Lot n° 40

DEBUSSY Claude (1862 - 1918)2 L.A.S. «Claude Debussy», 1895-1899, à Georges HARTMANN ; 2 pages et demie oblong grand in-8 (papier bleuté), et 1 page et demie in-12. À son premier éditeur, au sujet des Nocturnes. Mardi soir [26 novembre 1895]....

Estimation : 2000 - 2500
Adjudication : 2 340 €
Description
Debussy relate avec humour une réunion organisé par LUGNÉ-POE «où l'on devait disserter sur l'opportunité d'une “Manifestation d'art où la Musique jouerait un certain rôle”», à laquelle assistaient notamment V. d'Indy, E. Chausson, P. de Bréville, S. Lazzari... Le théâtre de l'Œuvre demande «le concours et l'appui des jeunes musiciens», à qui Lugné-Poe demandait de désigner une œuvre. «Ici les jeunes musiciens ne bougèrent pas plus que d'antiques bustes, et l'assistance palpitait ; enfi n d'Indy retrouva sa voix et prononça le nom de Pélléas, quelques-uns appuyèrent et ce fut presque à pleurer d'émotion fraternelle ! Mais voilà qu'un vieux monsieur se lève et dit d'une voix plus ferme que ne le comportait son âge : “Il faut que l'Œuvre donne une chose vraiment indépendante et qui ne puisse être possible ni à l'Opéra, ni à l'Opéra-Comique ! Nous en avons assez des formules wagnériennes et des faux drames lyriques qui en sont issus”. Là-dessus tout le monde se lève, parle à la fois, et cela ressemblerait à une réunion d'anarchistes si Lugné-Poé n'entraînait pas le monde vers un petit local, où l'on boit des choses évidemment norvégiennes, le résultat de tout ceci c'est une autre lettre de Lugné-Poè reçue ce matin, où il déclare être tout à ma disposition : il pense avoir 25 à 30000 F ! et le concours de L. Jéhin ! Naturellement vous me direz ce qu'il faut penser de tout cela ?»... Il ajoute : «Les Nocturnes s'avancent, quoique je viens d'être assez occupé de désagréables rhumatismes, j'espère que vous croirez que je ne perds pas une minute ! tant je tiens à vous prouver mon sincère désir de vous être reconnaissant».... 22 janvier 1899. «Merci pour votre bonne et aff ectueuse lettre... il fallait que je sois bien désemparé pour avoir pu douter de votre amitié, pardonnez-moi cela avec beaucoup d'autres choses !... le chagrin a d'ailleurs cette triste particularité de vous montrer les choses et les gens sous un angle déformé ; malgré les peines réelles, pourtant suffi santes, il en survient d'autres qui sont parfaitement imaginaires. Vous aurez un autre Nocturne Jeudi prochain et le dernier, Samedi, j'irai moi-même vous le porter espérant être présentable ce jour-là puis, j'aurai grande joie à vous revoir».... Correspondance, nos 1895-69 et 1899-6.
DEBUSSY Claude (1862 - 1918)2 L.A.S. «Claude Debussy», 1895-1899, à Georges HARTMANN ; 2 pages et demie oblong grand in-8 (papier bleuté), et 1 page et demie in-12. À son premier éditeur, au sujet des Nocturnes. Mardi soir [26 novembre 1895]. Debussy relate avec humour une réunion organisé par LUGNÉ-POE «où l'on devait disserter sur l'opportunité d'une “Manifestation d'art où la Musique jouerait un certain rôle”», à laquelle assistaient notamment V. d'Indy, E. Chausson, P. de Bréville, S. Lazzari... Le théâtre de l'Œuvre demande «le concours et l'appui des jeunes musiciens», à qui Lugné-Poe demandait de désigner une œuvre. «Ici les jeunes musiciens ne bougèrent pas plus que d'antiques bustes, et l'assistance palpitait ; enfi n d'Indy retrouva sa voix et prononça le nom de Pélléas, quelques-uns appuyèrent et ce fut presque à pleurer d'émotion fraternelle ! Mais voilà qu'un vieux monsieur se lève et dit d'une voix plus ferme que ne le comportait son âge : “Il faut que l'Œuvre donne une chose vraiment indépendante et qui ne puisse être possible ni à l'Opéra, ni à l'Opéra-Comique ! Nous en avons assez des formules wagnériennes et des faux drames lyriques qui en sont issus”. Là-dessus tout le monde se lève, parle à la fois, et cela ressemblerait à une réunion d'anarchistes si Lugné-Poé n'entraînait pas le monde vers un petit local, où l'on boit des choses évidemment norvégiennes, le résultat de tout ceci c'est une autre lettre de Lugné-Poè reçue ce matin, où il déclare être tout à ma disposition : il pense avoir 25 à 30000 F ! et le concours de L. Jéhin ! Naturellement vous me direz ce qu'il faut penser de tout cela ?»... Il ajoute : «Les Nocturnes s'avancent, quoique je viens d'être assez occupé de désagréables rhumatismes, j'espère que vous croirez que je ne perds pas une minute ! tant je tiens à vous prouver mon sincère désir de vous être reconnaissant».... 22 janvier 1899. «Merci pour votre bonne et aff ectueuse lettre... il fallait que je sois bien désemparé pour avoir pu douter de votre amitié, pardonnez-moi cela avec beaucoup d'autres choses !... le chagrin a d'ailleurs cette triste particularité de vous montrer les choses et les gens sous un angle déformé ; malgré les peines réelles, pourtant suffi santes, il en survient d'autres qui sont parfaitement imaginaires. Vous aurez un autre Nocturne Jeudi prochain et le dernier, Samedi, j'irai moi-même vous le porter espérant être présentable ce jour-là puis, j'aurai grande joie à vous revoir».... Correspondance, nos 1895-69 et 1899-6.
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