Lot n° 192
Sélection Bibliorare

STENDHAL (1783-1842). 14 L.A.S. ou L.A. (la plupart signées de noms de fantaisie, 2 «H. …

Estimation : 20 000 - 25 000 EUR
Adjudication : 35 100 €
Description
STENDHAL (1783-1842). 14 L.A.S. ou L.A. (la plupart signées de noms de fantaisie, 2 «H. Beyle»), 1830-1835, à Mlle Sophie DUVAUCEL (une à sa mère) ; 52 pages sur 28 ff. in-8 ou in-4, montés sur onglets sur des feuillets de papier vergé en un volume in-4, reliure janséniste, maroquin grenat, dos à nerfs, doublures de maroquin rouge avec jeu de filets dorés en encadrement, gardes de soie moirée bordeaux, étui bordé (G. Mercier Sr de son père, 1929).
Belles et souvent longues lettres, correspondance spirituelle, galante et littéraire, à la belle-fille de Cuvier.
[Sophie DUVAUCEL (1789-1867) était la bellefille du naturaliste Georges Cuvier, avec qui sa mère s'était remariée. Elle faisait les honneurs du salon de son beau-père au Jardin des Plantes, ce que Stendhal évoque avec plaisir dans ses Souvenirs d'égotisme. Courtisée par l'ami de Stendhal Sutton Sharpe, elle épousa finalement en 1833 l'amiral Alexandre
Ducrest de Villeneuve.]
Cette très belle correspondance livre d'intéressantes confidences de Stendhal sur lui-même, sur ses romans Le Rouge et le Noir et Lucien Leuwen, le personnage de Julien
Sorel, sur son ancienne maîtresse Alberthe de Rubempré dite «Madame Azur» (qui eut aussi pour amants Delacroix et Mérimée), la comtesse de Sainte-Aulaire, dont il fréquenta le salon à l'ambassade de France à Rome (qu'il prit pour modèle dans sa nouvelle Une position sociale, 1832). Il y évoque aussi ses amis, notamment Astolphe de CUSTINE et Prosper MÉRIMÉE, et son amour pour BYRON. Nous ne pouvons en donner ici qu'un aperçu.
1830. [Janvier], signée «Tombouctou». Il a remis pour elle chez son portier le tome I des Mémoires et voyages d'A. de CUSTINE : «C'est le voyage en Italie et celui qui convient le mieux à ces jolies âmes françaises pour lesquelles il faudrait écrire avec les couleurs de l'arc-en-ciel. Quels que soyent les torts de M. de Custine, il n'est point charlatan, il n'est point vaudeviliste courant après la pointe, il peint vrai, trois petites qualités assez rares. Il a 18 ans dans le volume [...], il est quelquefois enfant. Son grand défaut est d'avoir peur du public, qui sauf votre respect n'est qu'une bégueule crevant d'ennui et mettant à son amusement des conditions impossibles à remplir». Il termine sur une anecdote concernant le Roi de Naples. -Dimanche [7 mars]. «L'homme aux frissons et à la cruche étrusque, votre favori [Mérimée] a donné ce matin un article sur Lord Byron où il y a plus de philosophie et de véritable que dans 1830 numéros du Globe. Je suis forcé d'en convenir, malgré l'envie qu'il m'inspire depuis que vous le trouvez si beau». Il évoque également de Mérimée «l'histoire du brigand sublime Rondino [...] Cela est exactement vrai. L'homme aux frissons a plutôt diminué la beauté du caractère de Rondino. Il lui a ôté un peu de son élan». Il salue la nomination de Chevreul au Muséum : «C'est une nouvelle conquête à tenter pour moi. Comment m'y prendre ? Mes goûts champêtres rêvent depuis hier soir aux charmes d'un logement au Jardin avec la perspective des arbres verds même au milieu de l'hiver. Mais jamais je ne serai assez plat pour plaire à 7 personnes sur 13. [...] Les hommes les plus doux quand ils ont subi ma connaissance pendant 6 mois, donneraient 6 francs pour me voir tomber dans un trou plein de boue, au moment où je me prépare à entrer dans un salon. Cependant je ne hais personne et j'adore Rossini, Napoléon, lord
Byron, tous les gens d'esprit auxquels j'ai parlé». - [23 mars], signée «H. Beyle». «Ma faiblesse se met à vos pieds Mademoiselle, je m'y trouve fort bien, car ils sont jolis, et quoique du parti de la vertu, vous n'êtes point triste. Samedi à 6 heures je paraîtrai au jardin des plantes pour manger et non pour parler. Ce qui fera que je ne serai point embarassant pour vous, quelque remplis de Cant que soient les convives. Je me trouve fort bien de ne plus parler. C'est un nouveau ridicule des Français. Ils ont tort suivant moi de trouver ce personnage amusant.
Mais enfin l'animal une fois admis sous cette définition, quoi de plus ridicule que de le trouver aimable quand il ne parle pas.
J'explique cela non pas par l'os hioïde ou par l'animal nommé Lalouate que les journaux ont toujours pris pour la Luette ; mais par l'exception que la Maîtresse de la maison croit qu'on fait pour elle». Il cite un trait de bienfaisance de la duchesse de Montebello, annonce la parution d'une brochure de Chateaubriand.... Il fait enfin allusion à la réception académique de LAMARTINE (1er avril) : «M. de Lamartine saura-t-il écrire en prose ? Un pauvre diplomate ne peut parler de rien pas même de la vie de M.
Daru. On dit qu'on le fait ministre en Grèce.
Tant mieux ; nous irons l'y voir. Mariezvous et soyez du voyage. Je m'habillerai en
Arlequin avec une batte, je me moquerai de tout ce qui existe et de beaucoup d'autres choses, et quelle que soit votre vertu, je vous ferai sourire»... - [Mars], signée «Cotonet».
«Depuis longtemps, Mademoiselle, les conve
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