Lot n° 53

*Stéphane MALLARMÉ. — Les Poèmes d’Edgar Poe. 1888-1897.

Estimation : 3000 - 5000
Adjudication : Invendu
Description
1) Traduction de Stéphane Mallarmé, avec un portrait et fleuron par Édouard Manet. Bruxelles, chez l’Éditeur Edmond Deman, [juillet] 1888 ; pet. in-4, sans couv., pleine toile bleue, dos titré à froid (Reliure moderne).
Édition originale de la traduction sauf pour Le Corbeau.
Du tirage initial justifié à 850 ex., 50 sur Japon et 800 sur Hollande dont 75 HC, il ne faut plus considérer que 300 ex. à la date de 1888 (25 J. et 275 H.), tous les 550 invendus étant maquillés en 2e édition en 1897 (voir 3)]. Deman parle de 500 dans sa lettre [cf. 3)] car il ne considère pas la partie des 75 HC en libre distribution. Mallarmé louait les « strictes pages-de-titre, discrètes, châtiées » de Deman (21 novembre 1888)
Quelques exemplaires spéciaux sur un papier vélin teinté non justifié (dont celui de Mallarmé). La bibliographie Fontainas précise à juste titre que le « service de presse » ou le « Tiré pour M. S. Mallarmé » font partie des 75 HC (Publications de la Librairie Deman, p. 27). Mais, sauf dans la liste des exemplaires recensés, elle ne précise pas ce tirage sur vélin teinté avec cette mention impr. : « Exemplaire spécial pour » qui n’est évidemment pas numéroté.
Cinq exemplaires identifiés dont celui-ci, qui s’ajoute à l’ex. Chalanton de la famille Deman et celui sans nom de l’Université de Liège (Fontainas p. 31), celui de Mallarmé (signalé Fontainas p. 30) [que nous avons vu en juillet 2007, broché, sur vélin teinté : « Exemplaire spécial offert à M. S. Mallarmé par l’éditeur / / Edmond Deman », un 4e à la librairie Faustroll vu le 9 février 2012 relié par David (nom gratté)].
Frontispice de Manet à la mémoire de qui sont dédiés « Ces feuillets que nous lûmes ensemble » (en 1889, l’édition de Vanier l’est à Baudelaire, voir infra) : portrait de Poe sur vélin un peu plus léger. Ce cliché du dessin de Manet qui est inédit sera un peu redressé dans l’émission de 1897 (cf. 3) et impr. sur un vélin crème assez fort (différent du corps d’ouvrage sur vergé).
Notons, dans la liste « Du même Auteur », la fameuse annonce de Le Tiroir de Laque avec ses illustrateurs (sauf Miss Cassatt) qui se limiteront à Renoir en frontispice de Pages [voir n° 65]. [Ce qui n’a pas retenu l’attention, c’est un premier titre « L’Éventail de Laque / Poèmes en prose » annoncé dès le 30 avril 1888 en 2e de couv. du n°4 de La Wallonie.]
Sans la belle couv. de papier ivoire guilloché, ill. du Corbeau de Manet en réduction (mais voir en 3), rel. toute modeste, mais précieux papier vélin en grande partie non coupé.

2) Les Poèmes d’Edgar Poe. Traduction en prose de Stéphane Mallarmé avec portrait et illustrations par Édouard Manet. Paris, Léon Vanier, 1889 ; gr. in-8 relié sur brochure, plein vélin à rabats, dos titré or, non rogné, couv. à rabats et dos cons., étui (Reliure moderne).
[Deuxième] édition dédiée, non plus aux mânes de Manet mais « A la mémoire de Baudelaire// Que la mort seule empêcha d’achever, en traduisant l’ensemble de ces poèmes, le monument magnifique et fraternel dédié par son génie à EDGAR POE ».
Illustration de Manet en 9 photogravures (plus le tombeau) : portrait de Poe (déjà paru en 1), les 6 lithos réduites du Corbeau chez Lesclide en 1875, et 2 dessins inédits : Annabel Lee et La Cité en la mer. « Contrefaçon Vanier », disait Mallarmé (voir 3), qui dénonçait « son édition dérisoirement chère et manquant de goût comme tout ce qu’il fait seul ne peut être que lamentable et, pour ce motif, je ne reconnais pour la mienne que celle de Bruxelles, ainsi que je l’annonce dans toutes mes notices bibliographiques mais il faut nous assurer la priorité », écrit-il à Verhaeren le 25 mars 1888 pour pousser Deman à vite publier son Poe avant Vanier (Marchal Corr. 904).

3) Les Poèmes d’Edgar Poe. Traduction de Stéphane Mallarmé, avec un portrait et fleuron par Édouard Manet. Bruxelles, chez l’Éditeur Edmond Deman, 1897 [début déc. 1896] ; pet. in-4. demi-chagr. noir à coins, dos à nerfs, papier marbré, cordonnet de soie verte, couv. et dos cons. (Rel. de l’entre-deux-guerres).
Deuxième émission de la traduction, soit les invendus de 1888, justifiés à 550 ex. num. (on ne parle plus des HC) dont 25 sur Japon impérial et 525 sur vergé de Hollande.
Un des 525 sur vergé de Hollande, num. 375 à la presse.
À la suite d’un inventaire, Deman écrit à Mallarmé : « j’ai constaté qu’il nous restait encore 500 exemplaires des Poèmes de Poe. J’en conclus que le prix d’émission était trop élevé et qu’il y aurait peut-être moyen, par un titre et un faux-titre nouveaux, d’établir une “2e édition” ( !) à 500 exemplaires à 5 fr, avec une chance possible d’un résultat meilleur. La mention 2e édition peut justifier quant à la mise en vente la détermination d’un prix moindre sans que tort soit causé aux acquéreurs de la première » (20 avril 1896)… Mallarmé lui répond le lendemain : « Parfait, mon cher ami ; votre idée est excellente et même il faudra faire annoncer, ici, cette seconde édition, comme exactement la même que la première et à un prix très moindre. Afin de couper court, une bonne fois, à la contrefaçon Vanier [voir 2)] » (Austin VIII p. 114).
Le 1er cahier fut recomposé en grande partie : la justif., la page de titre avec la mention Deuxième Edition et la marque de Khnopff cette fois en grand carré comme sur le second plat, la liste Du même auteur complétée mais aussi caviardée, l’annonce de l’édition courante de L’Après-midi d’un Faune disparaissant.
Manet avec la même illustration photogravée qu’en 1888 :
– La couverture, ici conservée [voir 1)], est le superbe papier ivoire guilloché (souvent fané) ill. de la réduction de la tête du Corbeau parue dans l’édition de Lesclide en 1875. Sans nom d’auteur ni d’éditeur impr., ce fut le choix de Deman : « Exquise, la couverture que je voyais particulièrement telle. Quant aux idées que je croyais avoir seul, relativement aux noms d’auteur et d’éditeur, puisque mon œuvre nouvelle à paraître est anonyme, je suis charmé et furieux de voir que vous les exprimez avant moi » (Marchal Corr. 914).
– Le portrait de Poe en frontispice est redressé (voir en 1) et tiré sur un vélin crème assez fort (le vol. sur vergé).
Piqûres passim, infime accroc restauré au bord du 2d plat, sinon bel ex. au magnifique papier marbré et à la somptueuse couv. du Corbeau noir sur fond ivoire.

4) [Le Corbeau] – Trois œuvres d’Edgar Poe traduites par Baudelaire et Mallarmé. Neuf bois de Paul Daxhelet. (Liège), Editions de L’Œuvre des Artistes (1930) ; pet. in-4 br.
Ed. impr. à 175 ex. Un des 150 num. sur papier Mikadol. Deux nouvelles trad. par Baudelaire : Ligeia et Metzengerstein, et Le Corbeau par Mallarmé. Bandeaux, culs-de-lampe et 3 grandes pl. du graveur liégeois Paul Daxhelet. Qqs rousseurs sur les ff.bl. sinon bon ex.
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