Lot n° 48

Félicien ROPS. — « VERITAS », [septembre-octobre 1887]. — Dessin original au crayon noir avec rehauts de crayons de couleur et estompe, sur papier [Pellée] gris clair*, en découpe légèrement irrégulière comme souvent (29,8/30 x...

Estimation : 20000 - 25000
Adjudication : Invendu
Description
18,6/18,8), monté sur Japon en plein.
Exceptionnel dessin inconnu qui suscitera de nombreuses gloses. Il est monogrammé et dédicacé au graphite :

« A Mallarmé Stephane / F. R. ».
La Veritas dans sa droiture, psalmodiant en écrasant impassible la Mort, se détourne-t-elle du Mensonge dénudé, affalé et condamné à la pendaison ? L’interrogation, celle de Rops (au dos du siège), subsiste-t-elle ?
Quel plus beau dessin à offrir à Mallarmé que ce pendant de La Grande Lyre des Poésies dont Rops donna le dessin à sa femme [voir 47/3]. Ces deux ex-libris furent conçus ensemble (cf. les études ci-après).
Reprenons quelques impressions de Verhaeren lors de l’expo aux XX en février 1888 du dessin de La Grande Lyre, pour en souligner certaines similitudes. Dans L’Art Moderne du 12 février 1888, il note : « femme assise, tenant la lyre svelte, sonore et triomphale, tandis que les cordes s’en vont immensément » ; et il précise dans La Revue indépendante : « Une muse assise dans les nuages sur un siège à dossier figurant un point d’interrogation nimbé, dresse une lyre svelte et superbe dont les cordes filent ad astra [...] Au bas, sur un socle, s’entassent pêle-mêle des crânes [...] La muse pose les pieds dessus » (le [1er] mars 88 [et non juin in Verhaeren, Écrits sur l’Art, éd. P. Aron, Bruxelles, Labor, 1997 p. 295]).
* Nous l’avons souvent décrit, notamment dans le cat. F. Rops de la vente [Pigneur], Bruxelles, Simonson, 15/12/1990, n° 34 : « Papier Pellée à couche préparée gris clair (verso bl.), toile de 1 teinte d’après le timbre sec (entier) de la firme Pottin à Nantes ». Spécialement utilisé dans les années 80, comme le gris foncé.

– Exposition :
Les Richesses de la bibliophilie belge [à l’occasion de l’Expo universelle]. Bruxelles, Bibliothèque Royale, mai-juin 1958, n° 152, coll. d’Auguste Lambiotte.

– Provenance :
– Charles Cousin ?, décédé en 1894 (Lugt 512, Rouir II, n° 11 p. 77). [Il collectionna les ex. des éd. ropsiennes de Poulet-Malassis achetés à sa veuve (vente de sa coll. en avril 1891). Cette même année, il reçut de Deman le n° 3 sur Japon de Pages : « Au bon bibliophile, Charles Cousin, ces fleurs de “littérature maladive” » (Publications de la Librairie Deman, p. 61). Le libraire avait-il flairé la bonne affaire avec son client réargenté ? Car Deman était à l’affût de tout Rops (collectionner, vendre, coéditer le Ramiro...), et l’artiste à court d’argent était lui vendeur (voir La Grande Lyre donnée et quand même proposée à Ramiro, n° 47/3). De là à céder celui de Mallarmé à Cousin ou à tel autre ? !]
– Baron de Launoit ; – [Auguste Lambiotte], Bibliothèque d’un amateur, Drouot, 2e partie, 22/4/1977 n° 62 ; – Carlo De Poortere, grand collectionneur courtraisien, notamment de Rops. [Voir sur ces collectionneurs, n° 46].

On joint deux études originales, [septembre 1887. Voir n° 49, la photogravure d’un dessin à la plume de l’« Ex libris », frontispice d’À la gloire d’Antonia d’Édouard Dujardin annoncé dès septembre, exemplaire de Mallarmé] :
1) Nue assise, à la lyre, de profil à droite, le visage de 3/4. Dessin sur calque brun (27,5 x 14 cm) au crayon et crayon noir avec, au verso, frottis à la sanguine, pratique récurrente. Titres autogr. à la plume : « Pastorale/Le Curé/Pendu ». A servi, avec deux fins trous verticaux de repère de report sur le dessin suivant. Des éléments, comme l’esquisse d’une lyre sur le siège, ne se retrouvent que dans La Grande Lyre des Poésies. Petite « remarque » d’un visage. Monté par les coins sur f. bl., bords abîmés vu la fragilité.
Provenance : ancienne coll. Pereire (album des calques), cachets coll. J. Odry et Carlo De Poortere et succ. (vente Bergé, Bruxelles, 30 / 3/2009 n° 76).
2) Nue assise (idem). Ébauche (avant la lyre) au crayon et sanguine du report du calque supra sur papier cartonné jaune à bordure bl. [Pellée] (demi-feuille coupée d’origine à g. 46 x 30, idem cf. 47/1a) avec les deux fins trous verticaux de repère sur la mise au trait vertical central. Papier préparé souvent utilisé dans l’atelier dans les années 1880.
Provenance : Félicien Rops, atelier de la Demi-Lune, Corbeil-Essonnes ; cachet coll. Rops au verso.
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