Lot n° 160

PROUST Marcel (1871-1922). L.A.S. «Marcel Proust», «45 rue de Courcelles mercredi» [1er juin …

Estimation : 1 500 - 2 000 EUR
Adjudication : 2 899 €
Description
PROUST Marcel (1871-1922). L.A.S. «Marcel Proust», «45 rue de Courcelles mercredi» [1er juin 1904, au docteur Ladislas LANDOWSKI] ; 4 pages in-8 (deuil).
Belle lettre inédite de condoléances adressée au médecin de sa mère. [Ladislas
LANDOWSKI (1867-1956) avait été l'élève du docteur Adrien Proust, père de Marcel, avant de devenir son adjoint en 1894 à l'Inspection générale des services sanitaires de Paris.
C'est lui qui soigna la mère de Marcel Proust et l'assista jusqu'à sa mort en 1905. Sa soeur Franciszka Wanda (1877-1904) avait épousé en 1902 le peintre William Laparra ; elle était morte accidentellement le 26 mai 1904, à l'âge de 24 ans.] «Je ne cesse de penser à vous avec une infinie tristesse depuis que vous êtes si malheureux. Si je ne vous ai pas encore écrit, c'est que j'ai peur que mes paroles ne vous soient bien importunes. Tous ceux doivent vous paraître si étrangers maintenant, qui ne vous rappellent rien de votre soeur.
Et pourtant, moi qui la connaissais si peu, je pensais souvent à elle. Dans sa grâce merveilleuse, il semblait qu'on put deviner toute son intelligence et tout son coeur. Et ayant pour vous une si profonde sympathie, je pensais souvent avec bien de la joie que vous aviez ce grand bonheur d'avoir non loin de vous cette soeur merveilleuse, dont le jeune bonheur doublait le vôtre.
[...] je ne peux plus penser à vous que bien douloureusement, avec un sentiment de révolte qu'un être d'élite comme vous qui n'a jamais fait que du bien et épargné de la souffrance autour de lui, soit frappé de cette manière atroce. Croyez [...] que je n'ai plus cessé de penser à vous depuis ce jour affreux et que votre peine a dans mon coeur un bien grand écho. Je ne puis vous séparer de la pensée de ceux que j'aime.
Mon père vous aimait, vous avez été bon pour mon frère, pour moi-même toujours charmant. Maman avait pour votre soeur la sympathie la plus vive». Il était trop malade pour aller aux obsèques : «Il me reste au moins la pensée pour plaindre la souffrance de ceux que j'aime et sympathiser avec leurs chagrins. Toujours seul, j'y pense peut'être plus fortement»...
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