Lot n° 11
Sélection Bibliorare

[BIBLE POLYGLOTTE D'ALCALÁ] — Novum Testamentum grece et latine in Academia Complutensi noviter impressum. Université Complutense [Alcalá de Henares],

Estimation : 10000 - 12000 €
Adjudication : 36 250 €
Description
Arnao Guillén de Brocar pour Francisco Jiménez de Cisneros, 10 janvier 1514. In-folio de [262] ff. (sign. a4 A-Q6 α6 R-Z6 AA-LL6 MM8 a10 a-f6 g4), reliure d'origine (?) recouverte de soie verte à grands motifs floraux en deux tons, dos à six nerfs muet, tranches dorées et ciselées (Reliure du XVIIIe siècle).Le Nouveau Testament de la première et la plus précieuse des bibles polyglottes, connue sous le nom de Polyglotte d'Alcalá ou de Complutense, monumentale entreprise éditoriale espagnole réalisée entre 1514 et 1517 sous la direction et aux dépens du cardinal Francisco Jiménez de Cisneros (1436-1517), évêque de Tolède et fondateur de l'université d'Alcalá de Henares, dite La Complutense. L'établissement du texte avait pris près de quinze ans, de 1502 à 1517, à un groupe d'érudits dirigé par Diego López de Zúñiga. Sa publication initia un mouvement éditorial d’un siècle et demi, marqué par la parution des polyglottes de Plantin (Anvers, 1569-1572), de Lejay (Paris, 1628-1645) et de Walton (Londres, 1657), dont la dernière intègre non moins de neuf langues.
Cette magistrale bible quadrilingue « se recommande par sa grande rareté », ce qui suffit pour lui « conserver une valeur considérable dans le commerce », selon Brunet.
L'imprimeur Arnao Guillén de Brocar (v. 1460-1523), natif de Bédeille, travailla à Toulouse auprès d'Henri Mayer, puis à Pampelune et à Logroño, avant d'être appelé à Alcalá en 1510 par le cardinal Jiménez de Cisneros pour imprimer une bible polyglotte.
À cet effet, il fit graver, entre autres caractères, une superbe fonte grecque, dépourvue de ligatures et d’abréviations, que Robert Proctor tient pour « indubitablement la plus belle fonte grecque jamais gravée » et dont Jean Irigoin écrit qu'elle « avait trois siècles d'avance sur les polices qui seront gravées en Europe à partir du début du XIXe siècle. »
Le présent volume, présenté seul, est le cinquième de l’édition, le plus important en ce qui regarde « la contribution de l’Espagne au développement de la typographie grecque ». Il renferme l’intégralité du Nouveau Testament, imprimé sur deux colonnes, dans les caractères grecs d'Alcalá et en gothique pour le latin – tandis que les quatre premiers volumes contiennent l'Ancien Testament en quatre langues (hébreu, chaldéen, grec et latin), et le sixième volume, les annexes.
Dans ce volume, le Nouveau Testament occupe [218] ff., précédés de [4] ff. liminaires et suivis de deux appendices lexicographiques intitulés Interpretationes hebreorum chaldeorum grecorumque nominum Novi Testamenti (en [10] ff.) et Introductio quã brevissima ad grecas litteras (en [39] ff.). Sur le titre, les armes du cardinal Jiménez de Cisneros sont imprimées en noir dans un encadrement de rinceaux formé de sept bois. Le texte est émaillé de grandes lettrines historiées à fond blanc ou noir et de plus petites initiales ornementées. La marque de l'imprimeur figure à la fin de l'Apocalypse, au-dessous du colophon (f. MM7v).
L'exemplaire est bien complet de l'Αποδημία τοῦ ἁγίου Παύλου ([6] ff. sign. α6) et de l'ultime feuillet blanc (g4). Les ff. CC2/5 et KK2/5 sont des cartons réimprimés en 1520, comme dans « tous les exemplaires connus » (Delaveau & Hillard).
Exemplaire réglé dont la reliure a été recouverte au xviiie siècle d’une jolie soie verte à motifs floraux.
Le volume conserve ses tranches dorées d'origine, finement ciselées au xvie siècle.
De la bibliothèque Guillaume Bourel, prêtre en l’église Saint-Laurent de Rouen, avec ex-libris manuscrit daté 1724 au colophon. Offert par lui au frère Laurent en 1750, l’exemplaire a ensuite appartenu au monastère des Récollets de Rouen, comme en atteste une mention manuscrite sur le titre. Des mentions plus anciennes figurent également sur le titre, biffées, dont la signature : M. Desmares.
Infimes manques de soie sur les nerfs. Traces claires sur le f. K4 ; petite déchirure marginale n'atteignant pas le texte au f. S6.
Adams, B-968 – Darlow & Moule, n°1412 – Delaveau & Hillard, n°1 – PMM, n°52 – Brunet, I, 849 – R. Proctor, « The Printing of Greek in the Fifteenth Century », Oxford, 1900 (cit. p. 144) – J. Irigoin, « La contribution de l’Espagne au développement de la typographie grecque », Minerva, vol. 10, 1996, pp. 59-75 (cit. p. 74).
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