Lot n° 28

Victor HUGO (1802-1885). — 4 L.A.S., Hauteville House (Guernesey) et Bruxelles janvier-décembre 1868, à Jules Claretie ; 6 pages in-4 ou in-8, adresses et enveloppes ; montées sur onglets sur des feuillets de papier vergé en un volume petit...

Estimation : 6000 - 7000
Adjudication : 7 800 €
Description
in-4 relié maroquin noir souple, titre doré sur le plat sup.
Très belle correspondance.

14 janvier. Après l’interdiction des pièces de Victor Hugo à la Comédie Française... « Vous prenez acte hautement de la lâcheté commise, du dol et du vol, de cette petite turpitude jésuite étranglant Hierro entre deux portes. Qui est maître aujourd’hui dans la maison de Molière ? c’est Tartufe. Il s’appelle Édouard Thierry, et fait ses pâques entre deux portants, recevant de Dupanloup l’hostie, et de Rouher le mot d’ordre [...] Je suis un pestiféré, je suis en quarantaine. La police crible mes lettres, la, poste vole l’argent de mes timbre-poste »...

26 janvier. Il promet à Claretie un dessin, et l’invite à venir au printemps à Bruxelles : « je ferai sous vos yeux votre dessin, que vous me paierez d’un serrement de main [...] chose curieuse et qui m’a charmé, Garibaldi m’a répondu en vers, et en vers français »...

Bruxelles 31 août. [Mort de Mme Hugo] : « L’insomnie m’a brulé les yeux. Lire votre belle page sur ma chère morte m’a soulagé »...

31 décembre. Il lui envoie par Auguste Vacquerie le dessin promis : « C’est el puente de los contrabandistas. J’ai vu cela dans les Pyrénées, étant enfant. Le Pont des Contrebandiers était terrible. Il servait aux contrebandiers comme pont, et à la justice comme gibet. On les pendait aux poutres. Cela ne les empêchait pas de continuer d’y passer. Ce pont s’appelait aussi :
On marche dessus.
On danse dessous.
J’ai cité dans le Dernier jour d’un condamné la chanson triste
Je lui ferai danser la danse
Où il n’y a pas de plancher.
Cette lugubre danse, je vous l’envoie. Pardonnez-le moi. C’est hideux, mais utile. Il faut mettre aux bourreaux le nez dans leur ouvrage. Donc montrons l’horreur du passé.
Le présent n’est pas beaucoup plus beau. Mais quel Demain vous allez avoir, vous qui êtes jeunes ! Moi, je serai mort »...
Partager