Lot n° 3

BRACH (Pierre de) — Aminte, fable bocagere prise de l'italien de Torquatto Tasso. Plus, L'Olimpe, imitation de l'Arioste.

Estimation : 3000 - 4000 €
Adjudication : 6 250 €
Description
Bordeaux, Simon Millanges ; Paris, Abel L'Angelier, 1585. Petit in-4, maroquin grenat, double filet doré, dos lisse titré en long dans un cadre de double filet, dentelle intérieure, tranches dorées (Lortic fils).Édition originale excessivement rare de la première traduction française de l'Aminte du Tasse, œuvre du poète bordelais Pierre de Brach, un ami intime de Montaigne.
Exemplaire de troisième émission. L'édition originale a fait l'objet d'un premier tirage en 1584 sous le titre d'Imitations de Pierre de Brach, à l'adresse du seul Simon Millanges, l'éditeur bordelais de Montaigne, avant d'être remise en vente la même année sous le présent titre mentionnant le Tasse et l'Arioste (à l'adresse de Millanges est alors ajoutée la mention Ils se vendent à Paris chez Abel L'Angelier), et l'année suivante sous le même titre, seulement rajeuni d'un an.
Ces trois émissions, qui ne diffèrent que par le feuillet de titre, sont absolument rarissimes. La première (Imitations, 1584) est encore la moins rare, avec quatre exemplaires conservés dans les institutions publiques. De la deuxième (Aminte, 1584), on ne connaît qu'un seul exemplaire, conservé à l'Arsenal, qui est incomplet de toute la seconde partie. Quant à celle-ci (Aminte, 1585), l'USTC n'en cite aucun exemplaire et la tient pour perdue (Lost book).
La pastorale de l'Aminta du Tasse (1544-1595) connut un grand succès en France. Le texte italien fut imprimé à Paris, chez Abel L’Angelier, en 1584, soit quatre ans seulement après l'originale italienne. Pierre de Brach, son premier traducteur français, l'a fait suivre de l'épisode d'Olympe, tiré du Roland furieux de l'Arioste (1474-1533), mis en vers français par ses soins.
Avocat et poète bordelais, Pierre de Brach (1547-1604) comptait parmi ses amis Ronsard, Saluste du Bartas et surtout Montaigne, dont il était un des intimes. (On se souvient de la célèbre Lettre sur la mort de Montaigne qu'il écrivit à Juste Lipse le 4 février 1593 : « Monsieur de Montaigne est mort  ; c'est un coup que je donne tout à coup dans vostre âme, pour ce qu'il donne bien avant dans mon cœur... »). La faveur de Marguerite de Navarre, à laquelle il a dédié le présent ouvrage, lui avait valu, en 1577, la charge de contrôleur du roi en la chancellerie de Bordeaux.
Montaigne, de retour d'Italie, où il avait sans doute rencontré le Tasse, fut le premier Français à citer ses vers, dès 1582, dans la seconde édition des Essais. Marcel Tetel a d'ailleurs signalé que « l'auteur de la Jérusalem délivrée et de l'Aminta est le poète italien le plus fréquemment cité dans les Essais ». Il possédait l'édition des Rime e prose du Tasse parue à Venise en 1581, celle qui servit à son ami Pierre de Brach pour établir sa traduction de l'Aminte.
Exemplaire de choix élégamment établi par Marcellin Lortic.
Il s'agit du seul exemplaire de cette émission cité par Balsamo et Simonin, passé dans les bibliothèques Tobie-Gustave Herpin (1903, n°214), Ernest Labadie (1918, n°1775), Édouard Moura (1923, n°206) et Charles-Louis Fière (1937, II, n°381), puis dans un catalogue de la Librairie Lardanchet (déc. 1951, n°970).
Dos uniformément éclairci, sporadiques rousseurs.
Balsamo & Simonin, n°131 (exemplaire cité) – Tchemerzine, II, 108 b – Arbour, n°187 – Lachèvre, I, 130 – Desgraves, Millanges, n°72 – Répertoire, I, 44, n°101 – Marcel Tetel, « Montaigne et le Tasse », Cahiers de l'AIEF, n°33, 1981, p. 81.
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