Lot n° 115

HUYSMANS Joris-Karl (1848-1907). MANUSCRIT autographe du chapitre VII de L'Oblat, [1903] ; 19 …

Estimation : 2 500 - 3 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
HUYSMANS Joris-Karl (1848-1907). MANUSCRIT autographe du chapitre
VII de L'Oblat, [1903] ; 19 feuillets in-fol. (30 x 22 cm) écrits au recto, plus 2 pages sur un feuillet in-4 monté sur onglets, le tout relié en un volume in-fol., demi-maroquin bordeaux à coins, dos à nerfs fileté et mosaïqué de gris, pièces de titre orange, filets simples et pointillés en lisière de cuir sur les plats, tête dorée (Gruel).
Manuscrit de travail complet du chapitre
VII de L'Oblat.
Publié en 1903 chez Stock, L'Oblat est le dernier volet, après En route et La Cathédrale, de la célèbre trilogie relatant, à travers le personnage de Durtal, la conversion de l'auteur. Huysmans lui-même, retiré près des bénédictins de Ligugé, a fait profession d'oblat en mars 1901. Durtal a quitté Chartres pour le monastère du Val des Saints ; il trouve chez les Bénédictins un asile qui convient à son âme et à ses préoccupations intellectuelles. Il décrit avec exaltation les cérémonies de l'abbaye, la liturgie, la vie quotidienne des moines...
Le chapitre VII décrit la vie au Val des Saints en hiver, les matines dans le froid, une conversation de Durtal avec Dom Felletin, son confesseur, et les cérémonies de Noël ; le chapitre s'achève sur une évocation du moine thaumaturge Paul de Moll. Nous en citons les premières lignes : «L'hiver était venu ; le froid sévissait, terrible, au Val des Saints. Malgré ses cheminées bourrées de bûches et la floraison de ses glaïeuls de feu qui poussaient, en chantant, dans les cendres, la maison était froide, car la bise pénétrait par tous les interstices des croisées et des portes. Les bourrelets, les paravents demeuraient vains ; tandis que l'on se grillait les jambes, le dos gelait. Il faudrait luter toutes les ouvertures, les cacheter, ainsi que des bouteilles, avec de la cire dans laquelle on aurait fondu du suif, grognait
Durtal ; et Mme Bavoil répondait placidement : calfeutrez-vous dans des couvertures, il n'est pas d'autre moyen pratique de se réchauffer, ici ; et elle donnait l'exemple, accumulant sur elle des cloches de jupes, s'embobelinant la tête dans des amas de bonnets et de fichus ; on ne lui voyait plus que le bout du nez ; elle avait l'air d'une Samoyède ; il ne lui manquait que les patins qu'elle avait remplacés par d'énormes sabots au bec retroussé comme une proue de barque»...
Le manuscrit, qui présente des variantes avec le texte définitif, est rédigé à l'encre brune au recto de feuillets de papier ligné paginés au crayon rouge de 103 à 120. Le numéro du chapitre VII est inscrit au crayon vert. On relève de nombreuses ratures et corrections, au fil de la plume, ou dans les interlignes, ainsi que de additions marginales ; une addition plus importante, au f. 110, est rédigée sur un petit feuillet inséré ; un feuillet ajouté (111²) donne une version alternative de six paragraphes. Certains passages sont biffés au crayon bleu.
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