Lot n° 123
Sélection Bibliorare

DURAND-RUEL Paul (1831 - 1922) — 15 L.A.S. «DurandRuel», mai-décembre 1882, à Claude MONET; 23 pages in8, 3 avec tampon Durand-Ruel & Cie Tableaux 1, Rue de la Paix.

Estimation : 5000 - 7000
Adjudication : 4 680 €
Description
Belle correspondance de soutien moral et financier du marchand de tableaux à Monet, qui travaille à Pourville et Poissy.

24 mai. Il est plus que jamais désireux d'avoir des tableaux de Monet. «Malgré vos malades, vous devez avoir travaillé un peu. Avez-vous terminé la retouche de vos dernières marines ? Avez-vous fait des fleurs comme je vous en avais prié ? Avez-vous commencé mes toiles pour la salle à manger de la rue de Rome ?» Il lui portera de l'argent. «Tâchez de m'étonner avec une multitude de chefs d'oeuvre»...
* 26 mai. Envoi de 1500 F. «Je compte toujours sur vous pour me faire mes petits panneaux de porte le plustôt qu'il vous sera possible. Tâchez de vous remettre en train [...] Vous avez des fleurs et des arbres superbes devant les yeux à cette époque de l'année». Il l'engage à quitter sa maison de Poissy : «Il vaut mieux perdre quelques loyers et conserver sa santé. [...] Faites beaucoup de tableaux et des bons et nous gagnerons tous les deux assez d'argent pour payer les propriétaires»...
5 juillet. Au sujet d'un tableau à rendre à PETIT. Il aimerait louer une maison à Pourville en août ; Renoira «aussi envie de louer quelque chose. Avez-vous déjà fait de bonnes études ? Le temps est beau et favorise votre travail»...
* 11 juillet. Il a trouvé une petite maison à Dieppe avec jardin : «RENOIR pourra y faire des chefs d'œuvre à l'abri des yeux indiscrets du public», et viendrait vers le 20 juillet «s'il a terminé son portrait de Madame Clapisson»...
* 22 juillet. Il va lui envoyer 1000 F, puis les 1200 F «qu'il vous faut pour votre vilain monsieur d'Offranville. [...] Tâchez de ne pas vous laisser démonter par tous les ennuis du temps et des huissiers et occupez vous de faire beaucoup de belles et bonnes choses. Nous battrons monnaie avec cela et nous vous débarrasserons petit à petit de vos désagréments»...
* 25 juillet. Envoi de 700 F ; temps affreux : «Tâchez de faire des fleurs ou tout autre chose à l'intérieur si vous ne pouvez pas travailler dehors»... * 26 juillet. Envoi de 1500 F. «Maintenant que vous allez être débarrassé de vos soucis, j'espère que vous vous remettrez au travail avec une ardeur plus grande malgré le temps»...
18 août. Envoi de 2000 F. «Je vous plains d'avoir un temps pareil, mais qu'y faire ? Vous devriez vous mettre à travailler à des fruits et à des fleurs comme vous avez déjà commencé à le faire»...
18 septembre. Envoi de 1500 F. Il tente de remonter le moral de Monet, découragé par le mauvais temps qui l'empêche de travailler : «Si en ayant tout pour vous, vous faisiez de mauvais tableaux je concevrais votre découragement. Vous pourriez vous croire ou impuissant ou maladroit. Au contraire, jamais vous n'avez été en meilleure voie et en meilleure veine [...] n'allez pas croire que vous n'avez rien appris dans votre lutte contre la nature. Revenez dès que vous voudrez et vous chercherez, nous chercherons ensemble si vous voulez, ce que vous devrez faire. Il y a des pays où le ciel est plus clément», Venise, ou bien la Hollande avec «des aperçus nouveaux. Et puis il y a mon appartement rue de Rome avec un grand salon qui peut vous servir d'atelier et où vous pouvez faire, en chambre tout aussi bien qu'un autre des tableaux d'après nature. Corot pour se reposer de ses études sur nature a bien commis une foule de chefs d'œuvre dans son atelier»... 13 octobre. Il ne peut envoyer que cent francs, étant «absolument à sec depuis 15 jours». Il va envoyer chez Kiervert «les 5 toiles crevées pour les faire rentoiler»...
10 novembre. Envoi de 500 F. «Songez à l'exposition dont nous avons parlé. Sisleym'écrit pour faire des objections à une série d'expositions particulières. C'est à voir. Il faut peser le pour et le contre mais de toute façon il faut frapper un grand coup cet hiver et paraître avec des œuvres aussi complètes et aussi variées que possible»...
* 23 novembre. Il ne peut rien lui envoyer : «les affaires sont détestables et personne ne paie» ; il lui enverra 2000 F à la fin du mois, et espère que Monet s'arrangera avec son frère.
* 24 novembre. Il envoie une lettre pour calmer le frère de Monet ; il espère que les affaires vont reprendre, mais ne fait pas d'illusions : «Travaillez toujours avec ardeur et préparez moi des œuvres hors ligne pour la prochaine exposition. En dépit de tout, il faudra bien les faire accepter par le public et par les amateurs»...
14 décembre. «J'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai fait monter votre tableau Effet de neige à 760 fr. C'est le tableau de Petit que je lui avais envoyé de votre part il y a quelques mois. Je n'ai pas acheté le tableau en mon nom pour que le public le croie vendu à un amateur. Cela fait meilleur effet»...

— On joint :
- 3 L.S. par les comptables de Durand-Ruel Ch. CASBURN et M. MARRIOTT pour envois d'argent à Monet en 1882 (1 page in-8 chaque au tampon Durand-Ruel & Cie Tableaux 1, Rue de la Paix) : 4 octobre à Pourville (500 F), 14 et 21 octobre à Poissy (200 et 1000 F).

— PROVENANCE :
- Archives Claude Monet (13 décembre 2006, n° 60).

* Lots en importation temporaire et soumis à des frais de 5,5 % (20 % pour les bijoux, les automobiles, les vins et spiritueux et les multiples – casques de F1 par exemple) à la charge de l’acquéreur en sus des frais de vente et du prix d’adjudication, sauf si acquéreur hors UE.
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