Lot n° 208

[CADAVRE EXQUIS]. Trois cadavres exquis. Sans date [vers 1927-1928]. 3 manuscrits sur 3 pages …

Estimation : 2 000 - 3 000 EUR
Adjudication : 12 000 €
Description
[CADAVRE EXQUIS]. Trois cadavres exquis. Sans date [vers 1927-1928].
3 manuscrits sur 3 pages in-folio, oblongues, formées de 6 feuillets de papier quadrillé réunis par onglets, pliés en accordéon et présentant 8 colonnes, à l'encre noire, bleue ou au crayon. Le texte de chaque scripteur occupe une colonne entière puis quelques lignes de la suivante.
Rare réunion de “cadavres exquis” littéraires composés par huit intervenants : Louis Aragon, André Breton, Robert Desnos, Jacques Prévert, Yves Tanguy, Pierre Unik...
La drôlerie et le burlesque s'y mêlent à l'étrange et au macabre à travers les métamorphoses que les auteurs font subir à leurs personnages, dans une relation proche de l'écriture automatique.
Le premier d'entre eux qui narre les aventures d'un nommé Jambe d'ours et de ses compagnons Poil et Ovaire, est commencé par Aragon, à l'encre bleue. Le relais est repris par Pierre Unik, à l'encre noire, puis par un troisième rédacteur [Georges Sadoul ?], au crayon, poursuivi par Yves Tanguy, à l'encre bleue, par André Breton, à l'encre noire, par Prévert, à l'encre bleue, puis deux autres scripteurs, à l'encre et au crayon.
Le deuxième débute au crayon, de la main de Suzanne Muzard [?] avec le récit d'une jeune fille prénommée Hallucinée et de son frère Serpentin. Yves
Tanguy (à l'encre bleue), prend la suite, puis André Breton (à l'encre noire), Aragon (au crayon), deux autres rédacteurs (à l'encre bleue et au crayon) précèdent les interventions de Jacques Prévert et enfin de Pierre Unik (toutes deux à l'encre bleue).
Dans le troisième de ces cadavres exquis, on retrouve les graphies d'Aragon, Unik, Breton, Aragon et Prévert et trois autres mains : il est question d'un jeune homme, Bout de Zan, devenant un vieillard de 213 ans et rencontrant l'oiseau Onoto et le moine Ordurier... “Le Cadavre exquis a, si nous nous souvenons bien - et si nous osons ainsi dire - pris naissance vers 1925 dans la vieille maison, depuis lors détruite, du 54 de la rue du Château. [...] Quand la conversation commençait à perdre de sa verdeur autour des faits de la journée et des propositions d'intervention amusante ou scandaleuse dans la vie d'alors, il était de coutume de passer à des jeux - jeux écrits tout d'abord, combinés pour que les éléments du discours s'y affrontent de manière au possible paradoxale et que la communication humaine, dévoyée ainsi au départ, fasse courir à l'esprit qui l'enregistre le maximum d'aventure. De cet instant aucun préjugé défavorable - et même bien au contraire - n'était marqué envers les jeux de l'enfance pour lesquels nous retrouvions, quoique sensiblement accrue, la même ferveur qu'autrefois. C'est pourquoi, amenés à rendre compte par la suite de ce qu'à nos yeux avaient eu, parfois, de bouleversant nos rencontres dans ce domaine, nous n'avons eu aucune difficulté à convenir que la méthode du Cadavre exquis ne diffère pas sensiblement de celle des « petits papiers »” (André Breton, Catalogue de l'exposition Galerie Nina Dausset, Paris 1948).
Un angle restauré avec atteinte à quelques mots.
Partager