Lot n° 32

DESCHAMPS (Martial). — Histoire tragique et miraculeuse d’un vol et assassinat commis au païs de Berri, en la personne de Martial Deschamps, Médecin de l’Université de Paris, & ordinaire de la Maison & Ville de Bourdeaux. — Paris, Jean...

Estimation : 1 500 - 2 000 €
Adjudication : Invendu
Description
Bienné, 1576. — In-8, veau marbré, double filet doré, dos orné, pièce de titre rouge, tranches rouges (Reliure du XVIIIe siècle).
ÉDITION ORIGINALE DE CE CURIEUX CANARD CRIMINEL DU XVIE SIÈCLE.

Dans un long pamphlet, Martial Deschamps, un docteur et humaniste bordelais, essaya d’obtenir la condamnation des auteurs d’un assassinat, son propre assassinat, bien qu’il ait survécu pour raconter son histoire. [Ses] malheurs découlent de sa décision de défendre les droits d’une veuve et de sa fille sur un domaine. [...] Selon son récit, Deschamps, le champion de la veuve, essaya de résoudre la dispute en se rendant dans la propriété contestée [...].
Sur la route, Deschamps et son compagnon de voyage, furent attaqués par trois hommes qui déclarèrent ouvertement être liés à Beaupré. Les trois hommes s’emparèrent de l’argent de Deschamps ainsi que du titre de propriété de Chastelleux et affirmèrent qu’ils allaient l’emmener dans un château voisin. Au lieu de cela, ils lièrent les mains et les pieds de Deschamps et de son compagnon, et ils les abandonnèrent dans un marécage au milieu de la forêt, les laissant pour morts. [...] Apprenant que Deschamps avait survécu à l’épreuve, Beaupré se rendit à Paris pour demander le pardon royal. Le pamphlet de Deschamps dessine un récit alternatif qui insiste sur le fait que le crime commis – l’assassinat de gens pris au dépourvu – n’était pas sujet au droit de grâce. Et il remporta l’affaire. Selon un arrêt publié en 1576, la même année que le pamphlet, le Parlement de Paris condamna Beaupré à être décapité et deux des hommes qui avaient attaqué Deschamps, à être démembrés et à mourir sur la roue. [...] En s’appuyant sur des récits convaincants et familiers, lourdement chargés de morale chrétienne, les pamphlets du genre de celui de Deschamps cherchaient donc à persuader de la justice de la cause des victimes et à influencer ses lecteurs quant à la nécessité de la justice rétributive pour la société française (Sara Beam, « Les canards criminels et les limites de la violence dans la France de la première modernité », in Histoire, économie & société, 2011).

L’ouvrage a été traduit la même année en latin par Jean Dorat, sous le titre Monodia tragica, édition que l’on trouve reliée dans le volume juste avant celle-ci.

Relié avec les ouvrages suivants, en tête ou à la suite :

– LE ROY (Louis). Exhortation aux François pour vivre en concorde, et iouir du bien de la Paix. Paris, De l’Imprimerie de Federic Morel, 1570.
Nombreuses annotations manuscrites anciennes dans les marges.

– Bulle de Nostre Sainct Père le Pape, contenant permission accordée au Clergé de France, à l’instance du Roy, d’aliéner du bien temporel des Ecclésiastiques de son Royaume, pour subvenir à partie des frais de la guerre pour la réunion & réduction de tous les subiects de Sa Majesté à la Religion Catholique, Apostolique & Romaine... S.l.n.d. [1586].
Sur le titre, SIGNATURE AUTOGRAPHE D’ÉTIENNE BALUZE, le bibliothécaire de Colbert.

Liste manuscrite des ouvrages contenus dans le volume sur une page de garde.
Mouillure angulaire à quelques feuillets. Dos très frotté avec épidermures.
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