Lot n° 76

APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918) L.A.S. «Gui», 3 mai 1915, à Louise de CHÂTILLON-COLIGNY ; 4 …

Estimation : 1 000 - 1 500 EUR
Adjudication : 5 008 €
Description
APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918) L.A.S. «Gui», 3 mai 1915, à Louise de CHÂTILLON-COLIGNY ; 4 pages in-8 (quelques légères taches). Belle lettre d'amour à Lou, écrite du front. «Mon petit Lou très chéri. Je comprends bien toutes les tensions, le printemps, les fleurs et ne t'en veux pas du tout, ptit Lou de mon coeur. [...] Alors c'est vrai, mon joli rat musqué, il faut aussi que je compte entièrement sur toi ?! et on est amis pour la vie ! Si tu savais ce que ces gentilles dispositions de l'esprit de mon Lou à mon égard me font plaisir, tu serais contente». Il a reçu une lettre d'un ami sous-préfet «qui envie des sensations fortes et exquises. C'est tout de même étonnant ce que les poilus de l'arrière et de l'intérieur qui font l'amour tout ce qu'ils veulent, ne risquent rien et couchent dans un bon lit ont du culot, je te leur f...ai avec plaisir des coups de bâton. C'est tout de même extraordinaire ce qu'il y a encore d'embusqués ! Et on parle de prendre les femmes aux armées, mais qu'on prenne d'abord tous les hommes... J'ai interrompu ma lettre pour monter à cheval dans la nuit noire sans lune été aux tranchées dans l'encombrement impressionnant des nuits du front. Sentinelles partout. Le mot. Puis la rase campagne. Les réflecteurs puissants qui balayent l'obscurité. Des fusées lumineuses perçant les ténèbres, la fusillade, c'était fantastique. J'ai cueilli aujourd'hui des fleurs que je mets sur ma lettre. Il y a là le premier lilas» [taches brunes sur la lettre]. Quand pourront-ils aller le cueillir ensemble ?... «Ici rien de neuf que la guerre»... Il se demande ce qu'on pense à Paris de la durée de cette guerre, et si l'Italie va entrer en guerre, ou bien «nous faire attendre sous l'orme comme moi à Marseille ? Mon ptit Lou aurais voulu voir le pigeonnier avec ses beaux iris noirs et ses oeillets mutins fripons dont tu parles si bien. Enfin, mon chéri, je t'embrasse mille fois»...
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