Lot n° 137
Sélection Bibliorare

Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791). Manuscrit musical autographe, [vers 1783] ; 1 page oblong in-4 (20,5 x 28 cm, verso vierge) ; sous chemise ancienne avec étiquette de papier bleu calligraphiée « Manuscrit original de W.A....

Estimation : 80000 - 100000
Adjudication : 117 000 €
Description
Mozart ».{CR}Belle page d’esquisses pour deux canons et un trio. [KV Anh. H10, Nr.14 et KV 686]{CR}Un feuillet oblong écrit au recto à l’encre brune ; papier à 10 lignes. Il est répertorié dans la Neue Mozart Ausgabe (X/30/3) comme Skb 1783f, et daté par Ulrich Konrad vers 1783 ou plus tard.{CR}Le haut du feuillet est occupé, sur trois portées, par un canon en ut à 3 voix (soprano, ténor et basse), à 2/2 (C barré) en 12 mesures [Skb 1783f/1a] ; il est suivi par un autre canon à 2 voix (soprano et basse) sur le même thème en 9 mesures [Skb 1783f/1b ; Köchel-Verzeichnis (2024) KV Anh. H10, Nr.14].{CR}Sur les trois portées suivantes, Mozart a esquissé 29 mesures d’un trio (Triosatz) en ut mineur, probablement pour deux violons et violoncelle, à 4/4 (C), les six dernières mesures notées sur deux portées. [Skb 1783f/2 ; KV 686].{CR}En bas à droite, Mozart a aligné des zéros par quatre fois.{CR}Le feuillet est authentifié en bas par Aloys FUCHS : « Die Aechtheit dieser Mozartschen Handschrift bestättigt hiermit Aloys Fuchs ». [Originaire de Moravie, Aloys Fuchs (Rázová 1799-Vienne 1853) vint à Vienne en 1816 étudier la philosophie et le droit à l’Université. Il se lia rapidement avec de nombreux compositeurs et artistes, dont Beethoven, Mendelssohn ou Schumann. Son emploi au ministère de la Guerre ne l’empêcha pas de consacrer tout son temps libre à la musique : il pratiquait avec talent le violoncelle, donnait des soirées musicales, et entra en 1836 dans le chœur de la Chapelle de la Cour impériale. Surtout, il s’appliqua avec passion à la musicologie, rassemblant une vaste documentation sur les musiciens viennois, notamment sur Mozart, récupérant une partie des manuscrits provenant de sa succession, qu’il mettra à la disposition de Köchel pour son catalogue de référence des œuvres du compositeur, et dont il se servira comme monnaie d’échange pour enrichir sa collection. Premier collectionneur systématique en Europe dans le domaine des autographes musicaux, amateur savant et infatigable, il avait pour dessein de constituer une bibliothèque musicale universelle : de 1817 à sa mort il réunit la plus importante collection musicale privée de son temps, comprenant non seulement les noms allemands et autrichiens les plus prestigieux mais également la quasi-totalité des noms de l’Europe musicale. Fuchs fit des dons importants à la Gesellschaft der Musikfreunde de Vienne, dont il était membre, qui forment une part précieuse des trésors de cette institution. À sa mort, une partie importante de sa collection fut acquise par la Deutsche Staatsbibliothek de Berlin, et par d’autres institutions.]{CR}Le manuscrit est accompagné d’une lettre d’ Aloys Fuchs, lettre signée « Louis Fuchs », du 28 février 1842 (1 page in-8 en français), au célèbre violoncelliste Adrien-François Servais (1807-1866) : « Ardent de répondre au souhait dont vous m’avez parlé, je m’empresse de vous offrir un autographe de Mozart, en vous priant de l’accepter comme témoignage de l’appréciation la plus parfaite de l’art dont vous nous enchantez. Si vous voudriez en même tems m’honorer de quelques lignes de votre main, vous satisfairez à mes désirs les plus fervents »…{CR}[Servais adressa à Fuchs un extrait de sa Fantaisie romantique, daté de 1842, que Fuchs inséra dans son Musikalisches Album zur Erinnerung an günstige Freunde (p. 84 ; n° 1192 de la 7e vente Aristophil).]{CR}Dans le coin supérieur gauche du feuillet de Mozart, Servais a inscrit son monogramme « S », répété sur la couverture.[Adrien-François Servais (1807-1866), surnommé « le Paganini du violoncelle », est le père du compositeur Franz Servais (1846-1901), et le grand-père de Misia Godebska (1872-1950), la future Misia Sert.]{CR}Provenance : [Constanze Mozart (1762-1842) ou sa succession] ; Aloys Fuchs ; Adrien-François Servais (1807-1866) ; sa fille Augusta (1860-1925), épouse du ténor Ernest Van Dyck (1861-1923) ; puis descendance. [Voir nos 11 et 214-216.]{CR}Références : Ulrich Konrad, Mozarts Schaffensweise. Studien zu den Werkautographen, Skizzen ud Entwürfen (Göttingen, 1992) : p. 249-251 et 312. – Neue Mozart Ausgabe X/30/3 (1998), p. 50 ; et Kritische Berichte (1998), p. 27-28. – Köchel-Verzeichnis (nouvelle édition, Bärenreiter 2024), KV 686 et KV Anh. H10, Nr.14.{CR}Nous remercions M. Ulrich Leisinger des renseignements qu’il a bien voulu nous communiquer.
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