Lot n° 171

Joë BOUSQUET. Manuscrit autographe. Sans date [vers 1930 ?] Manuscrit autographe de 6 feuillets …

Estimation : 600 - 800 EUR
Adjudication : 900 €
Description
Joë BOUSQUET. Manuscrit autographe. Sans date [vers 1930 ?]
Manuscrit autographe de 6 feuillets in-4 totalisant 3 pages de texte.
Émouvant manuscrit évoquant la blessure de guerre qui laissa Bousquet paralysé et sa relation avec Max Ernst, son frère d'ombre : il mêle récits de rêves et méditations poétiques.
Je n'y puis rien : ma vie est naïve comme un menteur. Mon ami Max Ernst, avant de me connaître avait un brevet de lieutenant dans l'armée allemande. J'ai été certainement blessé par un homme de son bataillon, par un homme de son régiment si les ennemis qui nous ont battus ce jour-là étaient aussi nombreux qu'on l'a dit. Un capitaine m'avait ordonné de reprendre le village de Vailly. Je suis tombé en exécutant cette mission prétentieuse et mes soldats m'ont emporté dans le crépuscule. Max, dès notre première entrevue, m'a raconté ce qu'il avait vu de la bataille.
Joë Bousquet poursuit par le récit d'un rêve qu'il demanda à Ernst de peindre, toile qu'il nomma “dans un élan d'admiration sauvage”, Le surlendemain de la mort. Suivent des pensées oniriques et poétiques sur le corps féminin, son rapport aux femmes, et son oeuvre littéraire qui “n'atteindra les miens qu'en chassant de mon intimité ceux qui m'aiment par malentendu. [...] Je m'efforce d'admettre l'horreur que mes livres inspireraient à des êtres naturellement heureux. Puis-je encore disposer librement de mes facultés gâtées par la vision des choses peintes ou fabriquées ? J'ai machinalement jeté les yeux sur le portrait de cette inconnue que j'appelle je ne sais pourquoi : la mère de Passefleur. J'ai failli crier, le portrait vivait. Détaché de la toile par une dentelle en trompe-l'oeil où une blessure du tableau de la toile soufflait du relief.”
Les murs de la chambre, où Joë Bousquet vécut reclus pendant des décennies, étaient couverts de tableaux de ses amis surréalistes, ceux de Max Ernst composant la plus grande partie de cette collection mythique.
Petite déchirure angulaire au premier feuillet atteignant un mot.
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