Lot n° 37

CÉLINE (Louis-Ferdinand) — Lettre autographe signée « LFCéline » à Jean Galtier-Boissière.

Estimation : 800 - 1000 €
Adjudication : 1 000 €
Description
[Probablement au Danemark à la fin des années 1940]. 3 pp. 1/3 in-folio ; 3 taches marginales, une fente restaurée à la bade adhésive.
« Mon cher Galtier, autre chose. Je vois un numéro ""La Persécution des écrivains français à travers l'histoire de France"". On a pu dire que si la guerre est l'industrie nationale de la Prusse, la persécution des écrivains français est la manie nationale des Français (héritiers des Grecs en ce point). – Aux origines. – Moyen-Âge. – Renaissance, etc. etc... avec divers prétextes – Pudeurs – Religion – Politiques etc... IL Y A LA UNE VERITABLE REVANCHE PERMANENTE DE LA MEDIOCRITE FRANÇAISE, TOUJOURS EN ALERTE. Ainsi qu'une brimade atroce de la ""chienlit"" libératrice 45, contre les authentiques combattants 14-18 ! Ils n'en ratent pas un ! Tous les sournois prétextes sont bons, mais le fond c'est la chiasse et la déculottade 39 ! TRES PEU D'ECRIVAINS FRANÇAIS DIGNES DE CE NOM ONT ECHAPPE A LA BASTONNADE, AU CACHOT, A LA HONTE, OU A L'EXIL ! JUSQU'A ALEXANDRE DUMAS ! des noms invraisemblables, vous verrez ! C'est la ""grande honte"" du peuple le plus spirituel du monde... Aucun autre peuple je crois n'a traité aussi mal ses écrivains.
Je vois aussi : LES ROUBLARDS, DE VERITABLES GENIES DANS LE GENRE, ANATOLE FRANCE... DUHAMEL, CAMELEONIQUES CRAPULES [...] »

ÉCRIVAIN ET JOURNALISTE, POLEMISTE, ANARCHISTE, PACIFISTE, ANTICOMMUNISTE, JEAN GALTIER-BOISSIERE (1891-1966) mena d'abord une vie de vie de bohème à Pigalle et à Montmartre, dont il garda une grande dilection pour l'argot. Durant la Première Guerre mondiale, il créa un journal de tranchées contre le « bourrage de crânes », Le Crapouillot, qu'il relança peu après en 1919 et qu'il dirigea jusqu'en 1939, consacrant chaque numéro à un thème spécifique. De 1944 à 1950 il publia une série de mémoires sur la période de la guerre, et, en 1947, s'éleva contre l'épuration. Il avait défendu Voyage au bout de la nuit en 1932, et témoigna après-guerre en faveur de Céline au procès de celui-ci. Il publia plusieurs lettres de l'écrivain exilé, dans ses mémoires comme dans Le Crapouillot à nouveau relancé en 1948.
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