Description
strictement d’époque).
Édition originale limitée à 60 ex. sur vélin, n° 1.
Délicieux récit de voyage dans les Carpathes avec une certaine I.D. à qui il est dédié. « À mes regrets se mêlait la peine que j’éprouvais de me séparer de vous, Madame, et cette peine, je la ressens encore, cruellement. Et c’est pour l’adoucir que je vous écris cette longue, cette trop longue lettre. Ne craignez pas que je vous l’envoie ? [...] J’aurais pu la brûler, [...] mais j’ai pensé, avec Émile de Girardin, que le plus sûr moyen pour qu’elle ne parvînt jamais à sa destinataire, c’était encore de la faire imprimer en un volume. Et c’est pourquoi je la livre avec confiance aux typographes, en vous assurant, Madame, de mon profond respect. Décembre 1886 ».
Le célèbre avocat Octave MAUS (1856-1919) œuvra pour tous les arts en Belgique par le biais des XX et de La Libre Esthétique dont il était le secrétaire. De nombreux concerts y furent organisés et une grande amitié le liait à Vincent d’Indy. Toute la correspondance du compositeur à Maus entra à la KBR en 1981, sauf la lettre inédite ci-jointe. Maus fut dès janvier 1888 l’initiateur de la conférence de Mallarmé en Belgique, mais qui ne se réalisa qu’en février 1890 sur Villiers [voir 60]. Nous avons décrit toute la correspondance, en partie inédite, de Mallarmé à Maus dans le cat. L’Art et l’Idée (26/10 / 1992 p. 100 sq., entrée aux Archives et Musée de la Littérature, Bruxelles), sauf la lettre infra.
Huit lettres de félicitations montées sur onglets :
– Stéphane Mallarmé, Paris 30 mars 1887 (3 pp. sur double f. in-12) : « [...] je vous avouerai que quand il s’agit de livre, tout mon intérêt va à l’étude des moyens d’art mis en jeu. [...] Quant à la qualité même du tissu verbal, c’est celle d’une étoffe rare ». (Marchal Corr. 790).
– Vincent d’Indy, Paris, 6 avril 1887 (4 pp. sur double f. in-12). Chaleureuse missive. Il est absorbé par la mise à la scène de Lohengrin. « [...] quant au public qui est souvent composé d’individualités très intelligentes, je l’ai vu très-souvent idiot dans ses jugements en tant que collectivité et je vous avouerai que je suis plutôt inquiet que content quand j’entends applaudir une de mes œuvres, parce que cela me fait craindre que l’œuvre en question ne soit mauvaise [...] ». Il le remercie de son excellent article de L’Art moderne (que Maus dirigeait avec Picard et Verhaeren).
– René Ghil, Paris, 5 avril 1887 (1 p. in-12) : « [...] J’ai fait avec vous un voyage charmant, et beau quand nous arrivions sur les Cîmes et que vous m’engagiez pour des errements de cœur ou des évagations de l’être, à baisser mes regards dans les gouffres sous nos pieds, ou à les laisser errer, là-bas, sur les pics, les lacs, les plaines brûlant ou coulant de toutes les nuances [...] ».
– Erastène Ramiro, Dimanche 3 [avril 1887] (2 pp. sur double f. in-12). Il le remercie pour la publicité qu’il lui a faite en publiant son étude sur Le Nu féminin. À propos de Pornocratès par F. Rops dans L’Art moderne de ce jour. Il regrette qu’on n’ait pas dit que c’est un fragment de préface car la chute lui semble brutale. Il demande le secret sur son pseudonyme.
– Georges Eekhoud, Dimanche [avril 1887] (4 pp. sur double f. in-12). « [...] Plus j’avance dans la carrière plus je me persuade que le seul moyen en art d’intéresser le public à ce que l’on fait c’est de s’y intéresser d’abord soi même et de tout son cœur, de toutes ses forces. De plus en plus j’ai horreur des choses faites de chic et improvisées ; du pittoresque pour le pittoresque. A la bonne heure avec toi, on voit du pays, on respire l’air intrépide des monts, et cette atmosphère vibre dans ta phrase, lui communique je ne sais quelle fierté, quel mépris des conventions et des mesquineries qui nous asphyxient à Bruxelles et, aussi je crois, à Paris. Tu es bien heureux, mon cher Octave, de pouvoir t’en aller parfois dans les contrées primitives et t’y ragaillardir et y faire des provisions de vigueur [...] Moi j’ai à peine la ressource de passer de temps en temps quelques heures au pays aimé à la fois si proche et si loin des bureaux de l’Étoile et du théâtre de la Monnaie. Enfin, je me résigne. Et comme toi, lorsque j’ai la nausée de mon entourage direct et obligatoire, j’évoque les bonnes heures de villégiature [...] ».
– Jules Destrée, [1887] (1 p. sur double f. parcheminé). Il remercie Maus de son « élégante plaquette [...] Moi qui ai la passion des lointaines équipées, je t’envie d’avoir fait cette merveilleuse et je te félicite de l’avoir si alertement contée ! [...] ».
– James Vandrunen, ingénieur, écrivain, collaborateur de La Jeune Belgique. [1887] (1 p. ½ sur double f. in-8). « [...] Elles sont très attachantes et mouillées d’émotion, vos souvenances de routes, d’escalades et d’incidents, et fort galamment dites avec de fines séductions de style [...] ». Il remercie pour « cette coquette édition ».
– Léon Cladel, 11 mai [1887] (2 pp. sur double f. in-16). « [...] C’est une bonne page de prose très savoureuse et très ferme ». Il a tardé à répondre, ayant dû se « colleter avec Inri que, malgré l’âge et les infirmités qui m’accablent, j’ai fini par terrasser. Il est là gisant sur ma table l’arène ma table de travail, et j’espère qu’en Octobre prochain les bourgeois verront ce monstre et le fuiront épouvantés [...] ».
Dos lég. épidermé, sinon charmant dans sa condition d’époque, abondamment truffé par Octave Maus, ce qu’il ne pratiquait pas souvent.