniatures ».

3. Parafe (notarial ?) apposé au fol. 1, attribué à tort par la notice du catalogue de la vente Sotheby’s Londres du 21 juin 1988 au collectionneur orléanais Le Normand du Coudray (1712-1789) (cf. F. Lugt, Les marques de collections, n°1671, 1704-1706).

4. William Waldorf Astor (1848-1919), premier vicomte d’Astor, qui réunit une importante collection de manuscrits (le présent manuscrit y figurait sous la cote « A.16 », étiquette toujours visible sur la garde de papier marbré), longtemps déposée à la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, avant d’être dispersée chez Sotheby’s à Londres en 1988 (Western Manuscripts & Miniatures: The Astor Collection of Illuminated Manuscripts).

5. Sotheby’s, Londres, Western Manuscripts & Miniatures: The Astor Collection of Illuminated Manuscripts, Vente le 21 juin 1988, no. 59 (28 600 £). Le « Schoenberg Database of Medieval Manuscripts » indique que ce manuscrit a ensuite appartenu au libraire Kraus (SDBM_179747). Dans cette même vente, rappelons que de nombreux manuscrits prestigieux furent dispersés.

6. Fondation Bosch (Allemagne et Suisse).

7. France, collection particulière.

Texte
ff. 1-14v, Calendrier, en latin, encre brune (pas de saints inscrits en rouge), avec les saints suivants : Guillaume, archevêque (10 janvier) ; Hilaire
(13 janvier) ; Bonnet, évêque de Clermont
(15 janvier); Vénérand, évêque de Clermont
(17 janvier) ; Préjet (ou « Projectus » : Priest ou Prix) (25 janvier) ; Agnetis secundo (27 janvier) ; Georges (23 avril) : il y a une chapelle saint Georges dans la Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption de Clermont-Ferrand ; Robert, abbé (24 avril) ; Translation de saint Nicolas (9 mai) ; Victor et Couronne (14 mai) ; Pétronille (19 mai) ; Genès, évêque de Clermont (3 juin) ; on trouve à Clermont-Ferrand une paroisse Saint-Genès des Carmes où plusieurs membres de la famille Pascal ont été baptisés et inhumés ; Translation de saint Bonnet
(6 juin) : les reliques de saint Bonnet se trouvent dans la cathédrale de Clermont-Ferrand. Bonnet a donné son nom à de nombreux villages français, principalement en Auvergne ; Martial, évêque (30 juin) ; Gal (ou Gallus), évêque de Clermont (1er juillet) ; Translation saint Martin (4 juillet) ; Marthe (29 juillet) : il y a dans l’Eglise Saint-Martin de Cournon, une vicairie fondée par les Pascal en 1428 à l’autel Sainte-Marthe (voir Remacle, 1923, p. 12) ; Vigilia sancti Laurencii (9 août) ; Passion de saint Laurent (10 août) ; Radegonde (12 août) ; Loup, évêque (1er septembre) ; Ferréol, martyr (18 septembre) ; Foy (6 octobre) ; Geraldi boni layci (13 octobre) : sans doute Gervald, évêque de Clermont au VIIe siècle, qui n’est pas sanctifié ; Martin (11 novembre) ; Nicholas, évêque (6 décembre) ; Thomas (de Cantorbéry) (29 décembre) ;

Voir : Benoît Gonod, Chronologie des évêques de Clermont et des principaux événemens de l’histoire ecclésiastique de l’Auvergne, Clermont-Ferrand, 1833.

ff. 15-20, Péricopes évangéliques ;
ff. 20v-25, Prière, en français : Paraphrase de l’Ave Maria, « Ave glorieuse pucelle / Je te salue come telle… » ; absent de J. Sonet, Répertoire d’incipit de prières en ancien français (Paris, 1956) ; voir K. Sinclair, French Devotional Texts of the Middle Ages. A Bibliographic Manuscript Guide. First Supplement (Londres, 1980), vol. 2, no. 3953 : « Oratio beate Marie, 16 eight-line stanzas ; some of the lines are similar to those in no. 675 ». Sinclair renvoit à Oxford, Bodleian Library, Astor A. 16 fol. 20v-25r. C’est tout simplement le présent manuscrit, à l’époque où il était encore en dépôt à Oxford, avant la vente de la collection Astor en 1988 (voir Provenance supra). C’est donc la seule attestation recensée de cette prière en français, inédite au demeurant.
ff. 25-29v, Quinze joies de Notre-Dame, en français ;
ff. 30-30v, feuillets blancs réglés ;
ff. 31-96, Heures de la Vierge, à l’usage liturgique de Clermont-Ferrand, avec matines (ff. 31-53), lectio I : « Regina mundi » ; responsarium I : « Vidi speciosam sicut » ; laudes (ff. 53v-66v), antienne, « Sub tuum presidium » et capitule, « Beatam me dicent » ; prime (ff. 67-74), antienne, « Paradisi janue » et capitule, « In omnibus requiem » ; tierce (ff. 74v-77v), antienne, « Benedicta filia » et capitule, « In Iacob inhabita » ; sexte (ff. 78-81), antienne, « Regali ex progenie » et capitule, « Et sic in Syon » ; none (ff. 81v-84v), antienne, « Maria virgo » et capitule, « Sicut Cynamomum » ; vêpres (ff. 85-91), antienne, « Beata mater » et capitule, « Speciosa facta es » ; complies (ff. 91v-96v), antienne, « Ortus conclusus » ; antienne (supra Nunc dimittis), « Rubrum quem » [pas de capitule] ;
ff. 96v-98v, Office de la Vierge durant le temps de l’Avent à vêpres ;
ff. 99-105, Office de la Vierge durant le temps de l’Avent à complies ;
ff. 105-115v, Office pour la Nativité du Seigneur, rubrique, Officium de nativitate Domini ; f. 113v, Office pour la Nativité du Seigneur, vêpres, introduite par une miniature (Tous les saints) ; Office pour la Nativité du Seigneur, complies (ff. 115-115v) ;
ff. 116-130. Psaumes de la pénitence ;
ff. 130-135, Litanies des saints (avec Austremoine (premier évêque de Clermont) ; Martial ; Etienne ; Clément ; Sixte
(2 fois, fol. 132) ; Préjet (Prix); Victor ; Quintien (évêque de Clermont) ; Ferréol ; Bonnet ; Radegonde) et prières ;
ff. 135-138, Heures du Saint-Esprit ;
ff. 138-142, Heures de la Croix ;
f. 142v, feuillet blanc ;
ff. 143-182v, Office des morts, a priori à l’usage de Clermont (un répons diffère, on a ici au 8e répons « Domine dum veneris » (associé à l’usage de Brioude), alors que l’usage de Clermont relevé par Leroquais donne comme 8e répons « Domine quando veneris », illustré de deux grandes miniatures, avec les répons suivants : (1) Qui Lazarum ; (2) Requiem eternam ; (3) Credo quod ; (4) Absolve domine ; (5) Domine dum veneris ; (6) Ne perdas me domine ; (7) Redemptor meus ; (8) Heu michi domine ; (9) Libera me domine [voir Leroquais, Office des morts, Paris, BnF, NAL 3163, fol. 218 (Brioude) ; fol. 219 (Clermont)]; seconde miniature (fol. 178v) introduisant « Dilexi quoniam exaudiet… », suivi de prières ;
ff. 183-194v, Passion du Christ selon saint Jean, rubrique, Passio domini nostri Jesu Christi secundum Johannem ;
ff. 194v-198, Obsecro te, avec désinence féminine, « […] et michi famule tue […] » (fol. 196v);
ff. 198v-202v, O intemerata ;
ff. 202v-205, Prières, en latin, « Domine sancte pater omnipotens eterne… » ; « O anima Christi sanctifica me… » ; « Deus propicius esto michi… » ;
ff. 205v-210v, Prière en français, « Royne qui fustes mise et assise / Lassus au trosne divin… » ; voir J. Sonet, Répertoire d’incipit de prières en ancien français (Paris, 1956), n°. 1804, Prière à la Vierge par Guillaume Alexis, éditée par
P. Marchegay, Nantes, 1859, p. 24 ; A. Piaget et E. Picot, Œuvres de Guillaume Alexis, tome III, Paris, 1908, p. 181 et
p. 176. Sonet recense 26 manuscrits qui contiennent cette prière.
ff. 210v-214v, Prières, en latin et en français, dont : « O Maria flos virginum… » ; « O vierge fleur de lis necte… » ; « Benoite vierge Marie / Qui aves pourté le seigneur… » ; « Dominus Ihesu Christe qui in hunc mundum… » ; « Divina Christi sanctifica me corpus Christi salva me… » ;

Illustration
Ce manuscrit présente la particularité d’être en partie enluminé en Auvergne (en particulier les bordures) mais aussi sans doute aussi à Paris ou du moins sous l’influence de modèles parisiens. Les miniatures qui illustrent ces Heures sont à rapprocher de modèles parisiens associés au Maître de Jean Rolin II ou encore son successeur Maître François, actif pour le premier vers 1445-1465 et pour le second vers 1460-1480. Pour un commanditaire provincial, il était courant de s’adresser à des artistes parisiens pour réaliser ses manuscrits enluminés : il semble ici que l’artiste des Heures « Pascal » soit un artiste clairement sous l’influence du Maître de Jean Rolin II. Cet artiste (et ses émules ou membres de son atelier) est ainsi nommé d’après un certain nombre de missels réalisés pour la Cathédrale d’Autun par le Maître et son atelier, commandités par Jean Rolin (1408-1483), évêque d’Autun (voir Avril et Reynaud, 1993, pp. 38-39 et n° 8 et 9). Nous savons que Maître François a terminé dans les années 1470 un livre d’heures à l’usage de Rome doté d’un calendrier et litanies pour Clermont, commencé d’abord par le Maître de Marguerite d’Orléans dans les années 1430, témoignant de nouveau de la pratique de faire réaliser à Paris un livre d’heures pour un usage liturgique auvergnat (Valence, Bibliothèque publique et universitaire, MS. 32).

D’une facture tout à fait originale, les encadrements des présentes Heures sont plus ancrées dans la région d’Auvergne où ces Heures auraient été commandées et/ou acquises par un commanditaire local, soucieux de posséder des prières à l’usage de son diocèse clermontois, avec un calendrier contenant des saints honorés localement. Le manuscrit a donc pu être terminé et augmenté localement, avec une bordure tout à fait différente sur la page noble au commencement des Heures de la Vierge (fol. 31), figurant l’Annonciation : on remarque une palette différente, des personnages dans les marges dont une femme jouant du luth et des drôleries. Cette même palette est reprise dans les marges des feuillets de texte, dès le calendrier (cette seconde main pour les bordures, plus locale, présente des parallèles avec les bordures d’un Bréviaire à l’usage de Clermont (Clermont-Ferrand, Bibliothèque municipale, MS. 67)).

Les feuillets avec miniatures (à l’exception du fol. 31) ont des bordures attribuables a priori au milieu parisien proche du Maître de Jean Rolin ou Maître François, parsemés de grotesques ou personnages que l’on trouve dans la production parisienne des années 1450-1470. Le cycle iconographique des grandes miniatures présente des particularités qui font du manuscrit un témoin original : trois miniatures, pour l’office de la Vierge durant le temps de l’Avent à vêpres (sainte Marie-Madeleine, fol. 96v) et à complies (Rencontre à la Porte dorée, fol. 99), et pour l’office de la Vierge le jour de la Nativité à vêpres (Groupe de saints, fol. 113) sont des scènes peu communes pour illustrer des offices eux-mêmes peu répandus dans un livre d’heures. De fait, sainte Marie-Madeleine illustre en général un suffrage ou un office de la sainte. A noter aussi, le choix de peindre deux miniatures pour l’Office des morts.

Certaines miniatures présentent en arrière-plan des représentations de châteaux qu’il sera peut-être possible d’identifier (voir ff. 53v, 74v, 85).

Ce manuscrit contient 18 grandes miniatures, dont deux pour l’Office des morts, ce qui est inattendu et une particularité du présent livre d’heures :

f. 31, Annonciation (matines des Heures de la Vierge) : à noter l’encadrement enluminé d’une autre facture que le reste des encadrements, sans doute réalisé localement en Auvergne ou du moins dans un atelier provincial ;
f. 53v, Visitation (laudes des Heures de la Vierge) ;
f. 67, Adoration des bergers (prime des Heures de la Vierge) ;
f. 74v, Annonce aux bergers (tierce des Heures de la Vierge) ;
f. 78, Adoration des mages (sexte des Heures de la Vierge) ;
f. 81v, Circoncision (none des Heures de la Vierge) ;
f. 85, Fuite en Egypte (vêpres des Heures de la Vierge) ;
f. 91v, Vierge et Dieu le Père [composition identifiée communément comme « Couronnement de la Vierge » ; à noter ici toutefois l’absence de couronne] (complies des Heures de la Vierge) ;
f. 96v, Marie-Madeleine en prière [notons qu’il y a dans la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption de Clermont-Ferrand, une chapelle Sainte-Madeleine] ;

f. 99, Rencontre à la Porte dorée ;
f. 105v, Nativité ;
f. 113, Saints (Assemblée de tous les saints) ;
f. 116, David en prière ;
f. 135, Pentecôte ;
f. 139, Crucifixion ;
f. 143, Office funèbre ;
f. 178v, Enterrement, avec deux moines, trois pleurants et deux civils, au fond on distingue un charnier ;
f. 183, Arrestation du Christ.

Bibliographie
Aman, Michel. « Le nécrologe de l’Église Saint-Jean d’Ambert », dans le Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, 1985. – Boy, Michel. « Les ancêtres ambertois de Pascal », in Courrier du Centre international de Pascal, 13 (1991), pp. 8-16. – Remacle (A. de), « Les Pascal en Basse-Auvergne », in Blaise Pascal, quelques souvenirs sur lui et les siens, Clermont-Ferrand, 1923. – Rouchon, Ulysse. « Un arrière grand-oncle de l’auteur des Provinciales, Guillaume Pascal, chanoine du Puy au XVIe siècle », in Bulletin historique, scientifique…, publié par la Société académique du Puy, 1929, XVI, p. 92. – Paul, Georges. Armorial du Velay, Paris, 1912, pp. 332-333.

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