Lot n° 124

DURAND-RUEL Paul (1831 - 1922) — 10 L.A.S. «DurandRuel», Paris janvier-avril 1884,à Claude MONET; 16 pages in- 8.

Estimation : 3000 - 4000
Adjudication : 3 250 €
Description
Belle correspondance lors du séjour de Monet à Bordighera et Menton. 12 janvier, avec 300 F.

«Tâchez aussi avant de vous remettre en route de me terminer encore plusieurs des toiles que vous avez dans votre atelier. J'ai vendu les grands bateaux rouges de la plage d'Étretat [W823] à HAVILAND, le gendre de Burty. C'est un nouvel amateur qui m'a l'air de devenir très ardent»...
* 26 janvier. N'ayant pas son adresse, il a envoyé 300 F à Mme HOSCHEDÉ. «J'espère que vous avez pu vous mettre au travail comme vous l'espériez et que vous allez faire de très belles choses. Ne craignez pas si vous en êtes tenté, de vous attaquer à de grandes toiles. Il y a des motifs qui y prêtent parfois et ne vous laissez pas arrêter par la crainte de faire grand. Ne craignez pas non plus de prolonger votre séjour [...] Je n'ai dit à personne où vous étiez»...
3 février, avec 300 F. Il a été très occupé : «Mon déménagement de la rue de Rome pour descendre au 1er, un autre déménagement, celui du boulevard de la Madeleine que je cède moyennant une bonne indemnité de 37500 à un couturier, puis la vente MANET, puis mes affaires. [...] J'achèterai quelque chose à la vente Manet à votre intention». Il faut tâcher de pénétrer dans la propriété Moreno «si vous devez y trouver de belles choses. CAILLEBOTTEme dit que vous êtes content. Tant mieux. Je compte bien que vous allez me rapporter des merveilles»... 6 mars. Il envoie de l'argent à Mme Hoschedé. «Vous me dites que vous travaillez beaucoup. Êtes-vous content de votre travail ; avez-vous été favorisé par le beau temps et le pays vous plaît-il de plus en plus ?»... Les affaires sont mauvaises ; il a vendu en Hollande «un Meissonier important» et va aller à Londres : «Il faut bien se remuer»...
* Dimanche 23, sur ses envois d'argent à Monet et Mme Hoschedé.
* 31 mars, il est «sans un sou [...] Nous passons en ce moment une crise terrible et il faut se donner bien du mal pour résister. J'espère que le mois prochain les étrangers vont venir réveiller un peu le commerce. Je suis bien désireux de voir toutes les belles choses que vous allez rapporter et je suis sûr que vous avez fait des prodiges». Il liquidera les dépenses du voyage...
1er avril, avec 700 F (plus 300 à Mme Hoschedé) : «Je suis bien désireux de voir toutes vos études qui doivent être bien belles et bien intéressantes»...
* 6 avril, avec 300 F ; il attend son envoi de tableaux : «J'en ai besoin pour monter la tête à deux personnes que je cherche à chauffer pour mon affaire. C'est toujours très difficile, ayant mes honorables confrères contre moi. Ils vont tous dire que je n'ai pas le sens commun de payer ces tableaux aussi cher, etc. etc. Et je parle des mieux disposés comme Petit, Beugniet. Tous ces gens là voudraient nous voir tous mourir de faim pour avoir vos tableaux pour rien»...
* 9 avril, avec 200 F «pour votre retour. Tâchez puisque le temps est beau et que le pays vous plaît de finir les études que vous y avez commencées. Vous aurez bien le temps ensuite de retrouver votre Normandie où le ciel est moins beau et la chaleur moins forte»...
* 23 avril. Il ira le voir samedi «vous apporter quelques fonds et admirer toutes vos études. Je compte bien en remporter le soir une cargaison, car je ne suis pas seul à désirer les voir et tous vos amis les demandent. [...] Je suis toujours bien ennuyé et tracassé par l'état des affaires. Tout est mort ; on ne vend rien et on ne reçoit pas un sou. On ne peut cependant vivre de l'air du temps»...

— On joint :
- une L.A.S. à Alice Hoschedé, 26 janvier 1884, envoyant 300 F et demandant l'adresse de Monet (1 p. in-8) ;
- une L.A.S. de Joseph DURAND-RUEL(1862 - 1928) à Monet, 16 janvier 1884 (1 p. in-8) : son père ne pourra verser que jeudi les 600 F promis ;
- 5 L.A.S. du comptable de Durand-Ruel Ch. Casburn envoyant 500 F à Monet à Bordighera le 16 février, et 300 F à Mme Hoschedé à Giverny les 18 janvier, 11 et 16 février, et 21 mars 1884.

— PROVENANCE
- Archives Claude Monet (13 décembre 2006, n° 63).

* Lots en importation temporaire et soumis à des frais de 5,5 % (20 % pour les bijoux, les automobiles, les vins et spiritueux et les multiples – casques de F1 par exemple) à la charge de l’acquéreur en sus des frais de vente et du prix d’adjudication, sauf si acquéreur hors UE.
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