Lot n° 210
Sélection Bibliorare

Alexandre DUMAS. Origines du brigandage. Causes de sa persistance. Moyens de le détruire. …

Estimation : 3 000 - 4 000 EUR
Adjudication : 3 674 €
Description
Alexandre DUMAS. Origines du brigandage. Causes de sa persistance. Moyens de le détruire. [Mai-juin 1862]. 6 manuscrits autographes signés. 4 pp. , 4 pp., 4 pp., 3 pp., 4 pp. 5 pp., in-4 sur papier bleu. En 1860, Dumas fait la connaissance de Garibaldi et s’engage à ses côtés en souscrivant pour l’achat de carabines. Il participera à la campagne de Sicile puis à la révolution qui chasse les Bourbons de Naples. Dumas s’installe dans la ville qu’il avait tant aimée vingt-cinq ans plus tôt et y fonde un journal, L’Indipendente, dont le premier numéro paraît le 11 octobre 1860. Il en rédigera presque seul les articles jusqu’à son départ de Naples le 6 mars 1864. Dumas y traitera des sujets les plus variés, politique internationale ou simples faits divers. Il y propose aussi de grandes enquêtes sur la situation politique et sociale de l’ancien royaume des Deux-Siciles. Brigandage, impunité des riches et misère du peuple Une des principales enquêtes menées par Dumas concerne le brigandage qui sévit de manière endémique dans la région. Dumas en analyse les causes, donne des exemples et propose des solutions. Son étude est fouillée, documentée et extrêmement lucide. Les articles, écrits en français par Dumas et ensuite traduits en italien, parurent dans L’Indipendente du 23 mai au 10 juin 1862 sous le titre Dell’origine del brigantaggio, delle cause della sua esistenza, e del modo du distruggerio. Ils furent repris dans le Monte-Cristo des 7 et 10 octobre 1862. Les manuscrits présentent de nombreuses différences avec le texte imprimé. 1) – De la subsistance de la féodalité dans l’Italie méridionale : Dumas prend le problème à sa racine et pointe son origine dans la misère du peuple : Nous attribuons le brigandage à la féodalité […]. À la sortie des royaumes barbares les faibles demandèrent protection aux forts, leur promettant fidélité, dépendance et servage. Les forts et les riches acceptèrent, et moyennant leur renonciation à tous leurs droits d’hommes libres, c’est-à-dire ayant volonté et possession, ils garantirent aux faibles et aux pauvres LA VIE. Et ils leur garantirent la vie – non point parce que le fort doit protection au faible, non point parce que le riche doit assistance au pauvre, non point parce que le l’évangile dit – aimez votre prochain comme vous-même – mais parce que LA VIE capital aliéné à leur profit par son propriétaire leur rapportait un intérêt usuraire. […] Nulle part la féodalité n’a été plus nombreuse et le pouvoir féodal plus grand que dans le royaume des Deux Siciles, parce que le royaume des Deux-Siciles a été conquis plus souvent qu’aucun autre.  Et chaque conquête a imposé sa féodalité. Il en résulte que la féodalité y a partout des racines si profondes qu’elle a jusqu’à présent paru impossible à extirper. Certes il y a eu une évolution :  Les serfs sont devenus des paysans, des colons même, mais ces paysans et ces colons ne forment pas un peuple, car les seigneurs sont restés, et tant qu’il y a des seigneurs – disons le hautement comme doit être dite toute vérité – tant qu’il y a des seigneurs dans un pays il n’y a pas de peuple. Et bien c’est à la puissance despotiquement exercée de ces seigneurs que j’attribue l’origine du brigandage. C’est à l’absence d’un peuple que j’attribue son existence. […] La féodalité abolie en droit en 1809 a continué et malheureusement continue encore d’exister en fait. 2) - Dumas revient sur ce qu’est la féodalité : l’accumulation de richesse au-delà de toute proportion avec le reste de la population. Mais il se veut rassurant : Ne craignez pas que nous ayons l’idée d’enlever la moindre parcelle de cette grande propriété, si grande, si nuisible qu’elle soit aux populations qu’elle épuise. Dieu nous en garde LA PROPRIÉTÉ EST SACRÉE. Nous ne voulons pas attaquer la richesse des riches. Nous voulons faire une richesse aux pauvres. La loi de 1809 a fait le peuple libre devant la loi mais pas dans les faits. Et il n’a qu’un moyen pour subsister : se jeter dans la montagne et se faire brigand, « de s’emparer des riches et d’exercer à leur tour en les mettant à rançon, cette pression sanglante qu’ils regardent comme une revanche permise, comme une vengeance légitime, comme la peine du talion, enfin. Dumas, écrivain, cherche des arguments dans la littérature : L’esprit des poètes, chose étrange, a été plus profondément frappé de cette vérité sociale que la raison des législateurs. Et il en appelle aux Brigands de Schiller et au Jean Sbogar de Nodier. Mais soucieux de ne pas s’aliéner les classes possédantes, il réaffirme en fin d’article qu’il ne veut pas toucher aux biens ni aux têtes de ceux qu’il réprouve. 3) – Sur l’impunité dont jouissent les possédants dans leurs exactions contre les pauvres. Si un riche bouge les bornes à son profit au détriment du terrain d’un pauvre, celui-ci n’osera rien dire de crainte d’un procès long et désastreux sans qu’il puisse avoir chance d’obtenir justice […] privé de la sympathie judiciaire qui il faut le dire, dans l’I
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